Fiche du document numéro 30334

Num
30334
Date
Mercredi 27 avril 1994
Amj
Auteur
Fichier
Taille
5284074
Pages
2
Titre
Stratégie Ougandaise à l'égard du Rwanda
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Lieu cité
Mot-clé
Cote
TD KAMPALA 301 ; 20210031/14
Source
Fonds d'archives
Type
Document diplomatique, TD
Langue
FR
Citation
TD KAMPALA 301 05/05/98 09H48 - 00

- 4DAM

- CMS CMB 2SAM 3STR CMC CM4 PR5
- DIFF PR3 PRa


TD KAMPALA 301 LE 27 AVRIL 1994

KPLA LE 27/04/94 A 15H30
ROUTINE

CHIFFRE DIFFUSION RESTREINTE
ORIGINE : L'AMBASSADEUR
NB : DISTRIBUTION DIRECTEURS

AD DIPLOMATIE 301 CQ ARMEES PARIS 87

CO MINDEFENSE PARIS 82 CQ NAIROBI 156

CQ BUJUMBURA 112 CQ DAR ES SALAM 109 LE LP/1
NB : PR4 - DAM - CMB /
TXT

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OBJET : STRATEGIE OUGANDAISE À L'EGARD DU RWANDA

RESUME : DANS L'INTERPRETATION DU ROLE DE L'OUGANDA A L'EGARD DE LA
CRISE RWANDAISE, DEUX ERREURS OPPOSEES DOIVENT ETRE EVITEES : EXCLURE LA
RESPONSABILITE OUGANDAISE, N'ADMETTRE QUE CELLE-CI. LA STRATEGIE DU
PRESIDENT MUSEVENI CONSISTE À RE-EXPORTER UN PROBLEME DONT IL A HERITE,
ET QU'IL CHERCHE NATURELLEMENT À GERER AU MIEUX DES INTERETS DE SON
PAYS.

X x X

1. IL EST IMPOSSIBLE DE SAISIR LE ROLE DE L'OUGANDA DANS LA CRISE
RWANDAISE SANS GARDER À L'ESPRIT QUELQUES ELEMENTS HISTORIQUES
FONDAMENTAUX. EN PREMIER LIEU, LA REGION DES GRANDS LACS EST, D'UN
POINT DE VUE ETHNOLOGIQUE, ASSEZ HOMOGENE : BURUNDI, RWANDA, ANKOLE,
TORO, BUGANDA ET BUSOGA ETAIENT AU MOYEN-AGE ENGLOBES DANS LE GRAND ETAT
DU KITARA QUI A ENSUITE ECLATE. SELON LES ETATS, LA MEME OLIGARCHIE
CHAMITE ETAIT APPELEE HIMA, TUTSI, HINDA, ETC...

LA COLONISATION ALLEMANDE ET BELGE A NON SEULEMENT CREE ET DURCI
DES FRONTIERES ARTIFICIELLES, MAIS AUSSI RIGIDIFIE LA HIERARCHIE
SOCIALE, LES OLIGARQUES TRADITIONNELS DEVENANT LES SERVITEURS, ZELES ET
HONNIS, DES EUROPEENS. LES BELGES ONT ENFIN, À LA VEILLE DE LEUR
DEPART, ENCOURAGE L'ANIMOSITE DES HUTUS CONTRE L'ELITE TUTSIE, QUI ETAIT
DEVENUE SUSPECTE DE NOURRIR DES IDEES RADICALES. L'EXPLOSION SOCIALE DE
1959-60 EST LE RESULTAT DE CETTE HISTOIRE. ELLE A PROVOQUE LES
MASSACRES ET L'EXIL DE MILLIERS DE TUTSIS (200.000), DONT BEAUCOUP DE
CONDITION MODESTE. LA MOITIE DE CES EMIGRES SE SONT ETABLIS SANS
DIFFICULTE EN OUGANDA, NOTAMMENT PARMI LES GROUPES PARENTS AUX LANGUES
ET COUTUMES SIMILAIRES, PARTICULIEREMENT EN ANKOLE.

MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES
SIHIONVULTI S34IV11V S3Q 3H3LSININ

2. L'ACTE FONDATEUR DE LA CRISE AIGUE QUE CONNAIT ACTUELLEMENT LE
RWANDA SE TROUVE PEUT ETRE DANS LES EVENEMENTS DE 1981-82 EN ANKOLE.
LES REFUGIES TUTSIS S'Y TROUVERENT. PRIS DANS LA RIVALITE HIMA/HIRU,
COMPARABLE À BIEN DES EGARDS A LA DUALITE TUTSI/HUTU.

LORSQUE LA GUERILLA DE MUSEVENI - LUI-MEME HIMA D'ANKOLE -
COMMENCA EN 1981, LES PREMIERS RALLIES ETAIENT DES HIMA ET DEUX TUTSI :
FRED RWIGYEMA ET PAUL KAGAME. LE GOUVERNEMENT D'OBOTE TROUVA HABILE DE
FAIRE PASSER LA GUERILLA POUR "ETRANGERE" ET BANYARWANDA,
DECLENCHANT DES PERSECUTIONS CONTRE LES REFUGIES TUTSIS, DONT LA MOITIE
FURENT CONTRAINTS À FUIR VERS LE RWANDA. LES FORCES RWANDAISES LEUR
INTERDISANT LE PASSAGE DE LA FRONTIERE, DE NOMBREUX REFUGIES FURENT
DECIMES PAR LA FAIM ET LA MALADIE, DANS, LE REDUIT, FRONTALIER OU ILS
ETAIENT CONFINES. LES SURVIVANTS, REJETES PAR LEURS PAYS D'ACCUEIL

COMME PAR LEUR PAYS D'ORIGINE, NE VIRENT D'AUTRE SALUT QUE LE RALLIEMENT
À LA NRA DE MUSEVENI.

EN JANVIER 1986, LORSQUE LA NRA PRIT KAMPALA, LES BARYARWANDAIS
FORMAIENT 20 POUR CENT DE SES EFFECTIFS (3.000 SUR 15.000). CETTE
IMPORTANCE DES BANYARWANDAIS - CITOYENS OUGANDAIS OU REFUGIES - FUT LE
THEME DES CAMPAGNES DE L'UPC CONTRE LA NRA (''MAFIA RWANDAISE''!,
''MERCENAIRES RWANDAIS''). LES CADRES RWANDAIS DE LA NRA FURENT
DEFINITIVEMENT CONVAINCUS QUE LE SEUL MOYEN DE TROUVER LEUR PLACE ETAIT
DE RENTRER DE FORCE DANS LEUR PAYS.

3. DE SON COTE, MUSEVENI CONSIDERAIT QUE L'OUGANDA AVAIT ASSEZ FAIT
POUR LES REFUGIES RWANDAIS : AVEC UNE AIDE PARTIELLE DU HCR, L'OUGANDA
LES AVAIT HEBERGES, NOURRIS, SCOLARISES DEPUIS UNE GENERATION. ILS
AVAIENT ETE PAYES DE LEUR SOUTIEN À LA NRA PAR L'EXPERIENCE DE GUERILLA
DONT ILS DISPOSAIENT DESORMAIS, D'UNE TOUTE AUTRE EFFICACITE QUE LA
FORMATION DES ECOLES MILITAIRES. LEUR PRESENCE, Y COMPRIS À DES POSTES
DE RESPONSABILITE, ETAIT DEVENUE UN PROBLEME DE POLITIQUE INTERIEURE
GENERANT LE SECTARISME ETHNIQUE QUI PEUT ETRE POUR L'OUGANDA UN POISON
MORTEL, COMME VINGT ANS DE GUERRE CIVILE L'ONT PROUVE. POUR MUSEVENI,
IL S'AGISSAIT DESORMAIS DE SE DEBARRASSER DU PROBLEME DES IMMIGRES
RWANDAIS, ET IL ESSAYA D'ABORD D'Y PARVENIR PAR LA NEGOCIATION AVEC
HABYARIMANA (COMMISSION MINISTERIELLE CONJOINTE RWANDO-OUGANDAISE SUR
LES REFUGIES, FEVRIER 1988), MAIS SANS RESULTAT.

C'EST ALORS QU'EN 1990, LA FIN DE LA GUERILLA D'OPPOSITION DANS
LE NORD FIT APPARAITRE SURDIMENSIONNEE LA NRA. AU MEME MOMENT, LES
NOUVELLES DE KIGALI TENDAIENT À SOULIGNER LA DECOMPOSITION DU REGIME,
ILLUSTREE PAR LA FUITE A KAMPALA EN AOÛT 1990 DE DEUX PERSONNALITES
PROCHES D'HABYARIMANA (KAJEGAIKURA ET BIZIMUNGU). L'INVASION DU RWANDA
LE 1ER OCTOBRE 1990 FUT AINSI LE FAIT DE LA PART RWANDAISE DE LA NRA. A
TOUT LE MOINS, MUSEVENI NE FIT RIEN POUR LES EN EMPECHER ET IL LEUR
PRODIGUA MEME, PROBABLEMENT, DES ENCOURAGEMENTS: QUE LA TENTATIVE ECHOUE
OÙ REUSSISSE, LE PROBLEME OUGANDAIS INTERIEUR SERAIT EN TOUT CAS REGLE.
DE L'AUTRE COTE, APPOINT ZAIROIS ET APPUIS BELGES ET FRANCAIS PERMIRENT
AUX FAR DE RESISTER A L'ASSAUT. LE FPR, RENFORCE, EUT PLUS DE SUCCES EN
JANVIER 1993, ET OBTINT EN AOÛT A ARUSHA DES ACCORDS FAVORABLES.

4. S'IL PARAIT NECESSAIRE DE RAPPELER CES FAITS, C'EST QUE LA
PROBLEMATIQUE DES RELATIONS RWANDA-OUGANDA, POUR ETRE COMPRISE, DOIT
ÊTRE REPLACEE DANS UN CONTEXTE HISTORIQUE ET GEOGRAPHIQUE ELARGI.

DANS UNE REGION OU LES GROUPES HUMAINS SONT ENTREMELES ET
MOBILES, OU LES FRONTIERES NEES DE LA COLONISATION SONT ENCORE PLUS
ARTIFICIELLES QUE DANS D'AUTRES REGIONS D'AFRIQUE, OU LES RESEAUX
D'ECHANGES TRAVERSENT DES ENSEMBLES NATIONAUX AUXQUELS LA NOTION DE
''CHAMP'' SE SUPERPOSE, LE MAITRE MOT DES QUESTIONS BILATERALES EST EN
DÉFINITIVE L'INTERDEPENDANCE. CHAQUE CHOC SOCIAL EST RESSENTI DANS
TOUTE LA REGION PAR LE BIAIS DES REFUGIES, QUE DE MULTIPLES SOLIDARITES
POUSSENT DES PAYS ET GROUPES HUMAINS, POURTANT PARMI LES PLUS PAUVRES DE
LA PLANETE, A ACCUEILLIR NEANMOINS, MAIS DANS LA LIMITE DE LEURS
MOYENS, QUI EST VITE ATTEINTE A DEFAUT D'AIDE INTERNATIONALE.

MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES
SIHIONVHLS S34IV11V S1Q 3H3LSININ

IL Y A DONC MOINS UN PROBLEME OUGANDO-RWANDAIS QU'UN PROBLEME DE
STABILITE REGIONALE ET DE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE À UNE ECHELLE VIABLE.
JE REVIENDRAI SUR CE DERNIER POINT DANS UNE PROCHAINE CORRESPONDANCE. /.

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