Fiche du document numéro 30200

Num
30200
Date
Vendredi 15 juin 2012
Amj
Fichier
Taille
52514
Pages
5
Urlorg
Titre
Sites mémoriaux du génocide : Nyamata, Murambi, Bisesero et Gisozi
Lieu cité
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Lieu cité
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Source
Type
Rapport
Langue
FR
Citation
Description

Nyamata : E 510441, N 9762398

Murambi : E 451942, N 9728588

Bisesero : E, 426650, N 9757831

Gisozi : E 172907, N 9786249

Situés respectivement à 35 km, 154 km, 161 km et 3 km du centre ville de Kigali, Nyamata, Murambi, Bisesero et Gisozi dans leur ensemble sont des sites mémoriaux du génocide perpétré contre les tutsi entre avril et Juillet 1994 au Rwanda. Ces sites couvrent une superficie totale de 30.869 hectares.

Outre les bâtiments dans lesquels sont exposés quelques restes de victimes et autres preuves matérielles du génocide : lances, machettes, gourdins, armes blanches et photos de certaines victimes, les sites regorgent également plusieurs tombes dans lesquelles sont inhumés dignement les corps de victimes tuées sur place et aux environs.

Devenus parties intégrantes des sites mémoriaux, ces édifices avaient initialement d’autres fonctions, à part Bisesero et Gisozi construits pour cette fin.

Nyamata : autrefois église catholique construite en 1980, cet édifice a été réduit en abattoir où plus de quarante cinq milles personnes qui y avaient cherché refuge ont toutes été massacrées pendant un jour. Apres négociations, l’église catholique et le gouvernement rwandais l’ont transformé en mémorial représentatif d’autres églises dans lesquelles sont mortes les victimes du génocide perpétré contre les Tutsi. Le site est composé notamment de la chapelle proprement dite dans laquelle sont exposés les habits que portaient les victimes, les outils utilisés par les génocidaires: machettes, lances, couteaux ainsi que les chapelets que portaient les innocents fidèles de ladite chapelle.

étant donné qu’un grand nombre de victimes fut massacré à l’intérieur de l’église, son auditorium est une exposition d’outils divers et sa cave est transformée en une grande exposition de restes humains conservés dans des vitres.

Dans les enceintes de l’église on y observe :

- deux tombes communes et une cave d’exposition des restes humains, en souvenir des personnes torturées et tuées à l’extérieur de la chapelle ;

- deux pierres tombales sur lesquelles sont transcrits quelques noms de victimes qui y sont inhumées;

- la tombe de Tonia LOCATELLI, une fille italienne venue au Rwanda avec des volontaires laïcs rattachés aux sœurs hospitalières suisses de sainte Marthe, en 1970, elle s’était illustrée dans les œuvres caritatives à Nyamata. Elle a été tuée le 09 mars 1992 lorsqu’elle tentait de sauver les tutsi qui avaient cherché refuge chez elle, lors de massacres survenus dans cette région de l’Est du pays. En 2010, cette religieuse a été honorée d’une médaille par le Président de la République lors de la journée nationale de libération célébrée tous les quatre juillet de chaque année. Sa tombe qui est dans les enceintes du site existe avant avril 1994.

Murambi : construit en 1990 pour devenir un complexe scolaire technique, Murambi était devenu un lieu de persécution où entre 45 et 50 milles personnes habitant la colline et ses environs, toutes appelées et sensibilisées par les autorités locales et les ex-forces armées rwandaises à s’y regrouper sous prétexte de garantir leur sécurité, furent effroyablement massacrées.

Devenu un mémorial, ce complexe de douze locaux de six portes chacun auxquels s’ajoutent leurs annexes sont tous devenus des lieux d’exposition de restes humains et d’objets utilisés par les génocidaires ainsi que quelques éléments d’identification des victimes. Les huit tombes dans lesquelles sont dignement inhumées les victimes de Murambi font parties intégrantes du site.

C’est également sur cette colline de Murambi qu’était basé l’état major de l’armée française intervenue au Rwanda en 1994 dans ce qu’on avait appelé l’Opération Turquoise.

Bisesero : appelé aussi mémorial de résistance, Bisesero fut construit en 1998 pour conserver l’histoire générale du génocide des Tutsi de la région, la résistance et le refus aux massacres commis contre eux. Outre l’histoire expliquée á travers la position de la colline, c’est-à-dire, de bas où vivaient les victimes vers le sommet où elles s’étaient enfuient, le site est une colline de 32% de déclivité couvertes d’une forêt à ses abords sur laquelle est construits trois maisons à trois chambres chacune soit un total de neuf chambres, symbole de neuf anciennes communes de la Préfecture de Kibuye. Ces maisons qui servent d’exposition de preuves du génocide sont liées l’une à l’autre par un total d’escaliers de 285.71 mètres de longueur jusqu’à la déclinaison de la colline où se trouvent les sept tombes dans lesquelles sont inhumées près de cinquante milles victimes du génocide commis contre les Tutsi en 1994.

Ces escaliers qui se resserrent au fur et à mesure que l’on monte la colline font référence aux milliers de personnes qui ont mené la résistance contre les tueries mais ne tinrent pas aux forces du génocide à cause de l’épuisement, de la souffrance et surtout de manque de moyens d’auto défense vis-à-vis aux génocidaires minutieusement formés et armés.

L’entassement de milliers de pierres au bas de la colline autour desquelles sont enfoncées neuf lances, principales armes traditionnelles avec lesquelles se défendaient les victimes se font remarquer tout juste à l’entrée du site et tous font parties intégrantes du site et de son histoire.

Gisozi : ce complexe mémorial construit en 1999 est le plus grand site du pays quant à la taille de victimes qui y sont inhumées: trois cent milles victimes retrouvées jonchées dans les rues de Kigali et ses abords, abandonnées dans leurs maisons, jetées morts ou vivants dans des fosses communes, jetées dans des rivières et rejetées sur les rives de celles-ci par les eaux une fois morts.

Ce complexe mémorial contient une grande exposition permanente qui trace l’histoire générale du Rwanda, depuis sa formation au 11ème siècle jusqu’à sa sombre période de l’extermination d’une partie de sa population, les Tutsi, en 1994. Une partie de l’exposition décrit les témoignages de la planification et l’exécution du génocide, ses tristes conséquences ainsi que le processus de l’unité et la réconciliation nationale entre ses filles et fils. Les objets individuels de victimes ainsi que différentes types d’armes utilisées y sont également exposés.

Outre l’histoire du génocide rwandais qui est décrite depuis sa planification et sa systématique exécution, on y retrouve aussi une exposition comparative des génocides : arménien, juif, cambodgien et serbe.

A côté de quelques 14 tombes communes dans lesquelles sont ensevelies les 300 000 personnes, un grand mur de mémoire sur lequel 2000 noms signalés par les rescapés et leurs voisins y sont transcrits.La liste reste cependant ouverte pour l’identification d’autres victimes.

Ce complexe mémorial de Gisozi a pour composante également, un centre de documentation sur le génocide au profit des chercheurs locaux et internationaux, un jardin de mémoire et un musée café.

Justification de la Valeur Universelle Exceptionnelle

Le contexte historique du génocide des Tutsi au Rwanda trouve ses racines dans la colonisation. En effet, de tous temps, les Rwandais sont restés un peuple à une même langue maternelle, le kinyarwanda, aux mêmes traditions, us et coutumes, à une même religion traditionnelle, bref à une même culture. Mais avec l’ère de la colonisation africaine, à la fin 19ème siècle, les Européens, principalement les belges, sont parvenus par leur politique de diviser pour mieux régner, à stéréotyper les Rwandais collant ainsi les uns, des Tutsi, de plusieurs qualificatifs : bons dirigeants d’abord, immigrants, hypocrites, ensuite, et les autres, des Hutu, aborigènes ou natifs du Rwanda, naturellement bons et humbles. Ce fractionnement injustifié a été enseigné et appliqué surtout par les classes rwandaises dirigeantes jusqu’au déclenchement du génocide commis contre les Tutsi entre avril-juillet 1994. Ainsi, la masse paysanne est devenue la première victime de cette politique divisionniste.

Les sites mémoriaux proposés pour inscription sont, d’une part, le témoignage de l’intolérance de l’homme en l’encontre de son semblable et le symbole d’un engagement ferme pour que le génocide ne se reproduise plus au Rwanda comme partout ailleurs, d’autre part.

Donc, reconnaitre ces sites comme mémorial de l’humanité est une stratégie efficace pour lutter contre le crime du génocide et crime contre l’humanité, l’idéologie génocidaire et négationniste.

NYAMATA : la politique coloniale belge au Rwanda, la première et la deuxième République qui en ont suivi ont été de façon générale caractérisées par l’ethnisme, le divisionnisme et le régionalisme, l’une des principales causes de l’ethnocide des Tutsi au Rwanda en 1994. C’est dans ce cadre que la majeure partie de la population Tutsi habitant surtout le Nord et le sud du pays ont été déportés pour habiter de force la région de Nyamata infectée de mouche tsé-tsé.

Dans cette région, exploitée et devenue habitable comme dans d’autres centres du pays, une église y sera construite, mais en 1994, ce lieu autrefois saint sera désacralisé et deviendra un lieu d’immolation de ses membres fidèles tutsi par leurs congénères rwandais, les 45 000 personnes et plus qui y avaient cherché refuge furent toutes sauvagement tuées.

Rappelons qu’en 1994, nombreuses églises furent de lieux des massacres de milliers de victimes du génocide commis contre les Tutsi: c’est le cas de Nyange et Nyundo à l’ouest du pays et Sainte Famille et Saint Michel en plein centre ville de Kigali, à Musha et Nyarubuye à l’est de Kigali, pour ne citer que celles-là. Pourtant, selon la tradition, quiconque cherchait refuge dans une chapelle ne pouvait en aucun cas être tué.

MURAMBI : en 1959 comme en 1994, cette région où se circonscrit la colline de Murambi était la cible de meurtres des tutsi et fut considérée comme son plus grand camp de concentration pour des raisons suivantes:

- forte sensibilisation des autorités politico-administratives et militaires locales;

- région tardivement libérée par rapport à celles de l’Est du pays ;

- impossibilité de fuir ou de trouver un autre refuge, vu la situation stratégique de la colline.

Sur plus de quarante cinq milles victimes qui s’étaient refugiées sur la colline, seules quatorze personnes retrouvées soit en dessous des morts soit immergées dans le sang soit encore supposées être mortes, ont survécu.

Donc, les cruautés commises à Murambi méritent mémoire des rwandais et de l’humanité toute entière.

BISESERO : Lors des massacres de 1962 et 1973, les Tutsi de la région avaient massivement fui vers la colline de Bisesero-Muyira où ils avaient réussi à se défendre. Croyant y trouver du salut et être dans la même position qu’auparavant, ils ont pendant plus d’un mois résisté en luttant avec des lances, machettes, pierres et simples bâtons contre les personnes armées jusqu’aux dents avec des fusils et grenades à tel enseigne qu’ils parvinrent à arracher quelques armes aux miliciens.

La manière dont les victimes du génocide de Tutsi à Bisesero défièrent le génocide est un modèle que le Rwanda comme l’humanité doivent tenir en mémoire.

GISOZI : en plein génocide, Kigali n’a pas connu des camps de concentration de la même taille que Murambi et Nyamata à part l’ETO/Kicukiro (Ecole Technique Officielle), les cathédrales Sainte Famille et Saint Michel, et l’hôtel de Mille Collines). Mais, les milliers de personnes mortes sur des barrières ou celles tuées dans leurs quartiers et dans les environs de la ville se chiffrent à des milliers. En vue de bien gérer un mémorial qui soit à la hauteur de moyens dont disposait le gouvernement, celui-ci à fait construire un seul mémorial dans la capitale Kigali, à Gisozi. Ce mémorial montre les atrocités commises et ses preuves tangibles et intangibles.

Critère (iii) : Apporter un témoignage unique ou du moins exceptionnel sur une tradition culturelle ou une civilisation vivante ou disparue : la fin du vingtième siècle et l’histoire récente du pays ont été marquées par le génocide perpétré contre les Tutsi au Rwanda où plus d’un million de personnes ont été atrocement tuées pendant cent jours. Les sites historiques du génocide exécuté contre les Tutsi et les preuves matérielles qu’ils contiennent sont des exemples réels de l’extermination commise à leur endroit en 1994. Ils sont sans doute des exemples imminents du défi historique du peuple rwandais et de toute l’humanité, car ils illustrent clairement la démarche de l’exclusion d’un groupe de population, le processus de son extermination et sa mise en œuvre effective.

Les sites mémoriaux sont au vu des rwandais et la communauté internationale un témoignage réel de ce qui s’est produit au Rwanda, d’une part, et la volonté de vivre un monde paisible où ne se reproduira plus un génocide, d’autre part. C’est à ce titre d’ailleurs qu’une de ses fonctions est éducative, c’est-à-dire faire connaitre à la génération actuelle et future ce qui s’est exactement passé et par conséquent, contribuer à la coexistence pacifique entre les peuples et le respect de la dignité humaine.

Critère (vi) : Etre directement ou matériellement associé à des événements ou traditions vivantes, des idées, des croyances ou des œuvres artistiques et littéraires ayant une signification universelle exceptionnelle :les sites mémoriaux du génocide commis contre les Tutsi sont des lieux de mémoire collective pour l’humanité toute entière en ce sens qu’ils symbolisent d’une part l’intolérance de l’homme qui a conduit à l’extermination d’un groupe de rwandais, les Tutsi, et d’autre part un lieu de prise d’engagement pour l’homme afin que cela (le génocide) ne se reproduise plus au Rwanda comme partout ailleurs , ainsi que l’instruit la déclaration universelle des Nations Unies de 1948 «plus jamais ça ».

Etant associés à une tradition vivante, tout au long de l’année, surtout d’avril (début du génocide) à juillet (fin du génocide) les Rwandais comme les étrangers, toutes catégories confondues, s’y rendent journellement pour le recueillement. Durant toute cette période, un flambeau de feu représentatif est allumé jour et nuit au site de Gisozi, et cela en guise d’espoir de vie pour les rescapés et la balise de vivre un monde sans génocide pour les générations actuelles et futures.
Déclarations d’authenticité et/ou d’intégrité

Après que Nyamata et Murambi soient transformés en mémoriaux, leur fonction et usage sont devenus ceux des sites historiques du génocide au même titre que Bisesero et Gisozi érigés initialement en mémorial.

A part le bâtiment à un niveau réhabilité pour servir de salle d’exposition à Murambi, la chapelle-mémoriale de Nyamata et les salles de classes de l’école technique de Murambi, transformées entièrement en mémorial, sont toutes conservées dans leur état originel.

Les preuves tangibles conservées dans ces mémoriaux témoignent dans leur ensemble, la vie de victimes, les objets par lesquels ils ont été tués et la manière abominable et désastreuse dont elles ont été exécutées. Ces preuves sont également conservées dans leur état initial.

De façon globale, ces mémoriaux du génocide des Tutsi et les collections qu’ils contiennent témoignent de l’authenticité et de l’intégrité des sites en ce sens qu’ils sont préservés dans leur état originel. Leur fonction initiale d’un lieu de mémoire collective de l’humanité, un lieu éducatif, un lieu de recueillement en mémoire de victimes, un lieu d’exposition de preuves matérielles et immatérielles du génocide restent inchangées. Bref, les sites et les preuves matérielles du génocide qu’ils contiennent sont originellement conservés.
Comparaison avec d’autres biens similaires

Les sites mémoriaux de Nyamata, Murambi, Bisesero et Gisozi présentent des éléments de similitude avec d’autres sites mémoriaux tant au niveau national qu’au niveau international :

- Au niveau national, les sites mémoriaux de Nyamata, Murambi, Bisesero et Gisozi s’apparentent à d’autres sites mémoriaux du génocide par leur contexte historique. Ils présentent spécifiquement des éléments analogues avec les sites de Ntarama, Nyarubuye et Mwulire, situés respectivement en district de Bugesera, Kirehe et Rwamagana tous classés sites mémoriaux nationaux. Néanmoins, ces premiers restent exceptionnellement grands par la taille des victimes et les tombes dans lesquelles elles sont inhumées, la taille mémorielle des édifices dans lesquels sont exposés les témoignages du génocide, le degré de conservation de leurs preuves et le niveau de résistance aux tueries, cas de victimes de Bisesero qui luttèrent avec les génocidaires bien qu’ils furent atrocement massacrés, mais ils les ont défiés durant plus d’un mois au point d’arracher certains d’entre eux quelques fusils qu’ils détenaient.

Il importe aussi de signaler que chaque district du pays a au moins un mémorial ou un cimetière du génocide et chacun d’eux présente sa particularité, par rapport à l’histoire locale du milieu, l’hostilité et l’agressivité dont les victimes ont été exécutées : brûlées vives dans des fours, jetées vivantes dans des grandes rivières pour être noyées, contraintes de boire du sang de leurs après être versé et conservé dans des abreuvoirs avant d’être tués à leur tour ; enterrées vives les unes après les autres après être torturées, mortes par les armes traditionnelles, par des grenades et des armes blanches.

- Au niveau international, les sites mémoriaux du génocide de Nyamata, Murambi, Bisesero et Gisozi au Rwanda sont comparables aux nombreux autres mémoriaux inscrits ou pas sur la liste du patrimoine mondial dont :

1. Le musée et mémorial de la Shoah Yad Vashem en Israël (site non inscrit sur la liste du patrimoine mondial) : les deux mémoriaux, rwandais et israélien, conservent la mémoire du génocide commis contre leurs peuples respectifs. En effet, le musée et mémorial de la Shoah Yad Vashem expose l’histoire du peuple juif avant la deuxième guerre mondiale et les différentes étapes de leur poursuite depuis l’ascension des nazis au pouvoir en 1933, leur éviction des ghettos et leur extermination systématique. Le mémorial de la Shoa comme les mémoriaux du génocide des Tutsi, conserve divers témoignages de leurs victimes dont les photos, les pièces d’identités et autres objets individuels. Ils présentent particulièrement la sensibilité des enfants tués à telle enseigne qu’ils leurs réservent un hall où sont exposés, à côté de leurs photos, la transcription de leurs mots les plus prononcés, les jeux les plus admirés et les plus pratiqués, le menu le plus préféré ainsi que les lettres intimes écrites aux amis. A tous ces éléments s’ajoutent les tombes qui contiennent les restes ou les cendres des victimes.

Les sites mémoriaux du génocide des Tutsi présentent exceptionnellement, par rapport au mémorial de la Shoa Yad Vashem, l’expression de l’intolérance humaine exécutée par un peuple, les rwandais, et dans peu de temps : cent jours seulement. Ils exposent également dans des vitrines ou sur les étalages, quelques restes de victimes régulièrement entretenus, à côté d’eux, les armes utilisées pour mettre fin à leur vie. Les tombes qui sont parties intégrantes des mémoriaux contiennent des restes humains de victimes du génocide inhumées en toute dignité.

2. Le mémorial de la paix d’Hiroshima (Dôme de Gebanku) au Japon : Inscrit sur la liste du patrimoine mondial, le mémorial de la paix d’Hiroshima (Dome de Gebanku) qui est le seul bâtiment à rester debout près du lieu où explosa la première bombe atomique lors de la deuxième guerre mondiale, les sites mémoriaux rwandais sont quant à eux des constructions diverses ayant exceptionnellement en leur sein les restes humains et autres preuves matérielles du génocide. De surplus, tous ces bâtiments, distants les uns des autres étaient construits pour différents usages: chapelles, complexes scolaires et mémorial érigés en mémoire des victimes tuées à Kigali et ses environs. Spécifiquement, sur Nyamata et Murambi, on y remarque des gros trous qui sont des traces des grenades et autres armes utilisées pour éliminer les innocentes personnes qui y avaient cherché refuge comme il en est pour le mémorial de la paix d’Hiroshima.

Entremêlant cérémonie et mémorial dans le parc du site mémorial de la paix d’Hiroshima, tous les 6 août de chaque année, les sites mémoriaux rwandais reçoivent pendant la semaine de deuil national qui dure sept jours allant du sept au treize Avril de chaque année, et la méditation populaire qui va jusqu’a trois mois, c’est-à-dire d’avril à juillet, de millier de personnes pour le recueillement et autres manifestations commémoratives.

3. Auschwitz-Birkenau camp allemand nazi de concentration et d’extermination (1940-1945) De même que Auschwitz-Birkenau qui est un des six principaux camps de concentration et d'extermination créés par l'Allemagne nazie pour mettre en œuvre sa politique de solution finale, les sites mémoriaux rwandais, de façon générale, étaient des lieux publics par où, soit les victimes se concentraient afin de lutter en synergie contre les génocidaires, soit les victimes étaient appelées par les génocidaires à se rassembler sous prétexte d’y être protégées. Mais en réalité c’était, pour les miliciens et les génocidaires, le moyen de les exterminer facilement, dans peu de temps, sans qu’il y ait personne qui s’en échappe surtout qu’un grand nombre de tueurs étaient tout autour du camp pour veiller à une fuite probable.

Comparés à Auschwitz Birkenau, les sites mémoriaux rwandais conservent encore les restes de corps humains et autres témoignages parmi lesquels les outils utilisés par les génocidaires pour mettre en exécution leur plan mortuaire, les armes de résistance et de défense utilisées par les victimes durant plusieurs semaines dans le camp de concentration de Bisesero avant d’être épuisées et cruellement massacrées.

Par leur localisation, les sites mémoriaux rwandais prouvent que le génocide des Tutsi a été exécuté sur toute l’étendue du pays. Ils doivent par conséquent être pris au sens large du terme étant donné qu’ils conservent d’autres valeurs intrinsèques du site: l’esprit extravagant par lequel étaient animés les génocidaires, le non respect de l’être humain, la culture d’impunité, etc.

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