Fiche du document numéro 29823

Num
29823
Date
Jeudi 30 juin 1994
Amj
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Taille
0
Pages
0
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Titre
Journal de 20 heures [Reportage sur Bisesero de 31:47 à 34:09]
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Source
Type
Émission télévisée (vidéo)
Langue
FR
Citation
[Paul Amar :] Au Rwanda l'armée française poursuit sa mission. Les dirigeants français sont de plus en plus nombreux à mettre en avant les difficultés de cette mission. Il est vrai que les soldats français ne peuvent pas être, euh, partout. Philippe Boisserie et Éric Maizy se sont rendus dans une forêt où se cachent des Tutsi affamés, blessés, affolés.

[Philippe Boisserie :] Dans la montagne de Bisesero, les enfants tutsi ont appris à courir pour tenter d'échapper aux massacres [on voit un enfant gravir une colline en courant]. Depuis deux mois et demi qu'ils se sont réfugiés dans ces forêts, des groupes de Hutu viennent ici quotidiennement, pour la chasse à l'homme [on voit un groupe de survivants assis sur les rochers qui bordent la piste]. Un enseignant nous sert de guide dans ce qui est devenu un cimetière, à ciel ouvert [on voit deux hommes marcher dans les rochers, l'un étant pieds nus ; la scène suivante montre en gros plan un cadavre en pleine décomposition].

[L'enseignant [il s'agit d'Éric Nzabihimana ; on entend une voix lui dire : "Bon, tu peux nous répéter ?"] : "Donc, euh, ils… Ça, c'est un trou qui…, qu'on avait fabriqué pour se cacher la…, la journée [on voit Éric Nzabihimana montrer le trou avec sa main droite ; dans l'autre main, il tient une lance ; à sa droite, se tient un jeune survivant coiffé d'une casquette et tenant une machette à la main]. Euh…, un jour, ils ont pris un enfant dans la brousse, et l'enfant il a révélé que il y a des gens qui se sont cachés ici. Ils enlèvent les pierres. Ils tuent… celui qui était dans le trou, qu'on voit là, ici, à côté [la caméra fixe un cadavre dans un trou couvert de mouches]. [Plan de coupe] Celle-ci c'est ma petite sœur [il caresse sa tête]. Oui. Elle s'appelle Bernadette. Elle vient de passer trois… mois dans un trou. Toute la journée elle se cache…, elle se cachait dedans. Elle a peur de mourir, hein. Et sa mère a été abattue. Sa… grande sœur aussi. Et c'est…, c'est elle qui est restée [gros plan sur la fillette qui a le regard perdu".]

Cet enfant a été machettée il y a à peine une semaine [gros plan sur son crâne balafré au niveau de l'oreille droite et de l'hémisphère gauche]. Sa mère et sa grand-mère ont été tuées. Hier encore [29 juin], des hommes sont venus, toujours les mêmes.

[Philippe Boisserie : - "Ils étaient où ?". Éric Nzabihimana [il semble ému] : - "Les miliciens… nommés Interahamwe sont venus, accompagnés de quelques militaires et gendarmes…, avec des armes à feu. [Plan de coupe] Philippe Boisserie : - "Quand ?". Éric Nzabihimana : - "Le préfet est venu le…, [il s'adresse à un autre survivant] le préfet est venu quand ?". On entend une voix répondre : "Le 24 mai". Éric Nzabihimana : - "Le 24 mai". Philippe Boisserie : - "Et qu'est-ce qu'il a fait ?". Éric Nzabihimana : - "Il a accomp…, il a accompagné les gens pour, euh…, il a accompagné les gens qui venaient faire des massacres".]

Ce matin des militaires français des commandos marine sont passés dans leur forêt, sans s'arrêter [on voit deux jeeps s'engager lentement sur la piste]. Ils allaient en fait un peu plus loin. Ils y ont découvert la même horreur. Elle venait d'être commise. Parmi les 200 blessés recensés, 40 très graves ont été évacués vers le Zaïre [on voit cinq véhicules de l'armée française prendre un virage en lacet].
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