Fiche du document numéro 29634

Num
29634
Date
Samedi 9 avril 1994
Amj
Hms
13:00:00
Auteur
Auteur
Fichier
Taille
26500
Pages
3
Sur titre
Journal de 13 heures
Titre
180 parachutistes français ont débarqué à 6 h 30 ce matin sur l'aéroport de Kigali, ce soir ils seront 400. Leur mission : tenir cet aéroport qui sera la tête de pont de l'évacuation des ressortissants étrangers
Sous titre
Jacques Lanxade : "ce qui nous inquiète, c'est une possible reprise des combats entre les forces du FPR, au nord du pays, et les Forces armées rwandaises".
Nom cité
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Résumé
- France, the United States and Belgium will try to protect and then evacuate Westerners living in Rwanda who are caught in the crossfire: the truce concluded yesterday in Kigali after terrible clashes did not hold. French paratroopers took up position at Kigali airport. American marines will soon join them.

- Last night in Tielen, Belgium, on a military base, the orders were obviously given. An evacuation operation of French, Belgian and American nationals is launched. At dawn, at this Melsbroek airport in Belgium, two Hercules C-130s take off. On board, several hundred soldiers. Direction: Kigali, the capital of Rwanda.

- The situation there has changed. Militarily already. 180 French paratroopers landed at 6:30 this morning at Kigali airport, this evening there will be 400. They came from the Central African Republic. Their mission: to hold this airport which will be the bridgehead for the evacuation of foreign nationals.

- To take position, they took advantage of a relative calm last night in the capital of Rwanda. The most difficult will be to ensure the connection between the airport and the city. 10 kilometers separate them. And for the moment, civilians and foreign military cooperators are still scattered in the capital. But now, it seems that there is urgency to ensure the protection of these populations. There is talk of several victims among foreign nationals, including at least three French people.

- Bad sign: less than an hour ago, the ceasefire between rebels and government forces was broken. Fighting seems to have resumed in the capital. Worse, rebels from the north of the country are on their way to Kigali to come and fight against the presidential guard. And according to the International Red Cross, there are already thousands of victims in Rwanda. This new inter-ethnic war between Tutsi and Hutu put a definitive end to the peace agreements signed last summer.

- Colonel Marchal, the Belgian commander of the Blue Helmets in Kigali, confirmed that there was real chaos in Rwanda. Luc Marchal: "The armed forces are deployed in the city. There is no fighting there. But we don't know if we are dealing with units that are under control and command or if we are dealing with detachments that take advantage of an opportunity to steal or to ransom. On the side of the aerodrome, the situation is under control. The French elements which arrived this night or at the end of the night deployed on the site of the aerodrome and have for mission, with the element of the UNAMIR which was there, to ensure the general security of the aerodrome. […] I was yesterday afternoon at the Kigali hospital, and only in this hospital, there were 300 corpses. And this is of course not the only place where we came to deposit the corpses. I believe that all in all, we can certainly estimate around 1,000 the people who were killed" .

- Admiral Lanxade, the Chief of Staff of the French Armed Forces who directs the French operation from Paris, spoke of the difficulties of evacuating foreigners: "Currently, in Kigali, we are holding the airport in liaison with the Rwandan Armed Forces. Which means that we can land planes and bring in units. Which we will continue to do during the day. Then we will transfer nationals from the places where they are in town to the airport. knowing that at the moment, one of the difficulties is that there is fighting between the city and the airport and that therefore we need additional means to ensure this transfer in safety. […] In the hours to come, We fear a development of unrest in the city of Kigali, but in the longer term, what worries us is a possible resumption of fighting between the RPF forces in the north of the country and the Rwandan armed forces. And let these fights take place nearby, even in the city itself, and with an intensity that would be much higher than that which exists today".
Source
Fonds d'archives
INA
Type
Transcription d'une émission de télévision
Langue
FR
Citation
[Paul Amar :] Bonjour. La France, les États-Unis et la Belgique vont tenter de protéger puis d'évacuer les Occidentaux qui vivent au Rwanda et qui sont pris entre deux feux : la trêve conclue hier à Kigali après de terribles affrontements n'a pas tenue. Des parachutistes français ont pris position sur l'aéroport de Kigali. Des marines américains ne vont pas tarder à les rejoindre. Françoise Joly.

[Françoise Joly :] Nous sommes à Tielen en Belgique, sur une base militaire. La nuit dernière, rien n'est encore annoncé officiellement mais les ordres ont été manifestement donnés. Une opération d'évacuation des ressortissants français, belges et américains est lancée [on voit notamment des soldats belges à bord d'un bus qui roule de nuit]. Au petit jour, sur cet aéroport de Melsbroek en Belgique, deux Hercules C-130 décollent. À bord, plusieurs centaines de soldats. Direction : Kigali, la capitale du Rwanda [on voit les deux gros-porteurs prendre leur envol].

Là-bas la situation a évolué. Militairement déjà. 180 parachutistes français ont débarqué à 6 h 30 ce matin sur l'aéroport de Kigali, ce soir ils seront 400. Ils sont venus de Centrafrique. Leur mission : tenir cet aéroport qui sera la tête de pont de l'évacuation des ressortissants étrangers [diffusion d'images d'archives montrant des soldats français dans l'aéroport de Kanombe].

Pour prendre position, ils ont profité d'un calme relatif la nuit dernière dans la capitale du Rwanda [un plan de "Kigali, la ville aux mille collines" s'affiche à l'écran ; il indique en direction du nord-est le centre ville, au sud-est la présidence, au sud l'hôtel Méridien et à l'ouest l'aéroport]. Le plus difficile, maintenant, va être d'assurer la liaison entre l'aéroport et la ville. 10 kilomètres les séparent. Et pour l'instant, civils et coopérants militaires étrangers sont toujours éparpillés dans la capitale. Mais désormais, il semble bien qu'il y ait urgence pour assurer la protection de ces populations. On parle de plusieurs victimes parmi les ressortissants étrangers, dont au moins trois Français [diffusion d'images de civils blancs gardés par des soldats belges].

Et mauvais signe : il y a moins d'une heure, le cessez-le-feu entre entre rebelles et forces gouvernementales était rompu. Les combats semblent avoir repris dans la capitale [on voit des soldats des FAR à l'entraînement]. Pire, des rebelles, venant du nord du pays, font route sur Kigali pour venir se battre contre la garde présidentielle [diffusion d'une carte de la région des Grands lacs]. Et selon la Croix-Rouge internationale, c'est par milliers que se comptent déjà les victimes au Rwanda. Cette nouvelle guerre interethnique entre Tutsi et Hutu a mis fin définitivement aux accords de paix signés l'été dernier [diffusion d'images d'archives où l'on voit notamment des miliciens à l'entraînement].

[Paul Amar :] Pascal Doucet-Bon a réussi à joindre par téléphone le colonel Marchal, le commandant des Casques bleus à Kigali. L'officier belge lui a confirmé qu'il régnait au Rwanda un véritable chaos. Écoutons-le.

["Par téléphone de Kigali (Rwanda), Colonel Marchal, Cdt. Forces de l'O.N.U à Kigali" : - "Les forces armées sont déployées dans la ville. Là il n'y a pas… de combats. Euh, mais on ne sait pas si on a affaire à des unités, disons, qui sont sous contrôle et commandement ou si on a affaire à…, bon des détachements qui…, le cas échéant, profitent d'une occasion, euh…, pour, euh, voler ou pour rançonner [diffusion de la même carte de Kigali que celle indiquée ci-avant]. Euh, du côté de la plaine, donc de l'aérodrome, euh, là, la situation, euh, est sous contrôle. Elle l'était, elle le reste. Euh…, les éléments, euh, français qui sont… arrivés, euh, cette nuit ou en fin de nuit, euh, se sont déployés sur… le site de l'aérodrome. Et, euh…, ont pour mission -- avec, euh, l'élément de la MINUAR qui s'y trouvait --, euh…, d'assurer la sécurité générale de l'aérodrome" [diffusion d'images d'archives de l'aéroport de Kigali datant de 1993]. Pascal Doucet-Bon : - "Êtes-vous en mesure de…, de dresser un…, un bilan en termes de vies humaines ?". Luc Marchal : - "Je ne peux difficilement vous donner un chiffre. Euh…, mais j'étais hier après-midi à la…, à l'hôpital de…, de Kigali. Et rien que dans cet hôpital, on dénombrait 300 cadavres. Euh…, et ce n'est pas bien…, et ce n'est bien entendu pas le seul endroit où on venait déposer, euh…, les cadavres. Euh, je crois que…, l'un dans l'autre, on peut estimer aux environs de…, certainement de 1 000 les personnes qui ont été tuées" [diffusion de la même carte de la région des Grands lacs que celle indiquée ci-avant].]

[Paul Amar :] L'amiral Lanxade, le chef d'état-major des armées françaises qui dirige de Paris l'opération française évoque avec Laurent Boussié les difficultés de l'évacuation des étrangers.

["Amiral Jacques Lanxade, Chef d'État-Major des Armées" : - "A…, actuellement, à Kigali, euh…, nous tenons, euh…, l'aéroport en liaison avec les Forces armées, euh, rwandaises. Ce qui veut dire que nous pouvons poser des avions et amener des unités. Ce que nous allons continuer de faire, euh, dans la journée. Ensuite, euh, nous, euh…, procèderons, euh, au transfert des ressortissants de…, des lieux où ils sont en ville vers, euh, l'aéroport. À savoir qu'en ce moment, une des difficultés est qu'il y a des combats entre, euh…, la ville et l'aéroport et que donc nous avons besoin de moyens supplémentaires -- que nous sommes en train d'acheminer -- pour assurer, euh, ce transfert en sécurité". Laurent Boussié : - "Qu'est-ce que vous craignez le plus dans les heures qui viennent ?". Jacques Lanxade : Ben, dans un premier temps, dans les heures qui viennent, nous craignons, euh, un développement des troubles, euh, dans, euh, la ville, euh, de…, de Kigali. Mais, euh…, à un peu plus long terme, euh, ce qui, euh, nous inquiète, c'est, euh, une possible reprise des combats, euh, entre les forces du FPR, euh, au nord du pays, et, euh, les Forces armées, euh, rwandaises. Et que ces combats se déroulent, euh, à proximité, voire dans la ville elle-même, et avec une intensité qui serait, euh, beaucoup plus élevée que celle qui est…, existe aujourd'hui".

[Paul Amar :] L'annonce de l'arrestation de nouveaux dissidents à Shangaï a irrité Edouard Balladur […].
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