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Ce travail est une étape au cœur d’une recherche sur l’implication des autorités et de l’armée française dans le génocide des Tutsi (Rwanda, 1994) et de ses mises en formes typographiques et spatiales. Débuté en 2017, ce projet a d’abord prit la forme d’un livre recueillant par strates horizontales successives les nombreux témoignages, bilans, écrits historiques, archives gouvernementales, extraits de bulletins militaires, journalistiques ou de comptes bancaires qui tendent à démontrer un rôle actif de la France avant, pendant et après le génocide. Les informations quant à ces événements étant encore difficiles d’accès voire encore sous le sceau du « secret défense », cette installation est passée d’une recherche sur la représentation graphique d’une information à la monstration d’une opacité. Cette rampe est une réédition spatiale de ce livre, une mise en lumière de paroles d’actants qui, au lieu d’être portée par le besoin de démontrer, vient d’une nécessité de montrer.
Cette installation présente un choix. Une phrase parmi tant d’autres qui expose la vision d’une poignée d’êtres dirigeants sur des milliers, et qui fait pressentir les décisions qui en découleront. L’attrait pour la gouvernance, le mépris de l’autre et l’extrême naturel avec lesquels ceux-ci sont exprimés sont les raisons de cette sélection. La seconde partie de l’installation est formée d’une projection d’une carte militaire belge de 1936 surplombée de paroles d’un autre actant, plus récent celui-ci, qui montrent avec quelle finesse le pouvoir s’est maintenu du côté des grands décideurs externes et invisibles, et de quelle manière ceux-ci se maintiennent encore. Par ces trois éléments (lettres de terre grattée, projection militaire, audience juridique), les trois instances qui ont porté le Rwanda au massacre sont mis à jour : la religion, le politique, le militaire.
Ce livret s’est largement basé sur les livres La France au cœur du génocide des Tutsi de Jacques Morel et Le sabre et la machette de François Graner. Je souhaite ici les remercier.
