Fiche du document numéro 29272

Num
29272
Date
Mardi 14 décembre 2021
Amj
Auteur
Fichier
Taille
224456
Pages
3
Urlorg
Sur titre
Politique
Titre
Innocent Kabandana et Pascal Muhizi, ces officiers rwandais qui font échec aux jihadistes
Sous titre
Au Mozambique, le général major et le brigadier général ont incarné l’efficacité de l’armée rwandaise, qui met un point d’honneur à participer aux opérations de maintien de la paix sur le continent.
Nom cité
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Lieu cité
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Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
Innocent Kabandana et Pascal Muhizi © Stéphanie Scholz/Colagène

« Armées africaines : pourquoi sont-elles si nulles ? » Il y a quelques années, constatant la multiplication des conflits et l’incapacité des forces armées à y remédier, JA avait osé cette question, volontairement provocatrice, suscitant une petite tempête sous les bérets du continent. Mais poser la question n’interdit pas de nuancer la réponse, ni même de reconnaître les victoires encourageantes lorsqu’elles se présentent.

Pascal Muhizi © Stéphanie Scholz/Colagène

En ce mois de septembre, la bonne nouvelle est venue du nord du Mozambique, sur lequel les groupes jihadistes tentent, depuis bientôt trois ans, d’étendre leur emprise. Grâce à l’appui de l’armée rwandaise, Maputo est en effet parvenu à reconquérir plusieurs villes précédemment occupées par Ansar al-Sunna, affilié à Daech. Et ces victoires, c’est au brigadier général Pascal Muhizi et à son supérieur, le général major Innocent Kabandana, chargés de l’intervention rwandaise au Mozambique et de la coordination avec l’armée mozambicaine, qu’on les doit.

Bien sûr, vu du Rwanda, leurs noms importent peu. Le Front patriotique rwandais (FPR, au pouvoir) n’a pas pour habitude de mettre en avant les individus, quels que soient leur grade ou leur fonction, surtout quand le combat est collectif. Mais Muhizi et Kabandana ont incarné, sur le terrain des opérations, toute la détermination et l’efficacité de l’armée rwandaise.

Mozambique, Centrafrique…

Innocent Kabandana © Stéphanie Scholz/Colagène

Quelques semaines plus tôt, le 9 juillet, le gouvernement rwandais avait annoncé le déploiement, dans la province de Cabo Delgado, d’un contingent d’un millier de soldats afin d’épauler le Mozambique et son armée, en proie depuis 2017 à des actions terroristes menées par le mouvement islamiste des Shebab. En vertu d’accords bilatéraux, et sans se préoccuper des grincements de dents que cela pouvait occasionner au sein de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), dont le Rwanda n’est pas membre, Kigali décidait ce jour-là de porter secours à Filipe Nyusi.

Quelques mois plus tôt, en janvier 2021, c’était en Centrafrique que les militaires rwandais (présents dans le pays à la fois en tant que Casques bleus et au titre de la coopération bilatérale) avaient joué un rôle décisif pour repousser l’offensive des groupes armés réunis au sein de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC), lesquels tentaient d’imposer un blocus de la capitale, Bangui, et de renverser le régime du président Faustin-Archange Touadéra.

Missions de maintien de la paix

Pour comprendre ces interventions, il faut remonter à 1994, au temps du génocide perpétré contre les Tutsi, lorsque la communauté internationale a fermé les yeux sur l’extermination d’un million de civils. Meurtries par cette non-assistance à peuple en danger, les autorités rwandaises en ont, depuis, tiré une doctrine, optant pour la « responsabilité de protéger », une norme du droit international public énoncée dans un document de 178 articles adopté par les États membres de l’ONU en 2005.

EN JUIN 2020, LE RWANDA ÉTAIT LE TROISIÈME CONTRIBUTEUR AUX MISSIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX, DERRIÈRE L’ÉTHIOPIE ET LE BANGLADESH

Cet engagement a de nouveau été formalisé en 2020 à travers les « Principes de Kigali pour la protection des civils », une charte en 18 points signée par 46 États issus de tous les continents. Entre autres priorités, celle-ci énonce la nécessité d’« entreprendre une intervention militaire contre des adversaires armés manifestant la claire intention de s’en prendre à des civils ».

En juin 2020, selon l’Observatoire Boutros-Ghali du maintien de la paix, le Rwanda était le troisième contributeur aux missions de maintien de la paix, derrière l’Éthiopie et le Bangladesh, avec 6 321 personnels en uniforme mobilisés – sans compter les interventions bilatérales, comme au Mozambique ou en Centrafrique. Avec des Casques bleus déployés au Soudan du Sud, au Darfour, en Centrafrique et jusqu’en Haïti, le Rwanda affiche le nombre de soldats de la paix par habitant le plus élevé au monde.
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