Abstract
- Start of humanitarian operations in Rwanda: 40 nuns and orphans were evacuated from Kibuye to Goma in Zaire. About ten kilometers away, new clashes had pitted the RPF against government forces.
- A few kilometers from Gishyita, where the center of the French force is located, 1,000 to 2,000 RPF men are grouped together.
- The nuns of the Sainte-Marie de Namur mission leave their mission in a matter of seconds. Less than five minutes later, the French soldiers take possession of the premises. Their task is not finished: about forty riflemen from the air commandos must reconnoitre up to 20 kilometers from the front.
- During this time in Kigali, and for the second time in less than a week, the RPF organized an anti-French demonstration.
- François Léotard and Lucette Michaux-Chevry are leaving this evening for the border area of Zaire and Rwanda.
- Four F1 Mirage left Reims for Istres and, no doubt afterwards, for Rwanda.
Citation
[Patrick Poivre d'Arvor :] Maintenant, toujours le Rwanda avec le début des opérations humanitaires puisque 40 religieuses et orphelins -- celles que vous aviez vu dans notre reportage d'hier soir [27 juin] -- ont été évacués de Kibuye vers Goma au Zaïre.
Il est vrai qu'à une dizaine de kilomètres de là, de nouveaux affrontements avaient opposé le FPR aux forces gouvernementales. Sur place, nos envoyés spéciaux : Catherine Jentile, Thierry Froissart, François Maillard et Jean-Claude Géboès.
[Catherine Jentile :] Depuis 24 heures les commandos de marine ont l'œil collé dans le viseur de leurs missiles Milan [on voit en effet à l'image un militaire français en pleine observation ; une incrustation "Kibuye, Rwanda" s'affiche à l'écran]. Sur la colline d'en face, à portée de fusil, des affrontements entre Rwandais ont fait hier [27 juin] 22 morts. Nous sommes à Gishyita, en plein centre du dispositif français. C'est à quelques kilomètres que sont regroupés 1 000 à 2 000 hommes du FPR [on voit des véhicules de l'armée française ; sur l'un d'eux, on discerne l'inscription "Commandos marine"].
["Capitaine de Frégate Marin Gillier, Commandant de Marine" : "Vous entendez actuellement, euh…, ce qui ressemble à des coups de canons. Euh, nous, nous sommes ici dans un pays où effectivement il y a des affrontrants…, des affrontements pardon. C'est la raison de notre présence. Euh, il est normal que…, en se déplaçant on finisse par tomber effectivement sur des endroits où il y a des combats".]
Parallèlement on organise donc des évacuations [on voit des miliciens, dont un qui porte un le fusil à l'épaule, l'autre qui tient un bâton ; une roue de voiture est en travers du chemin], comme à 20 kilomètres d'ici à Kibuye [on voit des militaires français devant une jeep P4 et on entend l'un deux dire : "Ma Sœur, s'il vous plaît !" ; puis un autre militaire ajoute : "Là s'il vous plaît, là ! S'il vous plaît, là !"]. Les 40 religieuses menacées de mort quittent la ville.
[Sœur Maria Assumpta, "Congrégation Sainte-Marie de Namur", avec un accent anglais : "Je crois que la plupart espère éventuellement revenir si les choses se calment…".]
Ces religieuses de la mission Sainte-Marie de Namur étaient ici depuis des années [on aperçoit un minibus beige de marque Volkswagen], la directrice depuis 30 ans [on voit deux militaires en train de faire monter les Sœurs dans un hélicoptère Puma]. Elles ont le cœur brisé et quittent leur mission en l'espace de quelques secondes [on voit deux militaires français au béret rouge en compagnie d'une Sœur], le temps du décollage d'un hélicoptère.
Moins de cinq minutes plus tard, les militaires français prennent possession des lieux [on voit des militaires français au béret noir en train de récupérer les locaux]. Leur tâche n'est pas terminée [deux soldats à genoux manipulent ce qui ressemble à un poste émetteur-récepteur portatif]. Ils doivent partir en reconnaissance jusqu'à 20 kilomètres du front [le pickup Toyota du couvent est récupéré par les militaires français]. Ils emmènent avec eux la seule religieuse hutu qui n'est pas partie avec les autres. Elle veut retourner dans sa région natale [elle est montée dans le minibus avec deux hommes blancs dont l'un porte un chapeau, l'autre un keffieh].
Les fusiliers commandos de l'air sont une quarantaine [on voit une voiture en train de monter ce qui semble être le col de Ndaba]. Ils respectent les distances de sécurité en cas d'embuscades [on aperçoit le minibus Volkswagen beige]. Au moindre arrêt, ils se déplacent pour organiser la surveillance des lieux [on voit un soldat français grimper dans les rochers]. On a toujours dit que l'opération Turquoise était à haut risque. Chaque jour qui passe semble confirmer cette prévision.
[Patrick Poivre d'Arvor :] Pendant ce temps à Kigali, la Croix-Rouge a profité d'une pause -- bien provisoire -- dans les combats pour évacuer à nouveau 40 blessés de son hôpital surpeuplé. Toujours dans la capitale rwandaise, pour la deuxième fois en moins d'une semaine, le FPR a organisé une manifestation anti-française. L'ambiance n'était pourtant pas à la confrontation comme ont pu le constater nos envoyés spéciaux Loïck Berrou, Jean-François Monnet, Thierry Marquez et Guillaume Aguerre.
[Loïck Berrou :] Ils étaient quelques milliers à s'être donné rendez-vous sur une petite route en territoire tenu solidement tenu par les forces rebelles, à une quinzaine de kilomètres à l'Est de Kigali [on voit des milliers de gens en train de manifester sur une route ; une incrustation "Kigali, Rwanda" s'affiche à l'écran]. La manifestation, bon enfant, était solidement encadrée par le Front patriotique du Rwanda. Les pancartes soigneusement rédigées, en français et en anglais pour la presse internationale conviée à l'évènement [on peut lire sur une pancarte : "VIVE LE F.P.R. VRAI LIBERATEUR DES [illisible] / AVIS AUX ARMEES FRANÇAISES : NOUS [illisible] A TOUT CE QUI PEUT PERTURBER LA MISSION LIBERATRICE DU F.P.R." ; ou sur une autre pancarte, en rouge : "NON AUX FRANÇAIS" ; et, enfin, sur une troisième pancarte : "Tous les Rwandais soutiennent sans réserve le FPR INKOTANYI"]. Le ton, quant à lui, était sans équivoque.
[Une manifestante : "Nous haïssons le gouvernement français !" [on voit simultanément à l'image une pancarte indiquer, en rouge : "LES FRANÇAIS SOUTIENNENT LES TUEURS DES ENFANTS" ; sous cette pancarte, apparaît une autre pancarte avec écrit, toujours en rouge, le nom "MITTERAND" [sic]].]
Ou encore : "Armée française, go home !", "Pas de sang rwandais sur les mains françaises" [au même moment est diffusée une pancarte avec l'inscription : "NON AUX INTERAHAMWE RWANDAIS et FRANÇAIS"].
Pour ce qui est de la spontanéité de cette marche pacifique, les avis divergent.
[Un manifestant : "Les gens d'ici, à Kayonza, lorsqu'ils ont compris que les Français vont venir ici, ils se sont mis d'accord pour organiser… une telle marche".
Un autre manifestant : "On a été emmené par les soldats du FPR qui nous ont sauvé, euh…, des machettes, des…, des miliciens, euh, du MRND et de la CDR".]
Les enfants font mine d'écarter les caméras des envahisseurs, ce qui n'enlève rien à leur sourire. Aucune réelle hostilité ne se dégage. Ce qui est sûr, c'est que pour ces réfugiés les occasions de se rassembler ainsi dans une ambiance de kermesse n'ont pas été nombreuses ces derniers mois. On leur excusera le prétexte [on voit des enfants tout sourire en train de repousser les journalistes de la main].
[Patrick Poivre d'Arvor :] À noter qu'un photographe de l'agence Associated Press a été blessé cet après-midi à Kigali alors qu'il se trouvait dans sa chambre d'hôtel. Notons encore que François Léotard et Lucette Michaux-Chevry partent ce soir pour la zone frontalière du Zaïre et du Rwanda. Et que quatre Mirage F1 ont quitté Reims pour Istres et, sans doute après, pour le Rwanda.