Fiche du document numéro 28878

Num
28878
Date
Mercredi 11 août 2021
Amj
Auteur
Fichier
Taille
36629
Pages
5
Titre
Les sérieuses raisons pour lesquelles nous appelons les rescapés du génocide perpétré contre les Tutsi à se distancier de ce qui a été appelé l’association “Igicumbi-Voix des rescapés du génocide”
Source
Type
Communiqué
Langue
FR
Citation
[Quelques retouches formelles au texte qui suit ont été opérées]

Le 27 mai 2021 a été créée l’association dite Igicumbi-Voix des rescapés du génocide contre les Tutsi, laquelle a été officiellement annoncée le 1er août 2021.

Comme prévu par l’article 3 des statuts de cette association, les fondateurs de celle-ci disent qu’elle a été créée pour défendre les droits des rescapés du génocide perpétré contre les Tutsi.

L’association IBUKA-RWANDA, les associations qui lui sont affiliées, toutes les associations IBUKA de la diaspora, et d’autres associations partenaires, appelons tous nos membres et les rescapés en général à se distancier des actions destructrices des membres de l’association Igicumbi-Voix des rescapés du génocide contre les Tutsi pour les sérieuses raisons suivantes :

Les comportements et les dires de certains parmi les fondateurs de l’association Igicumbi-Voix des rescapés sont empreints de négationnisme du génocide perpétré contre les Tutsi



Parmi les caractéristiques de la négation du génocide, figure l’utilisation de tous les moyens imaginables qui déforment la vérité relative au génocide, dans le but de semer la confusion dans la population, notamment affirmer mensongèrement qu’il y a eu deux génocides.

Ce discours est repris dans les nombreux documents des fondateurs de cette association, et dans leurs déclarations mensongères sur les réseaux sociaux et ailleurs.

La vérité est que le génocide perpétré contre les Tutsi a été planifié par le Gouvernement Habyarimana, mis en œuvre par le Gouvernement dit des Abatabazi, et que ce génocide a été stoppé par les troupes du FPR-Inkotanyi qui ont vaillamment vaincu les criminels et sauvé la vie de nombreux Tutsi qui étaient voués à la mort.

Les membres de ce groupe dirigé par Basabose sont au courant de la vérité puisque la quasi-totalité d’entre eux doivent leur vie sauve au courage des Inkotanyi qui ont risqué leurs vies pour les sauver eux et leurs familles. Leurs mensonges apparaissent notamment dans des écrits récents et qui portent les signatures de Basabose Philippe, Bayingana Jovin, Niyibizi Hosea, Rugambage Louis, Muhayimana Jason et Gasirabo Dada.

Il est également étonnant et malheureux de les entendre dans des déclarations qui ôtent toute dignité aux restes des corps des victimes du génocide, déclarations qui sont par ailleurs punissables par la loi rwandaise, là où notamment Gasirabo Dada parle de « jeunes filles qui nettoient les ossements » et Muhayimana Jason, qui ose pour sa part parler d’« ossements exposés dans des vitres et qui font l’objet de commerce ». Employer ces termes porte atteinte à la dignité des victimes du génocide perpétré contre les Tutsi, traumatise les rescapés et ajoute à leur douleur, tout en prétendant venir à leur secours. Ce genre de discours est utilisé par les négationnistes du génocide perpétré contre les Tutsi.

Ceux que ce groupe désigne comme étant les vrais rescapés du génocide sont ceux qui affirment qu’il y aurait eu deux génocides au Rwanda, comme repris sur les chaînes « You Tube » leur affiliées et dans leurs chants. L’article 8 des statuts de cette association affirme la volonté de collaborer avec d’autres associations qui poursuivent « la protection des droits des minorités et des droits de l’homme en général ». Cet article met en exergue la volonté de collaborer avec des associations créées pour nier la réalité du génocide perpétré contre les Tutsi et faire de la propagande en faveur de la théorie selon laquelle il y aurait eu un double génocide au Rwanda.

Créer une association aux objectifs politiques



Si plusieurs raisons poussent à douter des réels objectifs de cette association, les déclarations faites lors de son lancement montrent clairement que son objectif est de faire la promotion de ses propres intérêts politiques comme le font la plupart des associations rwandaises de la diaspora actives sur les continents européens et américains. La plupart d’entre elles s’attribuent des appellations sans aucune relation avec de réels objectifs de nuire et détruire.

Faire de la politique est un droit de chacun. Mais prendre prétexte de l’histoire du génocide perpétré contre les Tutsi pour créer un mouvement politique, appeler celui-ci une association de défense des droits des rescapés, et propager principalement la théorie du double génocide tout en collaborant avec les criminels qui ont endeuillé le Rwanda, c’est se moquer de la douleur des victimes du génocide. Ceci doit être dénoncé avec la plus grande énergie par toutes les personnes de bonne volonté.

Nous aimerions savoir ce que les fondateurs de l’association Igicumbi auraient fait pour les rescapés du génocide pendant les 27 années qui viennent de s’écouler après que les Inkotanyi aient mis fin au génocide : auraient-ils collaboré avec d’autres associations de rescapés du génocide pour apporter à ceux-ci leur soutien et atténuer les douleurs infligées par le génocide ? L’on pourrait douter de cette pitié qui surgit brusquement aujourd’hui.

Il est également étonnant de voir cette association louer le courage de certains de leurs membres fondateurs qui ont des activités politiques et qui ont participé à des activités terroristes aux funestes conséquences pour eux.

Le rescapé du génocide n’a aujourd’hui pas besoin de quiconque voudrait tirer des bénéfices à ses dépends. L’Etat rwandais a, dans la mesure de ses capacités, mis en place de nombreux programmes dans divers domaines en faveur des rescapés du génocide : éducation, logement, santé, projets économiques, soutiens financiers et autres programmes qu’ils partagent avec les autres Rwandais. Ces programmes ont permis à ceux qui étaient voués à l’extermination par le plan du génocide, de revivre et se reconstruire.

Parmi les membres fondateurs d’Igicumbi-Voix des rescapés, certains ont bénéficié de ces programmes de l’Etat rwandais qu’ils critiquent aujourd’hui. Propager des mensonges et vouloir dévier du droit chemin les rescapés du génocide pour ses propres intérêts politiques est non seulement malfaisant mais aussi de mauvais augure.

Des discours qui détruisent l’unité et la réconciliation des Rwandais



Le Rwanda prône l’unité et la réconciliation. Il est étonnant d’entendre certains parmi les fondateurs de cette association dire ne pas comprendre que des rescapés du génocide puissent « habiter dans le même environnement que de ceux qui les ont endeuillés », ou que des criminels du génocide puissent, après avoir purgé leurs peines de prison, participer aux commémorations du génocide. Et pourtant, de nombreuses informations fournies par des prisonniers ont permis de retrouver les corps de victimes du génocide et de révéler les détails jusqu’alors inconnus sur les massacres des Tutsi. Ces discours non seulement détruisent, mais n’apportent rien de bon aux Rwandais.

Une association qui dénie au rescapé du génocide les mêmes droits que les autres Rwandais



Le rescapé du génocide, tout comme tout autre Rwandais, a des droits et des devoirs prescrits par la loi. Tous sont égaux devant la loi, laquelle est la même pour tous.

Selon les écrits des fondateurs de l’association Igicumbi, certains soutiennent que le rescapé du génocide n’est pas concerné par la loi lorsqu’il est poursuivi par les instances judiciaires. Etre poursuivi en justice ne constitue pas un acte de harcèlement comme ils le prétendent, car chacun est redevable devant la loi comme tout le monde. C’est ce genre de mensonge que propagent aujourd’hui partout les fondateurs d’Igicumbi. Par exemple, dans des écrits récents, ils affirment que les droits des rescapés du génocide sont bafoués. S’ils défendent réellement les rescapés du génocide, ils ne devraient pas en faire des personnes qui ne seraient pas redevables devant la loi devant laquelle tous les Rwandais sont pourtant égaux.

Les responsables de l’association Igicumbi-Voix des rescapés, à part rédiger sur des réseaux sociaux tel que Justice4Survivors des écrits qui divisent les rescapés du génocide, n’ont jamais montré quelque volonté que soit de se joindre aux autres pour lutter contre les conséquences du génocide.

La majorité des rescapés se trouvent au Rwanda et c’est là qu’ils bénéficient des programmes en leur faveur. S’ils les responsables d’Igicumbi prétendent que les raisons qui ont poussé à la création de cette association sont liées aux problèmes récurrents des rescapés vivant au Rwanda, mais qu’ils refusent pourtant de se rendre sur le terrain afin de se rendre compte de leurs problèmes, quelles actions concrètes envisagent-ils de faire à part diffuser des communiqués sur les réseaux sociaux ? Que ce soit dans leurs statuts ou dans les déclarations faites le 1er aout 2021, nulle part ils ne montrent ce qu’ils feront de concret pour être réellement la voix des rescapés !

IBUKA demande instamment aux rescapés du génocide perpétré contre les Tutsi, et à tous les Rwandais qui sont dans le pays ou ceux de la diaspora en général, de ne pas prêter l’oreille à quiconque voudrait les dévier du droit chemin ou en être les mauvais porte-paroles comme l’ont manifesté les membres de cette association Igicumbi.

Je vous remercie.

Les signataires du communiqué :

IBUKA-Rwanda : Egide Nkuranga, Président

AVEGA-Agahozo : Valérie Mukabayire, Présidente

GAERG : Egide Gatari, Président

AERG : Emmanuel Muneza, Coordinateur national

IBUKA-Belgique : Félicité Lyamukuru, Présidente

IBUKA-Suisse : César Murangira, Président

IBUKA-France : Etienne Nsanzimana, Président

IBUKA-Hollande : Christine Safari, Présidente

IBUKA-Italie : Honorine Mujyambere, Présidente

IBUKA-Allemagne : Jacqueline Mukandanga, Présidente

IBUKA-USA : Jason H. Nshimye, Coordinateur

Ishami Foundation-UK : Eric Murangwa Eugène, Chairman

Urukundo Rwandan Organisation-Norway : Muhigana Marie-Chantal, Présidente
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