Citation
Reporter-photographe, Christophe Calais s'est rendu plus de vingt-cinq fois au
Rwanda depuis 1994. Il en rapporte une série de photographies accompagnées de
brefs témoignages (1). Le jeune chanteur Corneille, lui-même rescapé du génocide, a
prêté le texte d'une de ses chansons, placé en exergue du livre. Sobre, cette poésie
évoque des impressions et des souvenirs personnels.
Les clichés alternent un flou émouvant sur les collines-cimetières du Rwanda et des
instantanés factuels saisissants. Parmi ces derniers, le cri d'une femme « devenue folle
d'avoir tué », les visages méditatifs de victimes, des manifestants proches du régime
génocidaire remerciant la France, des colonnes de réfugiés se rendant au sinistre
camp international de Goma en République démocratique du Congo (RDC). Les
photos laissent entrevoir une vie qui reprend lentement (travail des associations,
réunions de femmes, etc.) avec en suspens la question de la justice (clichés de
prisonniers et de sessions de tribunaux populaires). Elles s'entrecroisent avec celles
des sites du génocide que l'on peut visiter.
Imprégné de ce pays et de ses habitants – longuement interrogés –, Christophe Calais
livre un carnet de voyage en forme d'images, dense, intense… Son travail sur le
Rwanda a fait l'objet d'un précédent livre, Le Cri des morts, le silence des vivants (2),
et d'expositions au festival Visa pour l'image de Perpignan.
ANNE-CÉCILE ROBERT
(1) Rwanda, le pays hanté, photographies de Christophe Calais, texte de Corneille, Editions du Chêne, Paris, 2006, 25 euros.
(2) Rwanda. Le Cri des morts, le silence des vivants, BBK, Paris, 1998.