Fiche du document numéro 28419

Num
28419
Date
Jeudi 27 mai 2021
Amj
Auteur
Fichier
Taille
171090
Pages
1
Sur titre
Afrique
Titre
Emmanuel Macron en quête de réconciliation au Rwanda
Sous titre
Vingt-sept ans après le génocide des Tutsi, le président de la République se rend à Kigali pour renouer le dialogue.
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Mot-clé
Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
Une visite pour se réconcilier. Le
président français Emmanuel
Macron se rend au Rwanda, jeudi et
vendredi, vingt-sept ans après le
génocide où 800.000 Tutsis et
Hutus ont été massacrés par le
régime soutenu alors bec et ongles
par François Mitterrand. Mais « un
espace politique s’est ouvert », estime
t-on à l’Elysée avec la publication fin
mars, saluée par le président rwandais,
Paul Kagame, d’un rapport
d’historiens coordonnés par Vincent
Duclert concluant que le
régime de l’ancien chef d’Etat avait
eu une « responsabilité accablante ».
Le régime rwandais exigeait depuis
1994 que Paris reconnaisse sa responsabilité.
Cette question avait
conduit à la rupture des relations
diplomatiques entre les deux pays
entre 2006 et 2009. Paul Kagame,
qui dirigeait la rébellion tutsi ayant
mis fin au génocide en juillet 1994, a
estimé, lors d’une visite à Paris la
semaine dernière, que ce rapport
constituait un « pas en avant considérable
» et que les deux pays
avaient désormais l’opportunité de
bâtir « une bonne relation ».
François Mitterrand et son cercle
de conseillers proches ont soutenu
« aveuglément » un régime raciste et
violent, par défiance instinctive
envers les menées des Anglosaxons
en Afrique. Ils sont demeurés
aveugles, malgré les avertissements
de leur attaché militaire à
Kigali, « face à la préparation du
génocide ». Ils portent des « responsabilités
lourdes et accablantes »
dans la tragédie, conclut ce rapport,
corroboré en avril par un autre
commandité par Kigali à un cabinet
d’avocats américain. Le rapport, qui
parle de « dérive des institutions »,
« approche binaire » et « faillite intellectuelle
des élites administratives et
politiques », ne va toutefois pas
jusqu’à qualifier le régime français
de « complice » du génocide, mais
le président rwandais a dit pouvoir
s’en accommoder.
Signe de cette normalisation en
cours, l’Elysée va nommer un
ambassadeur à Kigali, où le poste est
actuellement occupé par un simple
chargé d’affaires. La visite du prési-
dent français, qui aura un entretien
avec Paul Kagame, aura une « forte
consonance mémorielle », souligne
t-on à l’Elysée, mais aussi économique.
Le Rwanda, malgré sa taille
relativement réduite, puisque sa
superficie ne dépasse pas celle d’une
région française et sa population
12 millions d’habitants, est caractérisé
par un bon climat des affaires.
Le Rwanda, pays de l’Afrique des
grands lacs, est le seul du continent,
avec l’île Maurice, à figurer parmi
les 50 premiers du classement mondial
Doing Business. Depuis l’arrivée
au pouvoir de Paul Kagame, en
2000, il a opéré un bond spectaculaire
en termes d’indices de développement
et bénéficié d’une croissance
économique de 7 % par an, en
misant sur les investissements
étrangers et une réduction de la
bureaucratie. Une entreprise peut y
être créée en deux jours. Le revenu
moyen a été multiplié par quatre
depuis le génocide.
Les observateurs notent la quasi-absence
de délinquance, le niveau
très bas de corruption, sévèrement
punie par la justice, ainsi que la propreté
des villes et les routes asphaltées.
Un contexte pratiquement
sans équivalent en Afrique. Derrière
cette vitrine, toutefois, le niveau de
vie demeure relativement bas dans
ce pays peu industrialisé et dénué de
ressources naturelles. Et le régime
s’avère semi-dictatorial avec une
domination sans partage du Parlement,
des médias et même des grandes
entreprises par le parti au pouvoir,
ou ses proches, sans compter
son implication probable dans la
disparition d’opposants, y compris à
l’étranger. Paul Kagame a été réélu
avec 98 % des voix en 2017. Le
régime est en outre issu du Front
patriotique rwandais (FPR) qui a
aussi mas s a c r é d e s Hutus
entre 1990 et 1994. Certains affirment
que le FPR a eu une part de responsabilité
dans le déclenchement
du génocide.
Emmanuel Macron poursuivra
son déplacement en Afrique du Sud
vendredi et samedi, avec une attention
toute particulière à la lutte
contre la pandémie de Covid et ses
conséquences. Il y rencontrera son
homologue, le président Cyril
Ramaphosa.
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