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Dans le long entretien qu'il a accordé aux journalistes Antoine Glaser et Pascal Airault, qui publient "Le Piège africain de Macron" (Fayard), le président français assume pour la première fois le rôle joué par la diplomatie tricolore pour convaincre Joseph Kabila de quitter le pouvoir.
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Raffinement du "en même temps" macronien : pour le chef de l'Etat français, le "modèle" de l'action diplomatique telle qu'il la conçoit est une opération… que la France n'a jamais revendiquée ni même affichée !
Dans l'entretien que publient Antoine Glaser et Pascal Airault en complément de leur enquête fouillée sur la politique africaine du président (Le Piège africain de Macron, Fayard), Emmanuel Macron cite à deux reprises "ce que l'on a réussi à faire en RDC", sans jamais véritablement qualifier "ce" qui a été fait, et pour cause. Comme le reconnaît à demi-mot le président, "on ne s'est jamais engagé publiquement" : "On a mis plus d'un an, on a beaucoup parlé, on a investi les voisins. On a responsabilisé l'Afrique du Sud, le Rwanda. On les a engagés, on a poussé, on a mis la pression." Africa Intelligence avait raconté à l'époque comment l'Elysée s'était notamment investi pour que Joseph Kabila renonce à briguer un troisième mandat (Africa Intelligence du 25/11/20). Afin de convaincre l'ex-dirigeant congolais, Paris s'était largement appuyée sur le pouvoir de persuasion de l'Angola. Plus largement, Emmanuel Macron milite régulièrement auprès de ses pairs sur la nécessité de ménager les ex-chefs d'Etat africains afin de faciliter leur retrait.
Auscultant tous les ressorts de l'action française en Afrique, des plus traditionnels - Agence française de développement (AFD), Quai d'Orsay, état-major - aux plus récents - activisme de la diaspora africaine en France, réseaux culturels et sportifs -, Le Piège africain de Macron décrypte l'action d'un président prompt à répéter qu'il n'a connu ni la colonisation, ni la Françafrique, et multiplie, sans tapage, les révélations sur les coulisses de la relation historiquement feuilletée, économiquement équivoque et culturellement embrouillée qu'entretiennent la France et l'Afrique : qui connaît le rôle du consultant Jean Haas dans la relation franco-nigériane ? Les détails de la relation, de "banquier à banquier", entre Emmanuel Macron et Rémi Rioux, le patron de l'AFD ? Les circonstances de la création du Conseil présidentiel pour l'Afrique, principale innovation de la diplomatie africaine macronienne ? Etc.
NDLR : Antoine Glaser est le fondateur et ancien rédacteur en chef de La Lettre du Continent, à laquelle a succédé Africa Intelligence.