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Arrivé à Kigali le 7 avril, l’historien français Vincent Duclert a remis officiellement au président Paul Kagame, ce vendredi, le rapport de la Commission qu’il a présidée sur le rôle de la France au Rwanda entre 1990 et 1994.
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Paul Kagame à Kigali, le 23 mars 2019 – Vincent Duclert à Paris, le 26 mars 2021.
© Vincent Fournier/JA –JOEL SAGET/AFP
Arrivé à Kigali le 7 avril, l’historien français Vincent Duclert a remis officiellement au président Paul Kagame, ce vendredi, le rapport de la Commission qu’il a présidée sur le rôle de la France au Rwanda entre 1990 et 1994.
Arrivé à Kigali le 7 avril, au premier jour des commémorations du génocide perpétré contre les Tutsi en 1994, l’historien français Vincent Duclert a rencontré ce vendredi le président rwandais Paul Kagame pour lui communiquer officiellement le volumineux rapport réalisé par la commission qu’il présidait depuis avril 2019.
Après avoir remis en main propre au président français Emmanuel Macron, le 26 mars, ce document intitulé « La France, le Rwanda et le génocide des Tutsi (1990-1994) », le président de la Commission de recherche sur les archives françaises relatives au Rwanda et au génocide des Tutsi, boucle ainsi la boucle à Kigali, au moment où le Rwanda entame, comme chaque année depuis vingt-sept ans, une période de recueillement qui durera une centaine de jours – la durée du génocide.
« CE RAPPORT MARQUE UN PAS IMPORTANT VERS UNE COMPRÉHENSION COMMUNE »
Dans son discours rituel, prononcé le 7 avril, Paul Kagame – dont certains collaborateurs avaient déjà reçu le texte de manière informelle – a rendu hommage à la commission d’historiens mandatés par Emmanuel Macron pour reconstituer, à partir des archives mises à leur disposition, la « faillite » – dixit le document – de la politique française au Rwanda.
« Aujourd’hui, nous saluons ce rapport qui marque un pas important vers une compréhension commune de ce qui s’est passé. Il marque également un changement et montre le désir, même pour les dirigeants français, d’aller de l’avant avec une bonne compréhension du passé, et nous nous en félicitons. Le rapport va nous être présenté ; j’en ai été informé. C’est une bonne chose », a-t-il notamment déclaré.
Jeux géopolitiques
Fidèle à son franc parler coutumier lorsqu’il évoque ce sujet, celui qui commandait en 1994 la guérilla qui a combattu les forces génocidaires ne s’est pas privé de résumer les convergences de vue entre les conclusions établies par le rapport Duclert et les critiques portées de longue date par les officiels rwandais : « Le rapport montre que le président Mitterrand et ses plus proches conseillers savaient qu’un génocide contre les Tutsi était en cours de préparation par leurs alliés au Rwanda. Malgré cela, le président [français] a décidé de continuer à les soutenir, car il pensait que cela était nécessaire pour la position géopolitique de la France. Les vies des Rwandais n’étaient alors que des pions dans les jeux géopolitiques. »
Au terme de l’audience accordée Paul Kagame, Vincent Duclert devait par ailleurs répondre aux questions d’un petit groupe de journalistes aux côtés de Vincent Biruta, le ministre rwandais des Affaires étrangères.
Sa venue à Kigali précède de quelques semaines la visite qu’Emmanuel Macron doit effectuer au pays des Mille Collines au début de mai, si l’évolution de la situation sanitaire en France le lui permet. Ce voyage officiel marquerait un nouveau pas important dans la normalisation des relations entre les deux États, onze ans après celui effectué – en coup de vent – par Nicolas Sarkozy en février 2010. Il devrait précéder le sommet sur le financement des économies africaines, prévu le 18 mai à Paris et auquel Paul Kagame participera.
Un autre rapport côté rwandais
La controverse, ancienne, sur le rôle de la France au Rwanda pourrait toutefois rebondir à nouveau prochainement puisque, de leur côté, les autorités rwandaises rendront public un rapport portant sur le même sujet. Confié à un cabinet d’avocats américains, fruit d’une enquête entamée en 2017, il est annoncé pour la troisième semaine d’avril.
« Les conclusions que nous avons entre les mains vont dans le même sens [que le rapport Duclert], a d’ores et déjà fait savoir Paul Kagame. L’important est de continuer à travailler ensemble pour documenter la vérité. »