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"Noroît", "Amaryllis" et "Turquoise", de jolis noms pour les opérations militaires françaises qui se déploient au Rwanda entre 1990 et 1994. Depuis, peu à peu, les archives permettent de s’interroger sur le rôle joué par la France lors du génocide des Tutsi. Avec François Graner (physicien et directeur de recherche au CNRS) et Hélène Dumas (historienne, chargée de recherches au CNRS).
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Un enfant regarde les crânes des quelque 25 000 Tutsis et de quelques Hutus massacrés dans et autour de l'église catholique de Nyamata et dans la communauté environnante de Kanzenze. 06/1999. • Crédits : Louise Gubb - Getty
Le génocide des Tutsi au Rwanda apparaît dans les actualités : ici un document a été trouvé ; ici ce que l’on imaginait vient d’être prouvé. France-Rwanda, ce que les archives en encore à nous dire ? D’ailleurs, quelles archives ? Pour qui ? Pourquoi ? Pour les victimes du génocide qui s’est déroulé au Rwanda dans les années 1990, les Tutsis, mais aussi pour nous. Pourquoi ? Pour comprendre ! Xavier Mauduit
Deux ans après sa création, la commission d’historiens présidée par Vincent Duclert dévoilera au début du mois d’avril son rapport sur le rôle et l’engagement de la France au Rwanda entre 1990 et le génocide des Tutsi en 1994. Les membres de la commission ont eu accès à titre exceptionnel à l’ensemble des fonds d’archives relevant de toutes les administrations concernées à l’époque, y compris celles de François Mitterrand.
Alors que l’ouverture des archives est réclamée de longue date par plusieurs historiens et associations, un chercheur, François Graner a également obtenu du Conseil d’État en juin 2020 l’autorisation de consulter le fonds d’archives de François Mitterrand quand il était en fonction. Il a dévoilé ces dernières semaines plusieurs découvertes qui confirmeraient notamment la responsabilité de l’État français dans la fuite des génocidaires.
Qu’est-ce que les archives confidentielles de l’Élysée ont encore à nous apprendre du rôle de la France au Rwanda entre 1990 et 1994 ?
Avec François Graner, chercheur, membre de l'association Survie. Il est notamment l’auteur de Le sabre et la machette. Officiers français et génocide tutsi (Tribord Éditions, 2014) et, co-auteur avec Raphaël Doridant, de L'État français et le génocide des Tutsis au Rwanda (Agone, 2020).
Et Hélène Dumas, historienne, chargée de recherche au CNRS, auteure notamment de Le génocide au village : le massacre des Tutsis au Rwanda (Seuil, 2020) et Sans ciel ni terre. Paroles orphelines du génocide des Tutsi (1994-2006) (La Découverte, 2020).
Rappelons que cette évidence des ethnies, qui revient de manière récurrente lorsqu'on parle du continent africain, ne fonctionne pas au Rwanda. Il faut rappeler que les Rwandais partage une même langue le kinyarwanda donc il y a une unité linguistique ce qui est très important, il n'y a pas de langue hutu ou de langue tutsi. Hutus comme Tutsis partageaient le même système politique, les mêmes croyances religieuses, en 1994, 90 % de la population est chrétienne et à 67 % catholique. Donc, cette unité culturelle, scellée en particulier par la langue, contredit cette image de deux peuples, deux races, deux ethnies. Cette idée a été importée par les univers mentaux européens structurés par l'obsession de la taxinomie raciale. Hélène Dumas
Sons diffusés :
Archive - 12/12/1971 - RTBF - Sonuma, visa pour le monde.
Archive - 13/11/1959 - RTF - Paris vous parle - Les indépendances : Rwanda, le massacre des tutsi.
Archive : 14/03/2019 - France Inter - Un jour dans le monde - Le Général Jean Varret, chef de la Mission militaire de coopération au Rwanda d'octobre 1990 à avril 1993, au micro de Benoît Collombat.
Archive - 04/04/1994 - France 2 - Journal de 20H - La mort du Président rwandais Juvénal Habyarimana.
Archive - 11/04/1994 - TF1 - Journal de 20H - La destruction des documents diplomatique et évacuation des ressortissants français.