Fiche du document numéro 27724

Num
27724
Date
Dimanche 10 avril 1994
Amj
Hms
15:05:00
Fichier
Taille
61573
Pages
2
Sur titre
Rwanda situation
Titre
Poursuite des massacres interethniques dans les rues de Kigali
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Source
AFP
Type
Dépêche d'agence
Langue
FR
Citation
Kigali, 10 avr.
Les massacres interethniques qui ont ravagé Kigali depuis quatre jours se poursuivaient, dimanche, dans les quartiers populaires de la capitale rwandaise, dont les rues étaient jonchées de cadavres, selon la correspondante de l'AFP.
Les massacres ne se sont pas limité à la capitale, et ont touché d'autres villes de l'intérieur au cours des derniers jours, selon plusieurs témoignages.

A Kigali, les victimes appartiennent principalement à l'ethnie tutsie, minoritaire. Ses membres continuaient à être pourchassés, dimanche, dans les rues ou massacrés dans leurs maisons, souvent à l'arme blanche, par des Hutus, selon la correspondante de l'AFP. Les soldats ont parfois prêté main forte aux Hutus, a-t-elle ajouté.

Les équipes du comité international de la Croix Rouge (CICR) ne peuvent s'occuper en priorité que des blessés et des vivants. Il y a trop de cadavres dans les rues, a indiqué dimanche un responsable du CICR sur place.
La correspondante de l'AFP a indiqué dimanche avoir vu plus de vingt cadavres devant son domicile, dans le nord-est de la capitale. Des camionnettes ramassent les corps, qui sont ensuite enterrés dans des fosses communes.

Dès vendredi, le CICR avait mesuré l'ampleur des tueries, en indiquant que les affrontements avaient fait des milliers de morts à Kigali. Plus de 400 corps -civils, hommes et femmes, comme militaires- s'entassaient déjà à la morgue, et étaient disposé, en tas, devant le bâtiment.

Samedi, le CICR a pu ramasser une centaine de blessés dans la ville, une goutte d'eau, selon le chef de la délégation du CICR, Philippe Gaillard.
Les exactions ont aussi touché l'intérieur du Rwanda. Ainsi, dans le nord du pays, à Gisenyi, un nombre non précisé de Tutsis, employés d'une mission franciscaine, ont été massacrés vendredi, sous les yeux de plusieurs Occidentaux, par des membres d'une milice hutue, a annoncé samedi l'organisation non-gouvernementale OXFAM.

Vendredi, un responsable jésuite à Bruxelles avait indiqué que 19 Rwandais -dont huit religieux et neuf jeunes filles- avaient été tués dans un centre jésuite de Kigali.

De leur coté, des Occidentaux qui ont pu quitter le pays avaient fait état samedi d'affrontements entre Tutsis et Hutus à Bugusera, une petite ville à une centaine de kilomètres au sud-est de Kigali. Les gens se sont battus à la machette, a raconté une jeune femme, Christine Deryck, qui a indiqué avoir compté une quarantaine de morts dans les rues.

Dimanche à la mi-journée, les exactions n'avaient apparement pas touché les civils occidentaux à Kigali. Les Français regroupés à l'école française de Kigali, dans l'attente d'une évacuation, ont indiqué ne pas avoir subi de violences physiques. Mais ils ont vécu des journées d'angoisse, terrés chez eux, sans téléphone, ni électricité, au milieu des tirs, a raconté le directeur de l'école, M. Alain Pierron.

De nombreux massacres inter-ethniques, causés par la rivalité ancestrale entre Hutus et Tutsis ont émaillé l'histoire du Rwanda depuis l'indépendance, en juillet 1962.

Les derniers en date remontent au début de l'année 1993, quand 300 civils, essentiellement des Tutsis, avaient été tués par des militants hutus dans le nord de ce petit pays.

mgu/ml/mfo
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