Fiche du document numéro 26708

Num
26708
Date
Samedi 9 juin 2018
Amj
Auteur
Fichier
Taille
396533
Pages
4
Urlorg
Titre
Les mercenaires européens au Congo (1960 – 1997)
Nom cité
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Type
Page web
Langue
FR
Citation


Les mercenaires sont étroitement liés à l’histoire du Congo. Les différents conflits armés qui ont ensanglanté le pays ont fait venir plusieurs Européens. Ils ont pris une part directe aux hostilités. Ceux, nombreux qui se sont bousculés aux portes du Congo, ne sont pas venus pour des raisons de convenance politique ou pour des convictions idéologiques. Le but de leur engagement est l’appât du gain. La crise congolaise a été pour eux une véritable aubaine. Ces mercenaires qui se disent volontaires, sont le plus souvent des jeunes Européens poussés par l’aventure et l’argent. Les leaders congolais font venir ces aventuriers grassement payés car ils sont persuadés qu’ils vont faire la différence et sont un plus aux côtés des unités combattantes locales.



Ils viennent d’un peu partout : la Belgique, la France sans oublier l’Italie, l’Espagne et l’Afrique du Sud. Ils sont les grands vite appelés les affreux. Dans les premières heures de l’indépendance du Congo, les chefs mercenaires les plus connus sont le Belge Jean Schramme, le Français Bob Denard et l’Irlandais Mike Hoare. Ces trois colonels ont d’abord travaillé pour Tshombe ensuite pour le gouvernement central avant de se retourner spectaculairement contre lui à Bukavu le 9 mars 1967.



Jean Schramme (1929 – 1988)




L’Africain blanc comme il aime le dire, arrive dans ce qui est encore le Congo belge en 1947. A 18 ans, Schramme qui n’a pas fait de grandes études comme ses deux frères qui sont avocat et médecin, s’installe à Bafwakwandji comme planteur. Le jeune flamand crée une milice privée pour protéger sa plantation. Mais avec les remous qui accompagnent l’indépendance, il l’abandonne en 1960. Commence alors une nouvelle vie. Lui, qui n’est pas militaire s’implique dans les différentes guerres civiles congolaises avec l’aide de ses miliciens. Il se fait parler de lui dans gendarmerie katangaise en dirigeant le bataillon Léopard basé au village de Kansimba. Même si c’est bien lui qui le crée, Bob Denard en est le commandant en chef.



En 1964, Tshombe devient Premier ministre. Il rappelle Schramme et le met au service de Mobutu. Mais en 1967, la rupture est totale entre les deux frères d’armes. Le futur Sese Seko s’exclame lors d’un meeting sur le bruit persistant qui court et selon lequel le mercenaire belge veut marcher sur Kinshasa pour placer Tshombe au pouvoir. Très monté contre son ancien allié, Mobutu dit : « Schramme ! Schramme ! Botika ye aya ! ». A Bukavu pendant le siège de la ville, l’Africain blanc se proclame même président. Il est à la tête du 10e commando (10e codo) composé des volontaires étrangers et des ex-gendarmes katangais dont le colonel Monga. Ce dernier est pressenti pour présider le gouvernement de salut public qui à son tour va constituer le gouvernement provisoire du Congo libéré. L’aventure est de courte durée. Ils sont chassés de la ville par les soldats de l’ANC commandés par le général Masiala. Jean Schramme et son armée sont boutés dehors. Ils se réfugient au Rwanda où ils sont aussitôt désarmés.



Le colonel Schramme a écrit un livre : Le bataillon Léopard, souvenirs d’un Africain blanc. Pour se soustraire des poursuites judiciaires consécutives à l’assassinat au Maniema d’un de ses compatriotes en 1967, Jean Schramme s’exile à Rondonopolis au Brésil où il décède le 14 décembre 1988.



Bob Denard (1929 – 2007)




Né Robert Denard, le futur mercenaire s’engage dans la marine à 16 ans et va combattre en Indochine. Le Français découvre le Congo lors de la sécession katangaise. Entre 1960 et 1963, il est au service des troupes de Tshombe. Il combat à la fois les rebelles Balubakat, l’Armée nationale congolaise (ANC) et les troupes de l’ONU. Défait, il se replie sur l’Angola avant de rejoindre la France. Il refait surface quelques années plus tard à Kinshasa, repêché par son ami Tshombe devenu depuis Premier ministre. De 1964 à 1967, il est au service du gouvernement congolais pour combattre les mulelistes. C’est alors qu’il obtient le grade de colonel. Il se voit même confier le commandement d’un bataillon francophone de 1200 hommes de 21 nationalités différentes. C’est le fameux 6e Bataillon Commando Étranger (6e B.C.E.).



En mars 1967, alors que lui et ses hommes se mutinent contre Mobutu pour placer Tshombe au pouvoir, il est blessé par les militaires de l’ANC dans sa tentative de s’emparer de la ville de Kisangani. Il est d’urgence évacué sur sa base de repli en Rhodésie (Zimbabwe). Bob Denard garde les séquelles de cette blessure en devenant boiteux. Le sulfureux officier va ensuite connaître des aventures aussi sanglantes qu’effroyables au Biafra, en Angola, au Bénin, au Tchad, au Congo Brazzaville, en Côte d’Ivoire, au Yémen et surtout aux Comores où il est surnommé le sultan blanc. Il réapparaît au Zaïre entre 1996 et 1997 pour combattre les forces de l’AFDL menées par Laurent-Désiré Kabila.



Jean Schramme ne l’a jamais apprécié. Selon lui, Bob Denard est un lâche et un irresponsable. Ses erreurs de commandements sont à l’origine de lourdes pertes connues dans les rangs des mercenaires qu’il a dirigés. L’ancien mercenaire compte plusieurs distinctions tant en France qu’à l’étranger. Mobutu l’a fait Chevalier de l’Ordre National du Zaïre. Il est aussi détenteur de la Croix de la Bravoure Militaire des Forces Armées Zaïroises avec Palmes. Impliqué dans de nombreux coup d’État en Afrique pour le compte de la France, l’anticommuniste Bob Denard qui s’est autoproclamé ``corsaire de la République'', est mort de sa belle mort à Paris le 13 octobre 2007.



Mad Mike Hoare (1919 - )




De son vrai nom Thomas Michael Hoare, l’Irlandais est capitaine dans l’armée britannique pendant la Seconde Guerre mondiale. Démobilisé, il s’installe en Afrique du Sud à Durban où il organise des safaris. Ses premiers faits d’arme en tant que mercenaire remontent en 1961 au Katanga. Tshombe fait appel à lui et le place à la tête de plusieurs autres affreux pour défendre l’État du Katanga. Il a sous ses ordres des paras belges et des pilotes cubains en exil. Son unité de combat est surnommée Oies sauvages. En 1964, il va se battre contre les Simba.



Hoare est un stratège qui impose la discipline. Certains disent qu’il s’est autoproclamé colonel. Il a dirigé le 5e commando (5e codo) à Bukavu en 1967 à côté de Jean Schramme. Son nom est collé à la tentative d’un coup d’État avorté aux Seychelles en novembre 1981. Hoare a écrit plusieurs récits autobiographiques notamment Congo Mercenary (1967), The Road to Kalamata : a Congo mercenary's personal memoir (1989), Congo Warriors (1991), The Seychelles affair, Three Years with Sylvia.



Le contrat du soldat volontaire







Lorsque le mercenaire est recruté, il fait le déplacement du Katanga. Comme tout travailleur, dès son arrivée et avant de s’engager au front, il prend connaissance du contrat qui l’engage comme professionnel de guerre. L’accord qui scelle les deux parties comprend le salaire et les différentes indemnités en cas de décès, d’invalidité totale ou partielle. L’affreux y appose sa signature à côté de celles de Jean-Baptiste Kibwe, le financier de l’État du Katanga, et de Moïse Tshombe, le Président. Le contrat a une durée de six mois renouvelable. Même s’il se dit volontaire, le mercenaire est un salarié payé par le contribuable. Il est une sorte de main d’œuvre qualifiée au service du pouvoir katangais.



Samuel Malonga
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fgtquery v.1.9, 9 février 2024