Fiche du document numéro 25752

Num
25752
Date
Jeudi 9 janvier 2020
Amj
Auteur
Fichier
Taille
234768
Pages
3
Urlorg
Titre
Adolphe Muzito en mal de célébrité menace d’attaquer le Rwanda au grand dam de la classe politique congolaise
Nom cité
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Source
Type
Page web
Langue
FR
Citation
L’ancien Premier Ministre congolais Adolphe Muzito, nouveau dirigeant du Présidium et coordonateur de LAMUKA convoque une conférence de presse à Kinshasa le 23 décembre dernier pour déclarer que les maux d’insécurité que connaissent l’Est de la RDC sont causés par le Rwanda, que, par conséquent, il faut faire la guerre à ce pays.

Moise Katumbi et Jean Pierre Bemba, deux autres membres du presidium de la formation LAMUKA. Ils desapprouvent la malencontreuse sortie de Muzito

Bien que deux autres membres dudit Présidium, Moise Katumbi, ex-Gouverneur du Katanga et Jean Pierre Bemba, l’un des anciens quatre Vice-présidents de la République dans la période de transition des institutions républicaines congolaises et Président du MLC/Mouvement de Libération du Congo, se sont désolidarisés des propos malheureux de cette personnalité congolaise en mal de célébrité, cette déclaration d’intention de guerre a réveillé les sentiments de nationalisme à fleur de peau des Congolais utilisant les médias sociaux.

Presque à l’unisson, tous crient haro au baudet ! Et qui est la tête de turc ? Le Rwanda ! Le nouveau régime de Paul Kagame instauré au lendemain de la guerre de libération et de l’arrêt du génocide des Tutsi de 1994 qui a emporté plus d’un million d’hommes, femmes, vieillards, enfants.

Pour rappel, ce génocide des tutsi a connu, dans ses préparatifs, une sorte d’encouragement du régime de l’alors Maréchal Joseph Désiré Mobutu en 1991 au moment où, commandées par feu le général Mayélé, les troupes des FAZ (Forces Armées Zairoises) ont débarqué à Kigali puis sur la ligne de front du Mutara, à la frontière avec l’Uganda, pour contrer les Inkotanyi du FPR qui étaient alors qualifiés d’agresseurs étrangers et de non rwandais.

Pour l’immédiat, les ténors de la classe politique congolaise déplorent ce pavé lancé dans la mare par le vieux politicien Adolphe Muzito. Personne ne croit que ce monsieur peut énoncer ces élucubrations qui échauffent le nationalisme des citoyens congolais. « Le Rwanda est la source de nos problèmes de sécurité. Nous allons lui déclarer la guerre », a-t-il dit au cours de sa conférence accusant l’actuel Gouvernement rwandais.

Pour « régler la situation dans l’Est de la RDC, il faut faire la guerre au Rwanda. Si nous voulons contrôler l’est de la République, il faut faire la guerre au Rwanda. Pour faire la guerre, il faut une armée, il faut un pouvoir fort, avec de bonnes finances [et] occuper le Rwanda. À la limite, annexer le Rwanda au Congo », rapporte la RFI du 23 décembre citant le vieux : « Quand je dis faire la guerre au Rwanda, c’est une posture qui à un moment donné peut s’avérer nécessaire si dans l’entre-temps, les choses ne se normalisent pas, poursuit-il. Ce n’est pas un objectif en soi », a dit cet homme politique qui rêve des feux des médias depuis qu’il a quitté la Primature congolaise en 2012.

Mais en soi, le crime diplomatique est consommé… « appelle à la haine et à l’invasion d’un pays voisin ». Cette personnalité politique embrase, par cette sortie politique, les citoyens congolais de tous bords.

Par cette sortie maladroite, il rappelle un autre politicien congolais tombé dans l’oubli Yerodia Abdoulaye Ndombasi et qui a fait des dégâts dans la conscience des Congolais en appelant à la chasse et au pogrom des Rwandais qui résidaient en RDC de Laurent Désiré Kabila.

Yerodia Ndombasi, l’un des quatre vice Présidents de la RDC sous Kabila Père. Il écope un mandat d’arret international de la justice belge pour avoir appelé au pogrom de Rwandais vivant sur le territoire congolais au cours de la Guerre Congo II. Il meurt sans comparaître.

Ce ministre des Affaires étrangères puis l’un des quatre vice-présidents de la transition (2003-2006) de la RDC est tristement célèbre par son discours ouvertement haineux à l’encontre des Tutsi congolais enregistré dans une vidéo filmée en 1998 : « Des microbes qu’il faut qu’on éradique avec méthode ». Les discours de Yerodia Ndombasi sont ouvertement racistes. Il dira ainsi que « les Tutsi risquent de connaître la triste expérience des juifs : ils sont perfides, brutes, rancuniers et sanguinaires ». Pour finir, « Si vous ne retournez pas chez vous, on vous mettra des bâtons dans le derrière pour s’assurer que vous partiez ».

Et pourtant, le code de la nationalité congolaise du 5 janvier 1972, modifié par la Loi no 81 – 002 du 29 juin 1981 sur la nationalité, rappelle que les Tutsi de la République Démocratique du Congo (Banyamulenge) et les Congolais rwandophones de toute ethnie (Banyarwanda) sont de plein droit de nationalité congolaise. Ils y sont natifs depuis plus de 4 siècles.

Résultat ? Plus d’un demi million de congolais rwandophones de l’Est de la RDC sont jetés hors du pays ou mieux, ils en étaient chassés pour le Rwanda, l’Uganda, le Burundi et la Tanzanie par la horde des Hutu génocidaires rwandais en 1994-5 qui sont allés élire des foyers de guérilla sur les grands espaces du Nord Kivu (Masisi, Rutschuru…) délaissés par ceux-là.

En faisant de telles gratuites déclarations incendiaires, Muzito vient de commettre un crime contre l’humanité. Il tente de soulever les citoyens congolais les uns contre les autres pour le fait que ces ‘uns’ sont des rwandophones.

Ces tristes déclarations fracassantes de Muzito n’ont pas été appréciées par les politiciens dont le très volubile ancien ministre de la Communication et des médias, Lambert Mende Omalanga.

Lambert Mende trouve que Muzito se fait une publicité des médias de façon criminelle en parlant de guerre contre le Rwanda comme s’il tente de révolter le peuple congolais entier contre le Rwanda, les Rwandais et les Congolais rwandophones

Pour lui,
« Une guerre on sait comment elle commence et jamais quand elle se termine. Je ne sais pas comment mon frère Adolphe Muzito a déjà participé à une guerre pour pouvoir parler comme ça, pour déclarer une guerre à un pays voisin, reconnu par l’Union Africaine. Quelle sera la position du Gouvernement congolais puisque le Rwanda ne nous a pas déclaré la guerre… A mon avis l’alternance a réussi. C’est une expérience nouvelle qui nous pousse à nous dépasser chacun à faire en sorte que les Congolais puissent trouver le sens de la communauté de l’Etat… », a dit Lambert Mende Omalanga au cours d’un récent débat télévisé critiquant la triste sortie de ce politicien qui joue sur la fibre nationaliste des Congolais ayant naturellement des sentiments très primaires.

Rédigé par Jovin Ndayishimiye Le 8 janvier 2020
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