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La garde présidentielle a été mise en cause dans l'attentat qui a coûté mercredi la vie aux Présidents du Rwanda et du Burundi. Jeudi, la capitale Kigali a été en proie aux pillages et aux meurtres. Trois observateurs de l'ONU, le Premier ministre et dix-sept prêtres ont été abattus, alors que trois ministres étaient enlevés.
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Dès l'attentat connu, les soupçons se sont portés sur les quelques 200
anciens rebelles tutsis du FPR (Front patriotique rwandais), installés
à Kigali depuis la signature des accords de paix, en août à Arusha, en
Tanzanie. Coupables tout désignés d'un coup d'Etat contre l'homme fort
du régime, les rebelles tutsis, faisait-on remarquer hier dans la
capitale rwandaise, ne pouvaient pas matériellement réaliser un tel
attentat depuis que leurs armes lourdes ont été saisies par les
militaires des Nations Unies. Ils n'auraient aucun intérêt aujourd'hui
à interrompre de façon violente un processus de transition qu'ils ont
ardemment souhaité. D'autant que si ce processus traîne aujourd'hui
désespérément en longueur, la responsabilité en incombait
exclusivement au chef de l'Etat, accroché à un pouvoir qu'il exerçait
sans partage depuis 1973.
Un point de vue que l'avis de plusieurs diplomates est venu étayer
hier. Selon eux, les deux roquettes tirées contre l'avion présidentiel
sont parties du quartier Kanombé où se trouve la plus grande partie
des effectifs de la Garde Présidentielle. Longtemps soupçonnée
d'abriter en son sein l'aile la plus radicale de l'intransigeance
hutue, ce bataillon de « fidèles » du président Habyarimana a traversé
récemment de nombreuses turbulences tant au sein de sa hiérarchie
qu'au niveau de sa base. Fer de lance de la guerre contre la guérilla
tutsie, la Garde Présidentielle a perdu de nombreux hommes aux combats
et les nouvelles recrues, des Hutus originaires du sud du pays à la
frontière du Burundi voisin n'auraient guère apprécié la récente mise
à l'écart de certains de leurs officiers par le Président
lui-même. C'est ce recentrage musclé de la garde présidentielle, sur
fond d'un processus de transition ouvrant la politique rwandaise à la
minorité tutsie, qui aurait déclenché la colère des militaires, connus
au Rwanda pour le maintien des privilèges ethniques.