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Suite à une initiative française, le Conseil de sécurité des Nations
unies débattait hier d'un projet de résolution visant à renforcer les
effectifs de la Mission de l'ONU en République démocratique du Congo
(MONUC). Texte largement inspiré du dernier rapport du secrétaire
général des Nations unies sur la situation dans la région des Grands
Lacs (RDC, Rwanda, Burundi, Ouganda), dans lequel Kofi Annan demandait
un renforcement des effectifs de la MONUC, qui passeraient de 10 500 à
23 900 hommes. Dans un premier temps, Washington avait fait grise mine à
cette proposition, laissant entendre que le problème était moins
d'augmenter les effectifs que d'étudier les conditions d'une meilleure
utilisation de ceux déjà présents.
À Kinshasa, le processus de paix, initié l'an passé avec la mise en
place des institutions de la transition, vient encore d'être fragilisé
par la démission d'Azarias Ruberwa, l'un des quatre vice-présidents de
la RDC et par ailleurs président du Rassemblement congolais pour la
démocratie (RCD), ex-rébellion de la région du Kivu, frontalière avec le
Rwanda et le Burundi. Cependant, il convient de noter que des
responsables de cette mouvance ont rejeté la décision d'Azarias Ruberwa
de suspendre la participation du RCD aux institutions de la transition.
« Répondant aux attentes du peuple congolais de sortir de la crise
multiforme dans laquelle il est plongé depuis de nombreuses années et
respectueux de l'accord global, les membres du RCD, restés au siège du
parti (à Kinshasa), ont décidé de poursuivre leur participation dans
toutes les institutions de la transition », indique une déclaration
signée notamment par le secrétaire général du RCD, Francis Bedie, le
premier vice-président du bureau du Sénat, Émile Ilunga, le ministre de
la Défense, Jean-Pierre Ondekane, le ministre de l'Enseignement
supérieur, Joseph Mudumbi... « Le deuil (consécutif au massacre de
Gatumba - NDLR) étant levé dans toutes les fédérations du parti, les
camarades présents à Goma - capitale du Nord-Kivu - sont invités à
rejoindre Kinshasa, siège des institutions et du Rassemblement congolais
pour la démocratie », ajoutent les signataires.
Pour ajouter encore à la confusion, les anciens collaborateurs du
maréchal Mobutu tentent d'exploiter cette nouvelle phase de
l'interminable crise déstabilisant le pays pour opérer leur retour
politique. Ex-ministre de la Défense et ex-chef des services secrets de
Mobutu, Honoré Gbanda accusait dimanche dernier, depuis Bruxelles,
Azarias Ruberwa de préparer, en liaison avec le président rwandais Paul
Kagame, la sécession des provinces congolaises du Kivu. « Les deux
personnes ont arrêté leur stratégie. Selon des informations en ma
possession, le week-end dernier, un avion venant de Nairobi a livré à
Goma plusieurs milliers de tenues militaires et insignes de l'armée
congolaise qui seront remis aux soldats rwandais et banyamulenge »
(Congolais rwandophones), ajoutait l'ancien responsable du renseignement
auprès du défunt maréchal-gangster qui, durant des décennies, a mis en
coupe réglée les richesses de ce qui s'appelait alors le Zaïre. Pour
faire bonne mesure, Honoré Gbanda taxait implicitement le président
congolais Joseph Kabila de laxisme, pour avoir mis en place un
gouvernement de transition dont « le degré d'infiltration ne lui permet
pas de réagir »...