Citation
Cher Bruno,
Merci de cette lettre en toute amitié dans laquelle il apparaît évident que tu n’as pas lu mon dernier livre sur le Rwanda. Tirer à tort et à travers, sur un compagnon d’arme, est d’une grande élégance et me surprend de la part d’un président qui pourrait prendre, après toutes ces années, le temps de la réflexion et témoigner du respect pour d’autres points de vue que le sien, le respect des compagnons d’arme que j’ai tant apprécié de mes camarades.
Je remarque que tu évites soigneusement le sujet de fond, le génocide des Tutsi au Rwanda, le dernier génocide du XXº siècle, le seul que nous aurions pu empêcher. Un million de morts en 100 jours, mieux vaut ne pas l’évoquer ?
Contrairement à ce que tu affirmes, je n’ai pas attendu 24 ans pour en parler, car j’en parle depuis 1994… avec des fortunes diverses et beaucoup de pression pour que je me taise, comme tu viens de le faire. C’est pour cela que j’ai voulu publier en 2018 ce témoignage écrit, que nos mémoires ne puissent pas s’effacer et que le silence ne devienne pas amnésie.
Je ne sais comment te remercier de cette condamnation pour « parjure » qui me conforte dans la nécessité de persévérer.
Les « hommes », lorsqu’ils veulent donner des leçons de morale, s’oublient le plus souvent, les officiers aussi.
Amitié Saint-Cyrienne