Citation
Le procès de l'évêque de Gikongoro (sud-ouest du Rwanda), Mgr Augustin
Misago, s'est ouvert en fin de semaine dernière à Kigali. Vêtu du
costume rose des prisonniers, le prélat a comparu devant les juges après
quatre mois d'incarcération à la prison centrale de la capitale
rwandaise depuis son arrestation le 14 avril. Les chefs d'accusation
retenus contre lui sont « génocide et crimes contre l'humanité,
non-assistance à personne en danger, incitation au meurtre et complicité
dans le génocide ».
Dans un ouvrage récent, Rwanda : l'honneur perdu de l'Église, publié par
la revue catholique française Golias (BP 3045, 69605 Villeurbanne
Cedex), sont évoqués notamment des témoignages dénonçant le refus par
Mgr Misago d'héberger en son évêché des religieux et religieuses tutsi.
Il aurait même laissé libre accès aux miliciens « interahamwe »
(littéralement : ceux qui frappent ensemble) à son presbytère pour
s'emparer des rares ayant pu y accéder. Ce n'est pas tout : Mgr Misago
est resté sourd aux appels lancés notamment par un prêtre, l'abbé Joseph
Niyomugabo, et plusieurs religieuses, présents à Cyanika pour venir en
aide à plus de 10 000 réfugiés parqués dans le presbytère et qui y ont
été finalement massacrés le 21 avril 1994. L'abbé Niyomugabo fut
lui-même supplicié quatre jours plus tard, sans que cette nouvelle
atrocité ne suscite la moindre réaction de l'évêque de Gikongoro. Dont
les bonnes relations avec le préfet Laurent Bucyibaruta, premier
organisateur des tueries dans cette région, étaient par ailleurs connues
de longue date.