Fiche du document numéro 24010

Num
24010
Date
Dimanche 17 mars 2019
Amj
Fichier
Taille
243023
Pages
4
Titre
Base de données France Génocide Tutsi - Lettre d'information n° 2
Source
FGT
Type
Lettre
Langue
FR
Citation
1

Base de données France Génocide Tutsi
http://francegenocidetutsi.org
Lettre d’information no 2
17 mars 2019
encore à traiter. Cependant, ces informations ne permettent pas de suivre
454 photos sont chargées. On le déroulement des massacres.
La base de données “France gé- y accède par le moteur de renocide tutsi” (FGT) comporte ac- cherche en choisissant Type =
tuellement 7.905 documents ac- Photo. De même, Type = Carte Mort de Fred Rwigema
cessibles par le site web http: géographique, photo aérienne ou
//francegenocidetutsi.org. Plu- satellite donne accès aux cartes, en
Dans son livre Paul Kagame, un
sieurs rubriques nouvelles ont été particulier celles des districts actuels De Gaulle africain, Philippe Larcréées depuis la lettre n° 1 : docu- du Rwanda.
dinois relève que « le 2 octobre,
ments de la MINUAR, des USA, de
Fred Rwigema est tué d’une balle en
la Nouvelle Zélande, de la République
plein front à Nyabwishongwezi » par
tchèque, du FPR. Une rubrique “Mul- Statistiques
les FAR (p. 46). Contrairement à
timédia” donne accès à des vidéos en
ce qu’écrit Gérard Prunier (21 déVoici les sources de documents les
ligne (YouTube) ou sur le site web, de
cembre 2018), on lit dans le livre de
même à quelques émissions de radio. plus fréquentes :
Pascal Simbikangwa La guerre d’ocSource
Fréq.
tobre que, le 2 octobre 1990, l’escaIl est recommandé de copier, de
Reuters
739
dron A du bataillon de reconnaissance
diffuser les documents de ce site et
MINUAR
404
s’avance dans le couloir de Nyabwimême de recopier tout le site. Il n’est
TPIR
346
shongwezi, perd deux véhicules et se
pas interdit d’y faire référence.
L’Humanité
326
replie. « Mais on vient de laisser
Des courriels à propos de
Le Monde
262
Rwigema gisant mort. Touché morcette base de données peuvent
Billets d’Afrique
258
tellement, celui qui croyait conquéêtre
envoyés
à
l’adresse
:
Quai d’Orsay
233
rir le Rwanda sans efforts et en
contact@francegenocidetutsi.org
ONU
209
moins de six jours aux moindres frais
Les commentaires qui suivent sont
Libération
177
n’aura parcouru que deux kilomètres
tous relatifs à des documents présents
Élysée
174
en territoire rwandais en un jour et
sur ce site web.
demi, rendant son âme avec un grand
Amb. France, Kigali
169
nombre de ses subordonnés » (p. 136).
Getty (photos)
140
Plus
loin, Simbikangwa décrit comAFP
118
ment
les successeurs de Rwigema, les
New Zealand
111
majors
Peter Bayingana et Chris BuKangura
97
Moteur de recherche
nyenyezi,
ont été tués à Ryabega le
Mission d’information
92
21
octobre
1990 (pp. 197-198). SimbiUS Dep. of State
84
Une nouvelle version du moteur
kangwa,
après
le rejet de son pourvoi
Jeune Afrique
81
de recherche http://78.217.242.21
en
cassation
le
24 mai 2018, a été déLe Soir
74
a été installée. Elle donne accès à
finitivement condamné pour génocide
la fiche associée à chaque document
par la justice française.
permettant d’en déterminer l’origine. Chronologie
La recherche se fait sur ces fiches et
non sur les documents (en général des
Des notes de situation de la Mi- Guerre contre les Tutsi
fichiers au format pdf). Progressive- nuar (Sitrep), des dépêches Reuters,
ment, le texte de ces documents va permettent de suivre le déroulement
Dès octobre 1990, l’amiral Lanêtre extrait par reconnaissance de ca- des événements durant la période du xade et le président Mitterrand sont
ractères (OCR) et placé dans la fiche. génocide. Des dépêches AFP restent en guerre contre les « forces tut-

État de la base FGT

Photos, cartes

2
sies » (Lanxade, 11 octobre 1990).
Les hélicoptères de combat, fournis
par la France, ont épuisé toutes leurs
roquettes, le président est d’accord
pour les réapprovisionner (Lanxade,
8 octobre 1990). De juin 1991 à janvier 1992, le lieutenant-colonel Chollet, chef du DAMI, forme des unités des FAR au combat et à la pose
de mines antipersonnelles (Chollet, 10
juin 1991) ! Un commando recruté
parmi les élèves de l’école de gendarmerie de Ruhengeri (EGENA), formés
par des coopérants français, participe
aux massacres du Bugesera (Swinnen, 27 mars 1992). Le texte définissant l’ennemi comme le Tutsi, rédigé en français, est diffusé le 21 septembre 1992. La préparation du génocide passe alors dans sa phase opérationnelle. Dans son discours du 22 novembre 1992, Léon Mugesera appelle
déjà au massacre. Les Français présents à Kigali n’auraient rien vu, rien
entendu ? L’attaché de Défense René
Galinié, dit craindre que le conflit dégénère en guerre ethnique et évoque
l’élimination des Tutsi par les Hutu
(Galinié, 12, 24 octobre 1990).

avait déjà envisagé l’élimination phy- Jean Carbonare
sique des Tutsi par les Hutu (Galinié,
La voix de Jean Carbonare qui,
supra). Il est remplacé après avoir critiqué le colonel Serubuga, chef d’état- revenant du Rwanda, alertait les témajor adjoint de l’armée, (Galinié, 4 léspectateurs le 28 janvier 1993 sur
France 2, est la meilleure réponse à
avril 1991).
tous ceux qui prétendent que le génocide des Tutsi n’a pas été préparé
(Une du site).
Auto-défense

Kangura

Le 8 avril au soir Kofi Annan informe Boutros Boutros-Ghali qu’un
avion français vient d’atterrir à Kigali.
Ceci confirme ce que l’adjudant José
de Pinho écrit dans Comprendre le géMonique Mas (RFI)
nocide rwandais, témoignages, révélations, analyses, à savoir qu’un TransMonique Mas, journaliste à RFI, a all français s’est posé à l’aéroport et
fourni les documents qu’elle cite dans a aussitôt redécollé entre 19 et 20
son livre Paris-Kigali 1990-1994 ; Lu- heures (pp. 96-97). Ce coopérant milinettes coloniales, politique du sabre et taire français déclare également qu’un
onction humanitaire pour un génocide avion a débarqué 20 CRAP du 1er
en Afrique . Ils sont dans la base FGT. RPIMa le soir du 7 avril (pp. 88-90),
information non recoupée jusqu’ici.

Une collection de Kangura (pas entièrement complète) a été chargée sur
FGT. On remarquera que Kangura
no 6 contient, écrit en français, l’Appel à la conscience des Bahutu, suivi
des Dix Commandements. Une photo
de Mitterrand le clôture.

Jean Varret
Le général Varret, démis de son
commandement de la Mission militaire de coopération en 1993, y revient
en 2018 dans Général, j’en ai pris
pour mon grade. Le 14 mars 2019, il
rappelle qu’en novembre 1990, le colonel Rwagafilita, chef d’état-major adjoint de la gendarmerie, lui réclamait
des armes et lui expliquait que « les
Tutsis ne sont pas très nombreux, on
va les liquider ». L’attaché de Défense

La « fidélité des paysans qui
participent de plus en plus à l’action militaire à travers des groupes
d’auto-défense armés d’arcs et de machettes » est relatée par l’attaché de
Défense (Galinié, 13 octobre 1990). Le
colonel Canovas note « la hargne »
et « le zèle » des populations dans la
zone de Ruhengeri, lors des opérations
de ratissage et de contrôle routier (Extraits du rapport Canovas, 30 avril
1991). Le colonel Cussac informe Paris
de la distribution d’armes de fabrication française à la population du nord
du Rwanda par la gendarmerie. Il s’en
inquiète auprès du colonel Rwagafilita
qui lui répond qu’il manque de personnels (Cussac, 22 janvier 1992). Le
colonel Bagosora organise les distributions d’armes (Agenda du colonel Bagosora, 1993). Il se dit très proche du
lieutenant-colonel Jean-Jacques Maurin (Juge Bruguière, 18 mai 2000).

Nsanzuwera
L’ancien procureur Francois Xavier Nsanzuwera, dans une lettre au
ministre de la Justice du 20 mai
1997 à propos des assassinats d’Emmanuel Gapyisi et de Félicien Gatabazi, contredit les accusations contre
le FPR.

Sam 16 ou Mistral ?
Contrairement à ce qu’affirment
les experts commis par le juge Trévidic (Oosterlinck, 5 janvier 2012), le
missile Mistral de Matra était exporté
avant 1994 et les FAR en disposaient
de 15 (Annan, 1er septembre 1994).
Des Mistral dans l’attentat du 6 avril
1994 ? Les militaires français ont vu
des débris de missiles (Fiche en possession du ministère de la Défense tendant à montrer que le FPR avec la
complicité de l’Ouganda est responsable de l’attentat, 1998).

Un avion français le 8
avril 1994

Rusatira
l’AMASASU

dénonce

Lors d’une conversation téléphonique du 10 avril 1994 avec Joyce Leader, n° 2 de l’ambassade des États
Unis à Kigali, repliée à Nairobi, le colonel des FAR Léonidas Rusatira dé-

3
clare que la mort du président était
la provocation nécessaire pour déclencher un plan élaboré depuis longtemps. Il accuse l’organisation secrète AMASASU d’avoir commandé
les atrocités à Kigali. Avec d’autres
officiers supérieurs, les colonels Gatsinzi et Rwabalinda, il a rencontré le
ministre de la Défense Augustin Bizimana le 9 avril pour lui demander de
condamner les atrocités et démanteler le groupe qui les commet. Il prie
les États-Unis d’encourager une intervention française ou belge pour stopper l’escalade des combats et protéger
les Rwandais (Brazeal, 12 avril).

DGSE
La DGSE présentait un point de
vue différent de celui de l’état-major
des armées et des autres services secrets français. La fiche du 18 février
1993 explique l’attaque du FPR du 8
février 1993 par les massacres de Tutsi
et d’opposants. Elle émet l’hypothèse
qu’ils ont été fomentés par des proches
d’Habyarimana pour enrayer le processus des négociations d’Arusha.
La fiche du 11 avril 1994 juge
peu vraisemblable la responsabilité du
FPR dans l’attentat contre l’avion
d’Habyarimana. Celle du 22 septembre 1994 estime que les colonels
Bagosora et Serubuga sont les commanditaires probables.
Dans son audition du 8 juillet
1998, Claude Silberzahn, ancien directeur de la DGSE, déclare avoir regretté, dès 1991, l’engagement croissant de l’appareil militaire français
dans l’affaire du Rwanda et préconisé,
dès 1992, le désengagement militaire
de la France.

aux discussions du Conseil de sécurité en 1994, en particulier lors des
réunions informelles. Il s’agit en particulier de documents de Colin Keating,
représentant aux Nations unies de la
Nouvelle Zélande (NZ UN Mission),
de Karel Kovanda, représentant de la
République tchèque (CZ UN Mission),
de Madeleine Albright pour les ÉtatsUnis (US UN Mission) et David Hannay pour le Royaume uni (UK UN
Mission).
Le 29 avril 1994, la déclaration
présidentielle du Conseil de sécurité
est débattue (Kovanda, 29 avril ; Keating, 29 avril). Le rôle ambigu des
NAM (Non Aligned Members) est
souligné par Colin Keating. Selon eux,
le mot « génocide » empêcherait les
pourparlers de cessez-le-feu (Keating,
30 avril). La France et le Rwanda
ont fait retirer de cette déclaration la
phrase affirmant que les forces gouvernementales étaient responsables de
l’essentiel des massacres (Keating, 2
mai).
Le représentant de l’Espagne envisage d’enquêter sur les massacres
(Hannay, 26 avril). Il rédigera un projet de résolution sur une commission
d’experts chargés d’enquêter sur un
possible génocide. Ce projet est prêt
à la mi-juin 1994 (Keating, 14 et 15
juin). Il n’est soumis au vote que le
1er juillet où il permet de passer au second plan le rapport du Représentant
spécial de la Commission des Droits
de l’homme, René Degni-Segui, qui,
publié le 28 juin, conclut qu’il y bien
eu génocide. Les experts composant
cette commission ne seront nommés
par Boutros Boutros-Ghali que le 1er
août. Ils ne concluront au génocide
que le 4 octobre.

Nous n’avons pas le moyen de le faire
et nos soldats ne peuvent pas être
les arbitres internationaux des passions qui, aujourd’hui, bouleversent,
déchirent tant et tant de pays ». Alain
Juppé surenchérit, en déclarant le 11
mai à l’université John Hopkins de
Washington : « Je ne crois pas que
la communauté internationale puisse
aller faire la police partout sur la planète et envoyer, partout où les gens
se battent, des forces d’interposition ».
Il reconnaît le 18 mai qu’il y a génocide, mais le 16 juin il y met un
« s » en disant que la France « exige
que tous les responsables de ces génocides soient jugés ». Après avoir obtenu un mandat pour intervenir sous
chapitre VII de la Charte des Nations
unies, on lit dans une note du Quai
d’Orsay du 15 juillet : « L’attitude à
adopter à l’égard des personnalités politiques de Gisenyi, dont la quasi totalité est jugée responsable des massacres, doit être définie. À ce stade, il
n’existe pas de disposition prévoyant
leur arrestation et leur jugement »
(Note n° 1963/DAM). Une bonne partie du Gouvernement génocidaire restera à Cyangugu dans la Zone humanitaire du 14 au 18 juillet, les derniers
ne partant que le 19 (Duclos, 22 mai
1998, K76).

Fournitures d’armes

Le 16 avril 2014, Hubert Védrine
dit devant la commission de la Défense nationale et des Forces armées
de l’Assemblée nationale : « Donc il y
a eu des livraisons d’armes pour que
l’armée rwandaise soit capable de tenir le choc. Parce que s’il n’y avait
pas d’armée capable de tenir le choc,
vous pouvez oublier Arusha et tout le
Il n’y a plus les éléments, il n’y
Laisser faire le géno- reste.
a plus le levier pour obtenir un comConseil de sécurité
promis politique. Donc, il est resté des
cide
À l’occasion du colloque “Interrelations d’armement et ce n’est pas
national Decision-Making in the Age
François Mitterrand déclare le 10 la peine de découvrir sur un ton ouof Genocide : Rwanda 1990-1994 ”, mai 1994, en plein génocide : « Nous tragé qu’il y a eu des livraisons qui
qui s’est tenu à La Haye les 1er-2 ne sommes pas destinés à faire la se sont poursuivies » (vidéo à la Une
juin 2014, plusieurs participants ont guerre partout, même lorsque c’est de FGT). Cette bévue a été bien vite
rendu publics des documents relatifs l’horreur qui nous prend au visage. rattrapée et n’apparaît pas dans le

4
compte-rendu officiel (Patricia Adam,
16 avril).
Védrine répète souvent que la
France a fait pression pour faire signer les accords d’Arusha (Védrine, 15
juin 2004). Il semble ignorer que ceuxci comportaient un accord de cessezle-feu (18 août 1992) qui interdisait
les livraisons d’armes. La France les
poursuit en 1994, le 21 janvier et le 9
avril pour ce qui est bien établi. Dans
un livre paru en 2019, le général Bentégeat écrit : « Quand l’ampleur des
massacres apparaît (500 000 morts),
Mitterrand décrète, sur proposition de
Balladur, un embargo total sur les
armes à destination du Rwanda ».
Védrine affirme que ces armes
n’ont pas servi au génocide. C’est
faux, car les unités d’élite de l’armée
rwandaise (FAR) sont le fer de lance
des massacres. Le 7 avril 1994, les
Casques bleus belges sont ciblés par
des automitrailleuses françaises (Dewez, 20 septembre 1995). Les FAR
fournissent les miliciens en armes (Hélène, 17 mai 1994). Les miliciens faisaient appel à l’armée pour venir à
bout de la résistance des Tutsi (Chatain, 13 juin 1994 ; Otto Mayer 1er
septembre 1994 ; African Rights, Bisesero Résistance au génocide, 1998,
Murambi, Pars. Si tu meurs, je vivrai
peut être, avril 2007).
Ces livraisons se sont poursuivies alors que l’armée rwandaise était
repliée au Zaïre (Patrick de SaintExupéry, 24 juin 2017 ; Guillaume Ancel, 29 août 2014 ; Walfroy Dauchy, 12
mars 2019).

Denard au Rwanda
La lettre qu’Augustin Bizimana
adresse à Jean Kambanda le 13
septembre 1994 à propos d’achats
d’armes ou de services, fait mention
d’un contrat d’assistance passé par
le gouvernement génocidaire avec un
certain Martin qui s’est révélé être
le nom d’emprunt du mercenaire Bob
Denard (Survie, 1er février 2018).
L’ordonnance de soit-communiqué
du juge Bruguière avait déjà révélé

la présence au Rwanda de JeanMarie Dessales, avec qui Denard mènera son dernier coup aux Comores
en 1995. Cette intervention de Denard au Rwanda impliquerait-elle son
commanditaire, Jacques Foccart, et
Jacques Chirac ? Y a-t-il eu un accord entre Mitterrand et Foccart sur
la base du constat qu’avec les accords
d’Arusha le Rwanda échappait au précarré français et de la nécessité de s’y
opposer ?

le FPR est encore loin de Kibuye
(DRM, 28 juin 1994).
Alors que le commandement français prétend que le lieutenant-colonel
Duval alias Diego n’a pas rendu
compte de sa rencontre le 27 juin 1994
avec des Tutsi traqués à Bisesero, une
vidéo du lendemain montre le sergent
Meynier informant de cette situation
tragique le colonel Rosier qui semble
ne pas s’en inquiéter (Arfi, 25 octobre
2018). Il ne donnera pas d’ordre de
leur porter secours mais préfère évacuer en hélicoptère des religieuses. Il
Jean Chatain
répétera aux journalistes que des combattants du FPR sont arrivés dans les
Les reportages de Jean Chatain
collines de Bisesero et terrorisent la
publiés en mai-juin 1994 dans L’Hurégion (Duquesne, France 2, 27 juin
manité, écrits avec une émotion re1994 Dernière).
tenue, rappellent l’horreur des massacres que découvrent les combattants
du FPR dans l’est du Rwanda.
Archives des USA

Seychelles
L’achat d’armes aux Seychelles en
juin 1994 a été dénoncé par Human
Rights Watch (Rwanda/Zaïre, Rearming with Impunity, 1995). Il a donné
lieu à une commission d’enquête de
l’ONU sur les violations de l’embargo
décidé le 17 mai 1994 par le Conseil
de sécurité. Celle-ci a révélé le rôle
d’une banque française, la BNP, dans
la transaction. Des documents réunis
dans la base FGT ont alimenté une
plainte en justice contre la BNP, déposée par Sherpa, Ibuka et le CPCR
étant parties civiles.

Bisesero
Pauline Nyiramasuhuko, ministre
de la Famille du Gouvernement intérimaire, note qu’au Conseil des ministres du 17 juin 1994 il est dit que
« Gisenyi sera attaqué depuis Bisesero
et Kabuhanga (Gisenyi) » (Agenda
de Nyiramasuhuko, 18-19 mai). Le
22 juin, François Léotard déclare en
Conseil restreint que le FPR fait effort
vers Kibuye. La carte de la ligne de
front du 28 juin que le général Quesnot présente à Mitterrand montre que

Des documents du Département
d’État ont été déclassifiés et chargés dans FGT. Dès le 15 juin 1994,
la question de l’arrestation des présumés coupables est abordée par les
diplomates états-uniens. Ils semblent
avoir été les plus actifs pour constituer
un tribunal devant juger les criminels
présumés (TPIR). Le 1er septembre,
ils soumettent le premier projet de tribunal qui limite sa compétence aux
crimes commis à partir du 6 avril
1994. La France ne serait donc pas à
l’origine de la limitation de la compétence du TPIR à l’année 1994 ! En
réalité, la France aborde cette question du tribunal « à reculons ». Le
13 juillet 1994, François Rivasseau du
Quai d’Orsay soutient que la France
n’a pas de mandat pour arrêter les
coupables et que la Convention contre
le génocide n’est pas intégrée dans le
droit français (Bohlen, 13 juillet). Or
elle l’est depuis le nouveau Code pénal
du 1er mars 1994. Le 12 août, le Quai
d’Orsay rejette la proposition américaine d’arrêter les coupables présumés avant la formation du tribunal
(Harriman, August 12). Le 24 août,
Louis Joinet, conseiller à l’Élysée, estime que « le fait de passer l’éponge
sur les exécutions est une condition de
la réconciliation » (Carle, 24 août).

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