Citation
A priori, « Turquoise » est une opération humanitaire. Pourquoi donc
déployer un tel arsenal? La réponse tient en quelques mots extraits,
d'un document officiel et confidentiel. C'est un officier français qui
parle: « Nous avions le souci (NDLR: pendant l'opération
« Turquoise ») de distinguer l'information concernant les
opérations humanitaires des autres relevant du secret militaire. »
Comme « Noroît », « Turquoise » est une opération à double
volet. L'« humanitaire} » est affiché officiellement, le
« secret militaire » ne devrait pas avoir de raison d'être.
Il est là pourtant. « Dans les premiers jours de « Turquoise »,
raconte un officier qui tient à garder l'anonymat, nous avons eu
l'ordre d'avancer sur Butare. A ce moment-là, nos instructions étaient
très claires: il était envisagé d'aller jusqu'à Kigali (NDLR: à cette
époque, la capitale rwandaise est en train de tomber aux mains de la
rébellion). Ces ordres ont été annulés au tout dernier moment. »
En créant une « zone humanitaire sûre » (ZHS), la France est
soupçonnée d'avoir couvert la fuite des assassins et de leurs
commanditaires politiques.
Les soldats français n'ont globalement pas porté assistance aux
assassins, mais ils ne les ont pas non plus arrêtés.
Pour rétablir un semblant d'ordre, les militaires français ont dû
commencer par s'appuyer sur les aotorités en place :
« Je suis allé voir le préfet de Cyangugu pour lui ordonner d'user de
son influence afin de calmer les extrémistes », raconte un officier.
« Il m'a traité de néo-colonialiste. Je lui ai répondu :
Prenez-le comme vous voulez, mais arrêtez vos c...} »
« Quant à enquêter sérieusement pour réunir des preuves sur les
massacres, nous n'en avions pas les moyens, remarque l'un de ces
militaires, il aurait fallu une opération d'une bien plus grande
envergure. »