Fiche du document numéro 18761

Num
18761
Date
Samedi 27 novembre 2004
Amj
Auteur
Fichier
Taille
229871
Pages
2
Titre
Transcription de l'interview d'Hubert Védrine diffusée dans le documentaire « Tuez-les tous ! »
Nom cité
Fonds d'archives
Type
Interview
Langue
FR
Citation
INTERVIEW D’HUBERT VEDRINE PAR RAPHAËL GLUCKSMANN

POUR SON DOCUMENTAIRE « TUEZ-LES TOUS ! RWANDA :
HISTOIRE D’UN GENOCIDE “SANS IMPORTANCE” » (2004)

Visible à partir de ce lien :
https://www.youtube.com/watch?v=uPuakHztdDM

HUBERT VEDRINE DANS LE DOCUMENTAIRE DE RAPHAËL GLUCKSMANN (2004)

NB. – Les principaux bégaiements ont été supprimés.

Sur la situation après l’attentat

[01 h 15’ 36’’]

Hubert Védrine : Donc il y a une situation dans laquelle on se dit, bon, il y a les massacres qui se sont développés à l’intérieur dès l’assassinat des deux Présidents dans l’avion. Mais par ailleurs, le FPR et l’Ouganda essaient d’en profiter pour envahir le pays. Donc il peut y avoir des responsables français, notamment militaires à l’époque, qui…, qui aient vu le deuxième aspect. Je ne sais pas, avec le recul, ça…, ça paraît une erreur ça. Une erreur dans cette petite…, dans cette petite période.

Sur la visite de Bicamumpaka et de Barayagwiza à Paris le 27 avril 1994

[01 h 19’ 48’’]

Hubert Védrine : Politiquement, il est clair avec le recul qu’ils auraient mieux fait de s’abstenir de ces contacts. Mais j’imagine que, dans le feu de l’action, il faut… Qu’est-ce qu’il y a comme autre responsable au Rwanda à l’époque ? Il n’y a personne ! Recevoir le FPR à ce moment-là, c’est reconnaître le fait que, en Afrique, on peut changer un régime par une opération militaire montée depuis un pays étranger. C’est exactement ce que la France essaie de…, d’empêcher depuis des décennies.

Sur l’opération Turquoise

[Voix off : Elaboré à l’Elysée, le plan originel de l’opération Turquoise consiste à entrer au Rwanda par le Nord et à marcher sur Kigali]

[01 h 20’ 51’’]

Hubert Védrine : On s’est dit : « Tant qu’à y aller, autant sécuriser le plus possible le pays ». Donc, autant intervenir dans la zone la plus large possible ! Pour essayer de mettre un terme aux massacres. Massacres qui peuvent entraîner des contre-massacres ou des vengeances, bon. Donc si on y va, on va essayer d’y aller largement. Donc, il y a eu en effet des études pour savoir si… la France pouvait intervenir partout ! Ou dans des…, en tout cas des corridors partout qui coupent le pays. Peut-être aller jusque Kigali si c’était nécessaire, si c’était utile.

[…]

[01 h 21’ 33’’]

Hubert Védrine : Le FPR à l’époque, c’est encore une fois une…, une armée tutsi de l’extérieur qui n’existerait pas sans une logistique ougandaise ! Ougandaise. Donc, après tout, s’il y avait eu un affrontement, ça aurait été le…, quel que soit le régime du Rwanda, ça aurait été l’application de…, de l’accord de défense entre la France et le Rwanda. C’est pas ce qui a été fait finalement. Mais…, le FPR…, comment dire…, en termes de…, de légalité internationale, de légitimité internationale, le FPR n’est pas plus…, avait moins le droit de prendre le pouvoir par la force à Kigali, avec l’armée de l’Ouganda, que la France de mettre en œuvre les accords de défense.

Sur l’absence de présentation d’excuses par la France

[Raphaël Glucksmann : On a vu…, en fait, une sorte de procession à Kigali de chefs d’Etat occidentaux, qui sont…, qui sont venus s’excuser de…, de n’avoir pas agi ou d’avoir mal agi. Et, est-ce que…, est-ce que la France…, donc la France ne s’inscrit clairement pas dans cette logique de repentance vis-à-vis de…, vis-à-vis du Rwanda]

[01 h 29’ 54’’]

Hubert Védrine : Oui, c’est une espèce de mode un peu religieuse, là, mais, bon. Donc, la manie de la contrition. Je ne sais pas. Il y a eu tellement d’horreurs depuis la nuit des temps qu’on pourrait y passer des journées entières à expier tout ce qu’on a fait les uns par rapport aux autres. Sur tous les plans.
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