Citation
PRÉSIDENCE
DE LA
RÉPUBLIQUE
Paris, le 24 juin 1994
Le Conseiller à la Présidence
NOTE
à l'attention de
Monsieur le Président de la Républiage
S/C de Monsieur le Secrétaire Général Ve i x
Objet : Rwanda
1 - Situation militaire
La mise en place de notre dispositif au Zaïre, à Goma et à
Bukavu, se poursuit.
Dès aujourd'hui l'effectif atteindra 1200 hommes.
Un détachement d'une cinquantaine d'hommes a pénétré hier
après midi, à partir de Bukavu en territoire rwandais et a atteint
Cyangugu, localité proche de la frontière zaîroise, pour venir en aide à
des réfugiés tutsis. L'accueil réservé à ce détachement par la population
(tutsie et hutue) a été bon. Celle-ci se sent maintenant en sécurité et va
pouvoir bénéficier de l’aide humanitaire.
Nos unités interviendront aujourd’hui dans un rayon de 30
km à partir de Cyangugu, en direction de la ville de Kibuye au bord du
lac Kiwu.
Une cellule de coordination de l'aide humanitaire sera mise
en place cette fin de semaine à Goma.
Contrairement à ce que laisse entendre la presse, les unités
françaises n'ont pas encore quitté Goma pour Gisenyi (Nord du lac
Kiwu).
IL - Contributions étrangères
La Mauritanie (équipes médicales), le Sénégal (les premiers
Sénégalais arrivent aujourd'hui à Goma), l'Egypte (20 observateurs) ont
décidé de manifester concrètement leur soutien à notre initiative.
La Belgique, l'Allemagne, la Grande Bretagne, l'Espagne,
l'Italie et les Pays Bas ont offert une aide logistique. Nous leur
préciserons officiellement nos besoins dès aujourd’hui par notes verbales.
Les Etats-Unis ont refusé, sur pression du département) :
d'Etat, d'assurer le transfert de troupes et de matériel au Zaïre. ‘
III- Nations Unies
Un groupe de contact sera constitué à New-York pour
accélérer la mise en place de la MINUAR. Le Premier ministre doit
appeler cet après-midi, depuis Corfou, M. Boutros Ghali pour insister sur
l'urgence du déploiement de cette force des Nations-Uniés.
IV - décision à prendre
Il avait été convenu que parallèlement à notre intervention à
Cyangugu, (au profit des réfugiés tutsis), une opération serait menée
dans la région de Gisenyi, en faveur des déplacés hutus. Mais le Quai
d'Orsay est très hésitant sur une action dans la région de Gisenyi où
siège le gouvernement intérimaire.
L'Etat-major, comme nous-mêmes, souhaiterait garder
équilibre entre les deux communautés rwandaises et serait favorable à
une intervention dans cette partie du Rwanda. Il s'agit d'éviter une
réaction d'hostilité à notre égard de la part de la communauté hutue.
Donnez-vous votre accord à une action dans la région de
Gisenyi ?
Bruno DELAYE
