Fiche du document numéro 1836

Num
1836
Date
Mardi 3 juillet 2007
Amj
Auteur
Fichier
Taille
539710
Pages
1
Sur titre
Génocide
Titre
Rwanda : les archives racontent ce que savait l'Elysée
Sous titre
Des documents officiels confirment le soutien de Paris au régime de Kigali dès 1990
Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
La mission d'information parlementaire présidée par Paul Quilès en
1998 l'avait écrit : la France ne porte pas de responsabilité
directe dans l'exécution de l'entreprise génocidaire au Rwanda en
1994. Pourtant, l'action de la France dans ce pays demeure un sujet
de controverse inépuisable.


Les livres, les informations judiciaires et les accusations entre
dirigeants des deux pays se sont succédé ces dernières années. Tout
n'a pas été dit, et rien n'est clos : on ne fait jamais le tour d'un
génocide dans lequel entre 700 000 et 900 000 personnes,
essentiellement tutsies, ont été massacrées en quelques semaines, à
partir du jour - le 6 avril 1994 - où l'avion transportant le
président rwandais, Juvénal Habyarimana, a été abattu par un missile.
Depuis décembre 2005, une enquête est ouverte au Tribunal aux armées
de Paris (TAP) pour « complicité de génocide » visant l'action de
l'armée française pendant l'opération humanitaire « Turquoise ».
Cette opération, annoncée le 22 juin 1994 par le premier ministre de
l'époque, Edouard Balladur, dura deux mois. La France joua un rôle
majeur dans la mobilisation internationale, alors que la machine
génocidaire déclenchée par les Hutus contre les Tutsis tournait à
plein régime. Mais cette action n'effaça guère les interrogations,
voire les accusations, formulées au sujet de sa présence ambiguë au
Rwanda depuis la fin des années 1980.


Versées le 27 juin au dossier instruit au TAP par la juge Florence
Michon, les archives de l'Elysée fournissent une trame de la
politique française dans la région. Constituées de notes des
conseillers de François Mitterrand, de procès-verbaux de conseils
des ministres ou de télégrammes diplomatiques, elles montrent
l'obstination avec laquelle le président français a voulu soutenir
son homologue rwandais, Juvénal Habyarimana, considéré comme la
seule digue contre l'influence anglo-saxonne dans la région. Dans
une lettre au chef de l'Etat, ce dernier évoquait dès le 25 mai 1990
le « contrat de solidarité » entre les deux peuples. La France lui
apporta donc une aide politique et militaire pour contrer l'avancée
du Front patriotique rwandais (FPR) de Paul Kagamé, soutenu par
l'Ouganda voisin.


Quitte pour cela à négliger les signaux d'alerte sur les premiers
massacres en cours. Ainsi, le 15 octobre 1990, quelques jours après
l'envoi par la France du détachement de parachutistes Noroit, qui
restera trois ans sur place, l'ambassadeur à Kigali, Georges
Martres, écrit : « Les Tutsis sont convaincus que si la victoire du
pouvoir actuel était totale, le départ des troupes françaises et
belges aurait pour résultat d'aggraver la répression et les
persécutions, et conduirait à l'élimination totale des Tutsis.
 »
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