Fiche du document numéro 16894

Num
16894
Date
Mercredi 13 mars 1996
Amj
Fichier
Taille
208298
Pages
1
Sur titre
La Belgique à l'intention de demander son extradition au Cameroun
Titre
Bagosora, aux sources du génocide rwandais
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Mot-clé
Source
Fonds d'archives
VdM
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
Le colonel Théoneste Bago-
sora, arrêté ce week-end au
Cameroun, est généralement
considéré comme l'un des prin-
paux, si ce n'est le principal,
organisateur du génocide rwan-
dais du printemps 1994, Son
nom figure en première position
sur la liste des 446 principaux
commanditaires, organisateurs
et auteurs présumés du génoci-
de, publiée par Kigali, qui a de-
mandé son extradition — com-
me la Belgique a l'intention de le
faire — pour le livrer au Tribunal
international pour le Rwanda ba-
sé à Arusha, en Tanzanie.

En février 1993, Bagosora avait
annoncé qu'il «préparait l'apoca-
lypse>. Il revenait d'Arusha, où il
avait vainement tenté de torpil-
ler les pourparlers qui abouti-
raient en août 1994 à un accord
de paix et de partage du pouvoir
entre gouvernement rwandais
et rébellion tutsie du Front pa-
triotique rwandais (FPR), après
trois ans de guerre civile.

Pour cet intégriste hutu, cet ac-
cord était inacceptable, l'arrivée
au pouvoir des Tutsis signifiant
à ses yeux la fin de l'ethnie
majoritaire. Il faisait alors partie,
dit-on, de diverses organisa-
tions extrémistes hutues prépa-
rant la «solution finale»: l'«Ama-
sasu», organisation secrète
d'officiers qui ont distribué des
armes aux «interahamwe»
— ces jeunes extrémistes hu-
tus, «exécutants» du génoci-
de —, et le «réseau zéro» avec
ses escadrons de la mort impli-
qués dans des massacres de
Tutsis à partir de 1992.

Il faisait partie de «l'Akazu», pre-
mier cercle du pouvoir du prési-
dent hutu Juvénal Habyarimana,
et plus particulièrement du «clan
de madame» (épouse du prési-
dent), dirigé par les trois frères
de la présidente et développant
une méfiance croissante à
l'égard du président, l'accusant
de concessions excessives aux
«cafards» du FPR.

Le 6 avril 1994, l'avion prési-
dentiel est abattu au-dessus de
Kigali et le président tué. Pour
ceux qui pensent que l'attentat a
été perpétré par des extrémis-
tes hutus ayant perdu toute con-
fiance en Habyarimana, c'est
Bagosora qui l'a organisé. Le
colonel prend les choses en
main dans les 72 heures qui
suivent l'assassinat du prési-
dent, avant que l'apocalypse
n'échappe à son contrôle. La
nuit du 6 au 7, il téléphone au
représentant spécial de l'ONU
au Rwanda, Jacques-Roger
Booh-Booh, pour lui dire de «ne
pas s'inquiéter», il s'agit d'un
«coup d'Etat» mais tout est sous
contrôle, nous allons réussir et
sauver la nation.

Bagosora est soupçonné
d'avoir ordonné l'assassinat, le
7 avril, du Premier ministre,
Agathe Uwilingiyimana, et des
10 Casques bleus belges qui la
protégeaient —le juge belge
Damien Vandermeersch a lancé
en mai dernier un mandat d'ar-
rêt international contre le colo-
nel, dans le cadre de son enquê-
te sur la mort des dix paras.

La rébellion tutsie quitte alors
ses bases en Ouganda pour ar-
rêter les massacres. Sa victoire
militaire en juillet met fin au gé-
nocide (plus de 500.000 morts,
Tutsis et Hutus modérés). Avec
près de 2 millions de Hutus,
Bagosora fuit avancée du FPR
pour se réfugier dans les camps
du Zaïre puis au Cameroun. Où
on l'a arrêté dimanche. {AFP.}
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