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Le président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), M.
Cornelio Sommaruga, de passage à Paris vendredi 6 mai, a estimé que la
communauté internationale n'a pas le droit d'abandonner le Rwanda et
jugé « inadmissible » d'entendre « certains cercles occidentaux »
plaider pour un désengagement « dans des pays de ce genre, déçus par ce
qui a été fait auparavant et qui n'aurait servi à rien ». « La
communauté internationale a aussi des responsabilités majeures dans la
situation actuelle, nous a déclaré M. Sommaruga. Il n'y a pas eu unité
de doctrine. On a vu des armes entrer régulièrement, encore au moment de
la signature des accords d'Arusha. Tout cela ne s'est pas fait sans
appuis extérieurs et ceux-ci ne viennent pas seulement des pays
africains. »
M. Sommaruga pense qu'il y a « moyen d'arrêter les massacres ». Il cite
en exemple l'action du CICR à Kigali auprès de l'armée rwandaise, des
rebelles du FPR et des milices hutus, efforts qui ont abouti à la
distribution de vivres à 65 000 habitants de la capitale et à
l'évacuation de 350 orphelins tutsis de la localité de Gisenyi vers le
Zaïre, sous escorte militaire rwandaise.
Cependant, la veille, à Genève, le CICR avait déploré que l'église de la
Sainte-Famille à Kigali, où plus de six mille civils « terrorisés »
avaient cru pouvoir être à l'abri, ait subi un assaut faisant treize
morts et une centaine de blessés. Ces derniers ont pu être transportés
et soignés à l'hôpital du CICR ainsi que dans un dispensaire récemment
ouvert. Le CICR est la seule organisation humanitaire présente à Kigali
avec deux membres de MSF incorporés à la Croix-Rouge pour leur sécurité.
Le président du CICR s'est dit favorable à une action des forces de
l'ONU pour autant qu'elles disposent d'un « commandement » et d'un « mandat » qui soient « clairs », préalable indispensable pour éviter une
dérive à la somalienne. M. Sommaruga, qui estime que la France a un « rôle particulier à jouer », a rencontré le président François
Mitterrand, mercredi, avant d'être reçu, jeudi, au Quai d'Orsay et par
Jacques Chirac à la mairie de Paris.
D'autre part Mme Sadako Ogata, haut commissaire des Nations unies pour
les réfugiés (HCR), a adressé jeudi un message de remerciements à la
Tanzanie, qui, « une fois de plus, a fait montre de sa générosité envers
les réfugiés ». Ce pays de quelque quinze millions d'habitants a en
effet accueilli depuis le début des hostilités, au bas mot 250 000
réfugiés du Rwanda, dont la moitié sont des enfants. Le HCR déclare
avoir besoin d'urgence de 38,5 millions de dollars pour être en mesure
de poursuivre son assistance aux réfugiés rwandais au cours des trois
prochains mois.