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Le chef du gouvernement s'adressera lundi au Conseil de sécurité pour demander, dit-on au Quai d'Orsay, aux Nations unies de « prendre le relais » de l'opération « Turquoise ».
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EDOUARD BALLADUR se rendra lundi à New York pour « s'adresser au Conseil de sécurité des Nations unies à propos de la situation au Rwanda », a-t-on indiqué vendredi à l'Hôtel Matignon.
Cette démarche, tout à fait exceptionnelle, a été décidée, affirme-t-on, « en consultation permanente » avec François Mitterrand. Selon le Quai d'Orsay, « ce voyage vise à expliquer une fois de plus les modalités de l'opération humanitaire française au Rwanda et à demander à l'ONU de prendre le relais de cette action ». « Le contrat est rempli, des vies ont été sauvées, la zone est sécurisée, aux Nations unies de faire maintenant », indiquait vendredi un diplomate français.
Sur le terrain, la réalité est en revanche différente. Un journaliste de l'AFP, accompagnant une patrouille héliportée de l'armée française, racontait hier avoir vu dans la zone dite de sécurité, « machette à la main, appuyés par des gendarmes et des soldats gouvernementaux rwandais armés d'une panoplie de fusils d'assaut digne d'un catalogue, des miliciens affirmant chercher des « espions tutsis » cachés dans le flot des personnes déplacées ».
Alain Juppé, qui a réuni vendredi les représentants de 17 organisations non gouvernementales, a évoqué une « situation catastrophique ». « On peut évaluer la population du Rwanda avant les événements d'avril à un peu plus de 6 millions d'habitants, entre 500.000 et 600.000 ont péri, il y a pratiquement 1 million de réfugiés à l'extérieur du territoire rwandais, il reste donc aujourd'hui à peu près 5 millions d'habitants au Rwanda, 1,5 million dans la zone est qui est la plus vaste et 3,5 millions qui s'entassent dans la zone ouest », a-t-il expliqué.