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KIGALI, 18 juin, Reuter - Les casques bleus ont évacué samedi environ
  300 civils rwandais bloqués par les combats à Kigali alors qu'à Paris,
  le président François Mitterrand annonçait une intervention française
                                 imminente.
 L'échange de civils - Hutus contre Tutsis à part égale - s'est déroulé
         avec, en toile de fond, des tirs de mitrailleuses en guise
    d'avertissement, a dit le commandant Jean-Guy Plante, porte-parole de
            la Mission d'assistance de l'Onu au Rwanda (Minuar).
  Ce dernier a souligné la volonté de l'Onu de procéder à l'évacuation
                  du plus grand nombre de gens possible
.
   Les combats, qui opposent forces gouvernementales et rebelles du Front
  patriotique du Rwanda (FPR) malgré un cessez-le-feu annoncé par l'Oua à
   Tunis, avaient retardé le départ des camions de la Minuar chargés de
                           transporter les civils.
   Les Tutsis venaient de l'hôtel des Milles Collines, tenu par les forces
   gouvernementales, et les Hutus de l'Hôpital du roi Fayçal, aux mains
                                des rebelles.
   Selon leur récit, les Tutsis ont été pris de terreur à l'arrivée,
       vendredi, de miliciens Hutus et ils n'ont dû leur salut qu'à
   l'intervention rapide de l'armée gouvernementale. Nous étions entre
  les mains de Dieu. Tout aurait pu arriver
, a commenté un des réfugiés,
                              Francis Ngereko.
   Des milliers de civils se sont réfugiés dans des hôtels, églises et
    autres bâtiments depuis les massacres qui ont suivi l'attentat du 6
  avril qui a coûté la vie au président rwandais Juvénal Habyarimana. On
    parle d'un demi-million de victimes dans cette ancienne colonie belge
                             d'Afrique centrale.
     Vendredi, le commandant de la Minuar, le général canadien Roméo
     Dallaire, avait affirmé qu'il entendait poursuivre les opérations
  d'évacuation malgré l'insécurité à Kigali. On ignore s'il a reçu des
                assurances pour cela des deux belligérants.
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                         Paris pressé d'intervenir
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  Son adjoint, le général ghanéen Henry Anyidoho, s'est déclaré plutôt
      optimiste. Comme vous le voyez, tout se passe bien. Ils nous ont
      assuré que rien n'arriverait aux réfugiés
, a-t-dit à Reuter.
      Aux Nations unies, la France a demandé au Conseil de sécurité
  d'autoriser une opération militaire pour empêcher de nouveaux massacres
                 avant l'arrivée de nouveaux casques bleus.
  A Paris, le chef de l'Etat français a déclaré que l'envoi par la France
   d'une force de protection humanitaire
 était imminente et que des pays
           africains avaient donné leur accord pour s'y associer.
  Lors d'un discours à l'Unesco, il a assuré que c'était désormais une
   affaire d'heures et de jour
. Deux ou trois pays africains ont répondu
   favorablement, j'attends encore une réponse ferme de pays européens
,
                                 a-t-il dit.
   Quoi qu'il en soit, nous le ferons. Chaque heure compte
, a expliqué
                             le chef de l'Etat.
 Il a réaffirmé que la France était prête sans attendre l'arrivée de la
       force des Nations unies à envoyer avec ceux de ses partenaires
       européens et africains qui le voudront une force de protection
  humanitaire destinée à assurer la sécurité des populations civiles qui
                     ont échappé à l'extermination
.
   François Mitterrand a d'autre part effectué une mise au point sur le
             rôle joué par la France dans la crise rwandaise.
  Depuis le déclenchement des hostilités
, elle a tout fait pour éviter
   la reprise des combats, elle a mené une action diplomatique intense en
                vue d'un accord politique
, a-t-il affirmé.
      On ne peut plus attendre, on le voit bien (...) Il y a donc une
             extrême urgence
, a ajouté François Mitterrand.
    Le FPR est hostile à une intervention de la France, accusée d'avoir
      soutenu et armé les forces gouvernementales et les milices. /JLF
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