Fiche du document numéro 13852

Num
13852
Date
Mercredi 15 juin 1994
Amj
Hms
22:40:00
Fichier
Taille
86413
Pages
2
Urlorg
Titre
Rwanda- massacre, combats malgré la trêve annoncée
Cote
reutfr0020011106dq6f00vx4
Source
Fonds d'archives
Type
Dépêche d'agence
Langue
FR
Citation
KIGALI, 15 juin, Reuter - Malgré l'annonce d'un prochain cessez-le-feu,
les combats se sont poursuivis mercredi à Kigali, capitale du Rwanda,
où l'on a fait état d'un nouveau massacre d'enfants de la minorité
tutsie par des miliciens hutus.

Soixante jeunes Tutsis ont été massacrés après avoir été enlevés mardi
dans une église de Kigali, ont déclaré mercredi des survivants au
commandant John-Guy Plante de la Mission d'assistance des Nations unies
au Rwanda (Minuar).

Il a précisé que les 60 garçons avaient été pris à l'église Saint Paul,
où ils étaient réfugiés, puis tués près d'un pont dans un quartier tenu
par les troupes gouvernementales.

Il y a là une grande fosse où le massacre s'est produit, a ajouté le
commandant Plante. Les miliciens hutus se sont introduits dans
l'enceinte du complexe de bâtiments religieux par un trou dans une
barrière, a-t-il dit.

Mardi, en marge du sommet de l'Organisation de l'unité africaine (OUA)
réuni à Tunis, un membre du bureau politique du Front patriotique du
Rwanda (FPR), Pasteur Bizimungu, avait annoncé qu'il avait accepté un
cessez-le-feu qui prendrait effet mercredi. Il avait souligné qu'il
avait autorité pour négocier.

S'ils disent à Tunis qu'il y a un cessez-le-feu, ils devraient venir
voir ce qui se passe à Kigali
, a dit le général Henry Anyidoho,
commandant adjoint de la Minuar à Kigali, où les rebelles du FPR et les
forces gouvernementales échangeaient obus de mortiers et tirs d'armes
légères.

Un officier du FPR a souligné que l'annonce d'un cessez-le-feu par
Pasteur Bizimungu à Tunis était antérieure à la révélation du massacre
des enfants.

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Le gouvernement appelle à la trêve
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Le colonel Frank Mugambage, chef de la délégation du FPR aux
pourparlers de paix organisés par l'Onu, avait éclaté en sanglot en
apprenant que les enfants avaient été enlevés par les miliciens, ne
doutant pas qu'ils seraient massacrés.

Il avait ajouté qu'il devait s'entretenir avec le commandant des forces
du FPR, le général Paul Kagame, avant de décider ou non de reprendre
les négociations.

De son côté, le président intérimaire du Rwanda, Théodore Sindikubwabo,
a affirmé mercredi que son gouvernement respecterait strictement un
cessez-le-feu et qu'il avait les moyens d'arrêter les massacres.

Nous avons pris un engagement formel et nous appelons la population à
le respecter
, a-t-il dit à Reuter à Tunis.

Le gouvernement a la bonne volonté et les moyens d'arrêter les
massacres
, a-t-il souligné en ajoutant toutefois: Mais la population
civile qui fuit (le Rwanda) fuit les tueurs du FPR
.

La veille, Pasteur Bizimungu avait souligné: Un cessez-le-feu signifie
l'arrêt des hostilités, des massacres et du génocide et la libération
des otages.


Depuis le début de son offensive contre les forces gouvernementales il
y a plus de deux mois, le FPR a toujours dit qu'il ne cesserait pas les
combats avant la fin des massacres.

Selon les organisations humanitaires, quelque 500.000 Tustis et
opposants hutus, ont été massacrés par l'armée régulière et les milices
hutues depuis l'assassinat du président Juvenal Habyarimana le 6 avril
dernier.

Par ailleurs, les Forces de défense sud-africaines ont annoncé mercredi
qu'elles avaient envoyé un groupe d'officiers dans plusieurs pays
d'Afrique pour examiner la possibilité d'envoyer une mission
humanitaire au Rwanda. /RS

(c) Reuters Limited 1994
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