Fiche du document numéro 13831

Num
13831
Date
Lundi 13 juin 1994
Amj
Hms
21:16:00
Auteur
Fichier
Taille
88053
Pages
2
Urlorg
Titre
Mandela promet devant l'OUA son aide au Rwanda
Cote
reutfr0020011106dq6d00vb7
Source
Fonds d'archives
Type
Dépêche d'agence
Langue
FR
Citation
TUNIS, 13 juin, Reuter - Le président sud-africain Nelson Mandela a
déclaré lundi, au premier jour du sommet annuel de l'Organisation de
l'unité africaine (OUA), que son pays était prêt à aider le continent
africain à retrouver la paix, la prospérité et sa dignité si souvent
bafouée.

Il a d'abord tenu à rendre hommage aux grands penseurs de notre
continent qui n'ont jamais cessé de nous inciter à comprendre cette
relation très étroite entre les grands problèmes actuels tels que : la
paix, la stabilité, la démocratie, les droits de l'Homme, la
coopération et le développement
.

Et c'est en parlant de tout cela que le Rwanda vient à point nommé
comme une sévère réprimande à nous tous, nous qui avons manqué de
comprendre le rapport entre toutes ces questions. La conséquence de
tout cela est un affreux carnage de personnes innocentes
, a ajouté
Nelson Mandela, devant 41 autres présidents et un monarque.

C'est la première fois que l'Afrique du Sud est représentée au sein de
l'OUA depuis la naissance de l'organisation il y a 31 ans. L'ancien
militant nationaliste noir a été acclamé par ses collègues à son entrée
dans la salle de conférence à Tunis.

Le sommet avait auparavant été ouvert par le chef de l'Etat égyptien,
Hosni Moubarak, président en exercice de l'OUA. Il avait réclamé une
minute de silence en mémoire de trois présidents africains assassinés
depuis le dernier sommet et de toutes les victimes d'affrontements sur
le continent.

En appelant Nelson Mandela à la tribune, Hosni Moubarak avait déclaré
que le président sud-africain parlerait au nom de nous tous.

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Autorité de l'Afrique du Sud
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L'OUA espère que le poids économique de l'Afrique du Sud et l'autorité
morale du président Mandela lui donneront une force dont elle a
cruellement manqué jusqu'ici lorsqu'elle a tenté d'enrayer des conflits
sur le continent.

Depuis l'assassinat des président rwandais et burundais le 6 avril
dernier, les massacres et les combats auraient fait un demi-million de
morts au Rwanda. Au Burundi voisin, environ 100.000 personnes avaient
été massacrées à la suite du meurtre du président Melchior Ndadaye le
21 octobre 1993.

L'Onu a autorisé l'envoi de troupes au Rwanda et plusieurs pays, dont
14 Etats africains, ont proposé d'y envoyer des soldats. Mais ce
déploiement est retardé par des problèmes diplomatiques et logistiques.

En arrivant dimanche en Tunisie, Mandela avait déclaré à la presse que
l'Afrique ne devait pas trop attendre du gouvernement de Pretoria,
lui-même confronté à de nombreux problèmes.

Il a cependant assuré lundi : Nous aspirons à ce que l'Afrique du Sud
puisse réussir à bannir les conflits ethniques et les conflits
nationaux qui empestent notre continent
.

Nous sommes prêts à apporter notre contribution afin que cesse le
génocide qui se déroule au Rwanda et pour que ce pays frère, en proie
aux agitations, puisse retrouver la paix
.

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50 blindés pour le Rwanda
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Il a souligné que son pays s'était non seulement acquitté de sa
cotisation à l'organisation - beaucoup de pays membres ne peuvent pas
en dire autant - mais avait aussi versé une contribution
supplémentaire d'un million de rands pour le fonds de la paix de
l'OUA
.

Nelson Mandela a pris son petit déjeuner en compagnie du secrétaire
général de l'ONU, Boutros Boutros-Ghali. Selon Thérèse Gastaut,
porte-parole de l'ONU, le président sud-africain lui a promis 50
véhicules blindés de transport de troupes pour la Mission des Nations
unies d'assistance au Rwanda (Minuar).

Dans un discours à l'OUA, Boutros Boutros-Ghali a reconnu que les
Nations unies comme l'OUA n'avaient pas réussi à empêcher les massacres
au Rwanda, qu'il a qualifiés de génocide.

Les événements qui ont lieu en Afrique sont d'autant plus graves
qu'ils ne rencontrent qu'une relative indifférence dans les autres
pays. Nous savons très bien que, avec la fin de la Guerre froide, les
pays développés ne s'intéressent plus autant à l'Afrique
, a-t-il
souligné.

Nelson Mandela a par ailleurs déclaré :S'il y a une défaillance dans
notre manière de gouverner, il ne faut pas chercher de bouc émissaire
mais il faut avouer que la faute est en nous, qui sommes mal guidés
.

Il a ouvert et conclu son discours par des références à Carthage,
puissante cité-Etat africaine dont on peut encore voir les ruines en
Tunisie plus de 2000 ans après sa destruction par Rome.

Si l'Afrique du Sud figure à l'ordre du jour, que cela soit pour
débattre des contributions que mon pays peut apporter à la renaissance
d'une nouvelle Afrique ou pour la reconstruction de la crité de
Carthage l'africaine
, a-t-il dit. /FAN

(c) Reuters Limited 1994
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