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La plupart des organisations humanitaires en activité au Rwanda ont
évacué leurs personnels pour des raisons de sécurité et il ne se
trouvait mardi 12 avril qu'une dizaine de médecins et infirmières au
centre hospitalier de Kigali pour soigner des centaines de blessés.
Selon M. Tony Burgener, porte-parole du Comité international de la
Croix-Rouge à Genève, l'unique médecin du CICR présent sur place a reçu
le renfort de médecins expatriés résidant au Rwanda et de plusieurs
médecins rwandais qui ont proposé leurs services. Des salles ont été
ouvertes dans un monastère de bénédictins, situé dans le voisinage, pour
accueillir les blessés. Le CICR, qui était mardi la seule organisation
humanitaire opérationnelle à Kigali avec 26 délégués, a également mis en
place un système de garde pour tenter d'éviter que se reproduisent les
intrusions d'éléments armés à l'hôpital (le Monde du 13 avril).
Les associations humanitaires qui avaient mis en oeuvre des programmes
de santé publique et d'aide aux réfugiés, notamment après les
affrontements d'octobre 1993 au Burundi, ont été prises de court devant
une situation de médecine de guerre et ont préféré rappeler leurs
équipes, à l'image de la Fédération internationale des sociétés de la
Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, en charge de la distribution de
secours à quelque 265 000 personnes, ou de l'AICF qui a annoncé
l'évacuation de ses treize expatriés, en critiquant « l'impuissance de
l'ONU » face à « la folie meurtrière poussée à son paroxysme ».
Les personnels de Médecins sans frontières quelque 70 personnes dans le
pays ont quitté les camps à la fin de la semaine dernière et l'équipe
présente à Kigali, choquée par l'ampleur des massacres, a quitté
l'hôpital dimanche 10 avril. Elle devait être remplacée mercredi par une
équipe chirurgicale de six personnes qui espéraient pouvoir gagner la
capitale rwandaise par la route, depuis Bujumbura, en compagnie d'une
équipe médicale du CICR munie de 15 tonnes de médicaments.
« Nous étions dans une situation de programmes de malnutrition. La
violence a explosé brutalement. Nos équipes n'étaient pas prêtes à faire
face, ni sur le plan psychologique, ni sur le plan opérationnel et elles
ont été rapidement débordées », reconnaît le président de MSF, M. Rony
Brauman, qui ne met pas en cause, pour sa part, le comportement des
forces de l'ONU. « S'interposer, ce serait prendre clairement parti pour
le gouvernement. »