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KIGALI, 27 mai, Reuter - Les Nations unies ont réussi vendredi à
évacuer deux convois de civils pris au piège à Kigali, qui a été
pilonné toute la nuit.
Abdoul Kabia, porte-parole de la Mission d'assistance de l'Onu au
Rwanda (Minuar), a dit à Reuter que des combats sporadiques ont opposé
vendredi matin forces gouvernementales et rebelles du Front patriotique
du Rwanda (FPR).
Les bombardements se sont poursuivis de façon intensive pendant la
nuit et des tirs de mortier ont continué épisodiquement ce matin
,
a-t-il dit. On a l'impression que le FPR cherche à redoubler d'efforts
pour gagner du terrain avant un éventuel accord de cessez-le-feu
.
Jeudi, l'émissaire de l'Onu, le Pakistanais Iqbal Riza, avait annoncé
que des pourparlers en vue d'une trêve auraient lieu lundi à Kigali au
niveau des responsables militaires.
Kabia a également signalé qu'un nombre croissant de Rwandais
demandaient la protection des casques bleus de l'Onu.
Selon des employés d'organisations humanitaires, des centaines de
militaires gouvernementaux fuient la capitale en direction du QG de
Gitarama, au sud-ouest.
Deux convois de l'Onu ont permis à 240 civils au total de sortir,
vendredi, de Kigali. Il s'agit du plus important succès remporté par
l'Onu au Rwanda depuis des semaines.
Le premier était composé de 120 hommes, femmes et enfants - pour la
plupart de la minorité Tutsie - qui étaient réfugiés dans un hôtel du
centre-ville aux mains des gouvernementaux et qui ont été emmenés dans
une zone tenue par le FPR.
Dans le même temps, l'Onu a convoyé 120 autres réfugiés- cette fois des
Hutus pour la plupart - qui se trouvaient dans un stade des quartiers
est de Kigali, aux mains des rebelles, pour les mettre à l'abri dans un
fief gouvernemental au sud de la ville.
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Avant-projet de trêve
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La dernière tentative d'évacuation de civils réfugiés à l'hôtel des
Mille collines avait échoué le 3 mai quand des miliciens avaient arrêté
le convoi et attaqué les réfugiés.
Après des semaines de tentative, nous avons fini par réussir
, a
déclaré à Reuter le général canadien Roméo Dallaire, chef des casques
bleus de la Minuar. C'est la première étape d'un long processus devant
conduire en lieu sûr tous les civils qui veulent partir
.
Les deux convois ont dû traverser des zones où l'on se battait mais il
n'y a pas eu de blessés et aucun véhicule n'a été atteint.
Le général Dallaire espère que l'opération d'évacuation pourra se
reproduire dans le courant de la journée de vendredi au bénéfice de 240
autres civils pris au piège des combats.
Selon Kabia, les pourparlers prévus pour lundi seront présidés par le
numéro deux des casques bleus, le général ghanéen Henry Anyieoho. La
Minuar est en train de rédiger un avant-projet de cessez-le-feu, qui
devrait être transmis dans le courant de la journée aux deux parties.
Deux obus de mortier, d'après le porte-parole de la Minar, sont tombés
prés du terminal de l'aéroport. Un troisième s'est écrasé sur le camp
de réfugiés de la Croix rouge.
Le nombre de réfugiés au stade Amahoro est passé en une semaine de
3.000 à 7.000 en raison des combats et plus d'un millier de civils ont
cherché refuge auprès des casques bleus ghanéens à l'aéroport.
Des combats se dérouleraient également dans les villes de Ruhengeri et
Rulindo. Le FPR a affirmé avoir capturé la ville commerciale de
Ruhango, ce qui n'a pu être confirmé de source indépendante. /JLF
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