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KIGALI, 24 mai, Reuter - L'émissaire de l'Onu Iqbal Riza, arrivé mardi
à Kigali, a déclaré qu'il avait obtenu la promesse des gouvernementaux
et des rebelles de rechercher une solution politique à la guerre civile
qui aurait fait 500.000 morts depuis début avril.
Des tirs d'artillerie se sont poursuivis dans la journée dans plusieurs
quartiers de la capitale où s'affrontent armée gouvernementale et
rebelles du Front patriotique du Rwanda (FPR).
Plusieurs pays, dont la France, ont demandé à la commission des droits
de l'homme de l'Onu, réunie d'urgence à Genève, le châtiment des
responsables des massacres et une action internationale pour mettre fin
aux affrontements.
Kofi Annan, secrétaire général adjoint de l'Onu chargé des opérations
de maintien de la paix, a dénoncé pour sa part l'apathie
de la
communauté internationale et son manque de volonté politique
.
L'émissaire pakistanais Iqbal Riza, arrivé à Kigali par avion en milieu
de journée, a rencontré pendant deux heures le chef d'état-major de
l'armée rwandaise, le général Augustin Bizimungu, qui lui a assuré que
le gouvernement était favorable à un règlement négocié.
Les deux camps m'ont dit qu'ils voulaient une solution politique. Ils
m'ont dit qu'il n'y avait pas de solution militaire possible
, a
précisé Riza à l'issue de l'entretien.
L'envoyé onusien avait rencontré la veille les rebelles du Front
patriotique du Rwanda (FPR) à leur quartier général de Mulindi, dans le
nord du pays.
Il espère s'entretenir mercredi avec les dirigeants gouvernementaux
repliés à Gitarama, à 50 km au sud de Kigali, avant de retourner chez
les rebelles à Mulindi.
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Réunion à Genève
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Une trêve proclamée à l'occasion de la visite de Riza a été respectée
dans le quartier où se tenait la réunion mais des tirs de mortier ont
été entendus dans d'autres parties de la ville.
Les pilonnages de la nuit et de mardi matin avaient forcé 5.000 civils
à fuir la capitale.
A Genève, le nouveau commissaire de l'Onu aux droits de l'homme, Jose
Ayala Lasso, a souligné la nécessité de dépêcher sur place une équipe
d'observateurs internationaux chargés de prévenir de nouvelles
atrocités.
Pour lui, les responsables des massacres qui ont scandalisé la
conscience humaine (...) doivent savoir qu'ils seront personnellement
tenus responsables de leurs actes dès que les faits auront été
clairement établis
.
Tous les coupables doivent être punis
, a assuré le président de
séance, le Néerlandais Peter van Wulfften Palthe.
La France a aussi réclamé des sanctions pénales contre les responsables
des atrocités.
La commission doit demander que les responsables des atrocités soient
identifiés et les avertir qu'ils seront jugés et punis
, a déclaré à
Paris Lucette Michaux-Chevry, ministre délégué à l'Action humanitaire
et aux Droits de l'Homme.
La semaine dernière, le Conseil de sécurité de l'Onu a autorisé le
déploiement de 5.500 casques bleus au Rwanda. Dans les colonnes du
Monde, Kofi Annan affirme n'avoir reçu aucune offre ferme
. Seul son
propre pays, le Ghana, a accepté par écrit
l'envoi d'un contingent de
700 hommes non équipés
au Rwanda.
En Afrique du Sud, le président Nelson Mandela a déclaré dans son
premier discours de politique générale que son gouvernement envisageait
les moyens de contribuer à la paix en Angola et au Rwanda. /GK
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