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KIGALI, 23 mai, Reuter - Une trêve est entrée en vigueur lundi dans la
    capitale rwandaise Kigali pour permettre à un émissaire spécial de
     l'Onu, le Pakistanais Iqbal Riza, de se rendre sur place, mais les
     belligérants n'ont toujours pas donné de garanties sur son libre
                 passage par la route en provenance du nord.
     Le directeur exécutif civil de la Mission d'assistance des Nations
      unies au Rwanda (Minuar) Abdul Kabia s'est dit optimiste, faisant
    remarquer que le cessez-le-feu semblait tenir malgré des violations
                          qu'il a jugées mineures.
 Des tirs ont repris à Kigali après une brève accalmie marquant l'entrée
 en vigueur de cette trêve, décrétée pour 34 heures, à compter de 08h00
       locales (06h00 GMT). Nous ne pensons pas qu'il s'agisse d'une
   violation majeure de la trêve. Il s'agit de tirs d'armes légères, et
   non d'un bombardement continuel au mortier. Bien sûr si cela persiste,
            cela nous préoccupera
, a dit à Reuter Abdul Kabia.
  Soit les ordres (concernant la trêve) n'ont pas circulé, soit l'une ou
    l'autre des parties n'a pas tenu ses engagements vis-à-vis de nous
,
   a-t-il dit, reconnaissant que la visite d'Iqbal Riza n'était toujours
                                pas assurée.
    Ce dernier, qui doit voyager par la route accompagné d'un conseiller
     militaire, le général Joseph-Maurice Baril, vient au Rwanda pour
     évaluer de quelle façon l'Onu peut faire cesser les massacres et
                   apporter une aide humanitaire au pays.
     Le convoi acheminant l'émissaire de l'Onu a franchi la frontière
  ougando-rwandaise lundi en tout début de journée et a entamé aussitôt
     des négociations avec le président du Front patriotique du Rwanda
         (FPR), Alexis Kanyarengwe, au Q.G des rebelles à Mulindi.
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                         Huit pays d'Afrique
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   Lorsque ces négociations auront abouti, le convoi doit traverser pour
   atteindre Kigali 200 km de territoires contrôlés pour l'essentiel par
    le FPR, mais la présence de forces gouvernementales sur les hauteurs
              dominant la route constitue toujours une menace.
   Nous sommes ici pour discuter des modalités du nouveau mandat accordé
 par le Conseil de sécurité de l'Onu
, a déclaré l'émissaire des Nations
                              unies à Reuter.
   Voici une semaine, le Conseil de sécurité a autorisé l'envoi de 5.500
   casques bleus supplémentaires pour tenter de mettre fin aux massacres
   ethniques au Rwanda et pour apporter une aide humanitaire aux centaines
     de milliers de personnes déplacées par les combats, qui font rage
       depuis sept semaines. Lundi matin, huit pays d'Afrique ont fait
   connaître leur souhait de participer à cette nouvelle force: Zimbabwe,
       Tanzanie, Ghana, Nigeria, Namibie, Sénégal, Zambie et Congo.
     Les massacres sont légion depuis la mort du président du Rwanda,
   Juvenal Habyarimana, tué dans un attentat contre son avion le 6 avril
   dernier. Selon les organisations humanitaires, 500.000 morts ont péri
                et plus d'un million d'autres sont sans abri.
      L'Ouganda a proclamé l'état de catastrophe dans trois districts
   riverains du lac Victoria dimanche et la présidence ougandaise a fait
   savoir dans un communiqué que 10.000 à 40.000 corps flottaient sur les
                               eaux de ce lac.
    Le FPR a lancé une nouvelle offensive depuis leurs bases du nord du
   pays après la mort du président Habyarimana, qui a culminé dimanche
     avec la prise de l'aéroport de Kigali et la chute d'un bastion de
   l'armée gouvernementale dans la capitale. Le FPR cherche désormais à
              s'assurer l'entier contrôle de la capitale. /EXF
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