Citation
KIGALI, 23 mai, Reuter - L'émissaire spécial de l'Onu Iqbal Riza, qui
comptait se rendre dans la journée à Kigali, a renoncé à gagner la
capitale rwandaise lundi parce que les belligérants ne pouvaient pas
garantir sa sécurité.
Iqbal Riza entendait par sa visite évaluer de quelle façon l'Onu peut
faire cesser les massacres et apporter une aide humanitaire au pays,
déchiré depuis début avril par les combats.
Les deux parties semblent avoir des difficultés à assurer notre
sécurité. Aussi ne pouvons nous pas nous mettre en route pour Kigali
,
a déclaré l'émissaire pakistanais à la presse, à Mulindi dans le nord
du Rwanda, avant de regagner l'Ouganda d'où il était venu en tout début
de journée. Mais il a dit avoir bon espoir d'aller mardi à Kigali par
avion depuis l'Ouganda.
A l'origine, il devait se rendre par la route du nord du Rwanda à
Kigali pour y rencontrer des représentants du gouvernement, à l'issue
de discussions avec les chefs rebelles à Mulindi, leur quartier
général. Une trêve était entrée en vigueur spécialement pour permettre
sa visite à Kigali, mais il semble que les combats aient repris pour de
bon dans la capitale après une accalmie enregistrée en début de
journée.
Le convoi acheminant l'émissaire de l'Onu avait franchi la frontière
ougando-rwandaise lundi en tout début de journée. Iqbal Riza a entamé
aussitôt des négociations avec le président du Front patriotique du
Rwanda (FPR), Alexis Kanyarengwe, au Q.G des rebelles à Mulindi. Après
cinq heures de discussions, les deux parties ont estimé que la
rencontre n'avait rien donné. L'Onu et les rebelles n'ont pu se mettre
d'accord sur la question clé que constitue le nombre de casques bleus
nécessaires pour mettre fin aux violences en cours.
---
Cadavres sur le lac Victoria
---
Le Conseil de sécurité de l'Onu a autorisé voici une semaine l'envoi
d'une nouvelle force de 5.500 casques bleus mais les rebelles insistent
pour qu'au maximum 2.500 hommes de l'Onu soient déployés dans le pays.
L'Onu compte avec cette nouvelle force tenter de mettre fin aux
massacres ethniques au Rwanda et apporter une aide humanitaire aux
centaines de milliers de personnes déplacées par les combats, qui font
rage depuis sept semaines. Lundi matin, huit pays d'Afrique ont fait
connaître leur souhait de participer à cette nouvelle force: Zimbabwe,
Tanzanie, Ghana, Nigeria, Namibie, Sénégal, Zambie et Congo.
Les massacres sont légion depuis la mort du président du Rwanda,
Juvenal Habyarimana, tué dans un attentat contre son avion le 6 avril
dernier. Selon les organisations humanitaires, 500.000 morts ont péri
et plus d'un million d'autres sont sans abri.
L'Ouganda a proclamé l'état de catastrophe dans trois districts
riverains du lac Victoria dimanche et la présidence ougandaise a fait
savoir dans un communiqué que 10.000 à 40.000 corps flottaient sur les
eaux de ce lac.
Le FPR a lancé une nouvelle offensive depuis leurs bases du nord du
pays après la mort du président Habyarimana, qui a culminé dimanche
avec la prise de l'aéroport de Kigali et la chute d'un bastion de
l'armée gouvernementale dans la capitale. Le FPR cherche désormais à
s'assurer l'entier contrôle de la capitale. /EXF
(c) Reuters Limited 1994
