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KIGALI, 21 mai, Reuter - Les forces du gouvernement rwandais ont tiré
au mortier samedi à Kigali sur le QG des rebelles, qui de leur côté ont
continué à attaquer les abords de l'aéroport.
L'Onu avait espéré obtenir des belligérants un accord sur l'utilisation
humanitaire de l'aéroport.
Des responsables de la Mission des Nations unies d'assistance au Rwanda
(Minuar) avaient rencontré des représentants du gouvernement et
comptaient s'entretenir de cette question, vitale pour des milliers de
réfugiés, dans la journée avec les rebelles du Front patriotique du
Rwanda (FPR).
Mais cette rencontre a été reportée à la suite du tir d'au moins six
obus de mortier sur le Parlement, occupé par les chefs locaux du FPR,
ont rapporté des témoins.
L'Onu n'a pas précisé quelle réponse elle avait obtenu du gouvernement
à sa proposition de démilitarisation de l'aéroport.
Les Nations unies souhaitent utiliser l'aéroport, actuellement aux
mains des forces gouvernementales, pour acheminer des vivres et des
renforts de casques bleus. La France compte aussi évacuer par avion des
orphelins bloqués à Kigali, a-t-on ajouté de source proche de l'Onu.
Devant la reprise des combats, Abdoul Kabia, directeur exécutif de la
Mission, a dit à Reuter : Les deux camps croient qu'en tenant
l'aéroport de Kigali, ils contrôleront la capitale et tout le Rwanda,
qui est enclavé
.
Il a dit envisager de chercher une autre piste d'atterrissage dans les
environs. Aucun avion de ravitaillement n'a pu se poser à Kigali depuis
jeudi.
L'aéroport est proche de la caserne de Kanombe, bastion de l'armée
gouvernementale. Nombre de roquettes tirées par les rebelles en
direction de la caserne tombent sur l'aéroport. Six véhicules de l'Onu
et un bâtiment ont été endommagés par ces tirs vendredi.
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Attendre les renforts
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Le général Romeo Dallaire, chef de la Minuar, a déclaré qu'il retirait
un tiers des 200 soldats ghanéens stationnés à l'aéroport.
Conformément à une résolution du Conseil de sécurité, la Minuar - forte
de 470 hommes - doit recevoir un renfort de 5.500 soldats africains.
Mais on ignore quand ils seront à pied d'oeuvre. Cinq cents soldats
ghanéens sont prêts à être déployés dès que leur équipement aura été
transporté par avion, sans doute par les Etats-Unis ou d'autres pays
occidentaux, a déclaré Abdoul Kabia.
Malgré la violence des combats à Kigali, le FPR a assuré que son
principal objectif était le siège du gouvernement provisoire à
Gitarama, à une quarantaine de km au sud-ouest de la capitale, a dit à
Reuter le général Dallaire.
Le FPR a affirmé qu'il n'accepterait de cessez-le-feu que lorsque les
massacres auront pris fin.
Selon des responsables d'organisations humanitaires, le nombre de
victimes des massacres déclenchés après l'assassinat, le 6 avril, du
président Juvénal Habyarimana, un Hutu, pourrait atteindre 500.000 - en
majorité des membres de la minorité tutsie et des Hutus proches de
l'opposition.
Deux responsables de l'Onu - le Pakistanais Iqbal Riza, numéro deux des
opérations de maintien de la paix, et le général canadien Joseph
Maurice Baril, conseiller militaire de l'Onu - étaient attendus
dimanche à Kampala. Ils tenteront de prendre contact avec le chef du
FPR, le général Paul Kagame, à Byumba, dans le nord du Rwanda, et avec
le chef d'état-major de l'armée gouvernementale, Augustin Bizimana, à
Kigali.
Les deux hommes tenteront d'obtenir des belligérants qu'ils coopèrent
avec les Nations unies. /FAN
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