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KIGALI, 20 mai, Reuter - Forces gouvernementales et rebelles du Front
   patriotique du Rwanda (FPR) se sont livrés à des duels d'artillerie et
    de tirs de mortier vendredi à Kigali, dans les plus violents combats
    enregistrés jusqu'ici dans la capitale, selon le récit de témoins.
       Les tirs se sont poursuivis tout au long de la nuit de jeudi à
   vendredi. Le ciel était illuminé de balles traçantes vertes et rouges
         alors que les rebelles attaquaient, semble-t-il, les forces
     gouvernementales retranchées dans le camp de Kanombé, non loin de
            l'aéroport, et dans la principale caserne de police.
   Est-ce la bataille finale pour le contrôle de Kigali ? Je ne le sais
   pas. Mais le FPR resserre son étau
, a déclaré à Reuter le général
  canadien Roméo Dallaire, chef des casques bleus restés dans la capitale
                                 rwandaise.
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          Bataille pour le contrôle de l'aéroport de Kigali
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     Le général canadien a fait savoir qu'il allait de nouveau essayer
   d'obtenir du gouvernement qu'il place l'aéroport sous le contrôle des
    forces de l'Onu pour en faire un espace neutre dans la guerre civile.
   L'aéroport sert à acheminer des secours essentiels à la survie de la
     population rwandaise et il sera indispensable pour l'envoi, dont le
 principe a été décidé par le Conseil de sécurité de l'Onu, de casques
                              bleus en renfort.
 Le général Dallaire a ajouté qu'à moins que les forces gouvernementales
 ne consentent aujourd'hui à ce que l'aéroport soit déclaré zone neutre,
   les Nations unies utiliseront probablement l'aéroport de Kigombé, au
   nord du pays, pour y débarquer troupes et approvisionnement, même si
                      celui-ci est éloigné de Kigali.
   Mais les analystes soulignent que Ruhengéri, la ville la plus proche de
  cet aéroport, est attaquée à l'est par les rebelles. D'autre part, les
    avions de l'Onu devraient, pour gagner Kigali, franchir deux fois les
                              lignes de combat.
   Le général Dallaire n'a de même pas exclu que les 200 casques bleus
            bloqués sur l'aéroport de Kigali soient évacués.
Le FPR s'est toujours déclaré prêt à placer l'aéroport sous le contrôle
     des forces de l'Onu mais les forces gouvernementales s'y opposent.
     Les rebelles considèrent que tant que les forces gouvernementales
   n'auront pas vidé les lieux, l'aéroport continuera de constituer une
                              cible légitime.
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                Proposition d'enquête sur les massacres
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    Le conseil de sécurité de l'Onu a ordonné cette semaine l'envoi de
    quelque 5.000 hommes qui iront s'ajouter aux 450 soldats de la Minuar
     encore au Rwanda, bien qu'il n'y ait eu aucun engagement formel des
      pays africains et occidentaux de fournir des troupes. Ces forces
   auraient pour mission d'établir des zones protégées
 pour assurer la
                     protection des populations civiles.
    De tels renforts sont nécessaires pour mettre un terme aux massacres
   qui ont, selon les associations humanitaires, causé la mort de 500.000
     Rwandais - en majorité des membres de l'ethnie tutsie victimes des
       troupes gouvernementales, et des milices et populations hutues.
   Le Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, José Ayala
    Lasso, a conseillé, dans un rapport publié vendredi, la nomination
    d'enquêteurs et d'un rapporteur spécial chargés de faire toute la
                         lumière sur ces massacres.
  Cette proposition sera examinée à Genève mardi et mercredi, lors d'une
     session d'urgence de la commission des droits de l'homme de l'Onu.
  Le rapport ne précise ni le nombre de ces enquêteurs ni la date de leur
                                déploiement.
   Enfin, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a préconisé
   vendredi l'envoi sans délai de milliers de Casques bleus de l'Onu. Le
   CICR exhorte toutes les parties en conflit de respecter les civils, les
    blessés et le personnel des organisations humanitaires qui risquent
           leurs vies pour venir en aide à ce pays meurtri
. /CIC
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