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NAIROBI, 12 mai, Reuter - Les rebelles rwandais et les forces
gouvernementales ont échangé de violents tirs d'artillerie dans la nuit
de mercredi à jeudi dans plusieurs quartiers de Kigali, a-t-on appris
jeudi auprès de l'ONU.
Les combattants du Front patriotique rwandais (FPR) ont lancé l'assaut
depuis le week-end contre une caserne de l'armée gouvernementale à
Kanombe, un lieu stratégique puisque situé à quelques centaines de
mètres seulement de l'aéroport international.
Les rebelles se sont déjà rendus maîtres des collines entourant Kigali
et cherchent, selon la Minuar (Mission d'assistance des Nations unies
au Rwanda), à prendre le contrôle de la route qui relie l'aéroport à la
ville.
Les chefs de la guerrilla ont affirmé vouloir immobiliser les forces
gouvernementales dans Kigali pour avoir les mains libres et pouvoir
prendre les territoires situés au sud et à l'ouest de la ville.
Les troupes gouvernementales contrôlent une seule route, celle qui mène
de Kigali à la ville provinciale de Gitarama, où s'est réfugié le
gouvernement.
On estime à 1,2 million le nombre de Rwandais qui ont fui leurs
habitations. Sur ce total, 250.000 seraient réfugiés dans les pays
frontaliers.
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Tentatives de médiations
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Le responsable militaire de la Minuar, le général Roméo Dallaire, fait
la navette entre les parties en présence depuis trois jours pour tenter
de faire accepter un cessez-le feu, a-t-on appris de source proche de
l'ONU.
Ni les rebelles ni le gouvernement n'ont réagi officiellement à la
proposition avancée mardi par le Conseil de sécurité de l'ONU d'envoyer
une force d'intervention humanitaire forte de 5.500 hommes. Le Conseil
de sécurité devrait se prononcer par vote vendredi.
La Minuar avait vu ses effectifs réduits de 2.500 à 270 hommes après le
début des violences qui ont secoué le Rwanda depuis l'assassinat du
président Juvénal Habyarimana, le 6 avril.
Le chef militaire du FPR, le général Paul Kagame, s'oppose
catégoriquement à l'arrivée de nouvelles troupes de l'ONU.
Joseph Nzirurera, secrétaire général du parti d'Habyarimana, a déclaré
mercredi sur les ondes de radio RTLM qui'il accepterait une force
neutre
de l'ONU mais a accusé la Minuar d'être pro-rebelles.
Le président ougandais, Yoweri Museveni, a déclaré mercredi à Kampala
qu'il souhaitait la tenue d'une conférence rassemblant les Etats de la
région pour parvenir à un cessez-le-feu en échange de la promesse d'une
enquête sur les massacres du Rwanda. /CIC
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