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«UNE tragédie»... expression utilisée par le président Abdou Diouf (Sénégal) en visite à Paris, pour parler de la mort des chefs d'Etat burundais et rwandais. «Il faut que les consciences se réveillent et que les moeurs africaines soient plus civilisées. Il faut qu'on essaie de régler les problèmes de façon pacifique dans le respect mutuel et la tolérance».
Federico Mayor, directeur général de l'UNESCO, a exprimé «sa consternation et sa profonde tristesse» après la mort des deux présidents, «survenue au retour d'un sommet régional consacré à la recherche de la paix dans leurs pays éprouvés par de terribles conflits interethniques». Continuant à parler d'un «accident», il a formulé «le voeu que cette tragédie interpelle les consciences».
Le Conseil de sécurité de l'ONU a demandé jeudi aux forces militaires et paramilitaires au Rwanda de mettre fin à la violence qui a été déclenchée à Kigali: «Il y a eu un nombre considérable de pertes de vies humaines, y compris la mort des chefs de gouvernement, beaucoup de victimes civiles et au moins dix soldats de la paix belges ont été tués, tandis que plusieurs autres auraient été enlevés»... Le Conseil a demandé aux forces de sécurité rwandaises «de mettre fin à ces attaques» et de prendre les mesures nécessaires «pour garantir la sécurité dans tout le pays, et particulièrement à Kigali et dans la zone démilitarisée». Enfin, le Conseil a exigé «la restauration du libre accès à l'aéroport de Kigali, afin de permettre à tous ceux qui le souhaitent d'entrer ou de quitter le pays», et a appelé «tous les Rwandais (et) toutes les factions à s'abstenir de perpétrer d'autres actes ou menaces de violence et à rester sur les positions qu'ils occupaient» avant le début de ces sanglants événements.
Cette tonalité se retrouve dans la plupart des déclarations venues des diverses capitales, à une exception près: Paris. Ambassadeur de la France aux Nations unies, Jean-Bernard Mérimée semble ignorer les atrocités commises par la garde présidentielle et les « bizarreries » de son comportement sur l'aéroport de Kigali (empêchant les membres de l'ONU de s'approcher des débris de l'appareil). Il appelle à une «coopération» entre forces armées rwandaises et mission de l'ONU, un terme qui sonne mal après que l'on a eu confirmation de l'assassinat des casques bleus belges. Voici les termes employés par le diplomate: «Nous pensons que le Conseil devrait faire quelque chose pour renforcer la coopération entre la Mission des Nations unies pour l'assistance au Rwanda (MINUAR) et les forces armées du Rwanda.» Puis il ajoutait: «La situation est à peu près sous contrôle (...). Le haut commandement essaye de garder le contrôle des forces armées et, dans une certaine mesure, il parvient à le faire.»
Le rôle de la France, vieille métropole coloniale, est parfois apparu bien équivoque dans toute cette partie de l'Afrique. Ce n'est pas le langage «diplomatique» de M.l'Ambassadeur qui peut contribuer à l'établissement de la clarté dans les relations entre les pays concernés.