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L'avancée des réfugiés en armes, venus d'Ouganda, dans la nuit du dimanche 30 septembre au lundi 1 octobre, aurait été contenue, ont annoncé mercredi 3 octobre des sources diplomatiques à Kigali. La ligne de front serait située à 80 kilomètres environ au nord de la capitale, avec laquelle les communications par télex et par téléphone ont été coupées.
La situation était-elle plus sérieuse qu'on ne le dit ? On a appris, en effet, que le Rwanda a demandé une assistance militaire à la Belgique, l'ancienne puissance coloniale, et envisageait de faire une démarche identique auprès de la France. Ayant écourté son séjour aux Etats-Unis, le président Juvénal Habyarimana a brièvement rencontré, mercredi, à Bruxelles, le roi Baudouin, avant de regagner son pays. La Belgique a mis en état d'alerte une escadre d'avions de transport militaires. Selon l'agence Belga, un Hercules C-130, chargé de matériel militaire, a déjà décollé en direction de Kigali et un autre est en attente de départ. M. Mark Eyskens, ministre des affaires étrangères, a indiqué que son pays était « prêt à prendre certaines mesures de précaution » pour assurer la sécurité de ses 1 630 ressortissants qui vivent au Rwanda. Pour ce faire, 200 parachutistes sont prêts à voler à leur secours. L'armée rwandaise, forte de 5 200 hommes, doit faire face à quelque 2 000 rebelles, aguerris par des années de combat au sein de l'Armée nationale de résistance (NRA) de Yoweri Museveni et qui, plus est, qui auraient « emprunté » tout leur matériel aux forces régulières ougandaises. Dirigés par Fred Rwigyema, l'ancien numéro deux de l'état-major ougandais, ces envahisseurs sont pour la plupart, comme leur chef, des réfugiés rwandais d'origine tutsie. Ils cherchent sans doute à évincer les Hutus (90 % de la population) du pouvoir dont ils ont été eux-mêmes chassés en 1959 après des massacres inter-ethniques. A l'en croire, « le commandant Fred » disposerait d'« au moins 7 000 hommes » qu'il tiendrait en réserve, prêts à intervenir pour soutenir la première vague d'assaillants. Des milliers de soldats de la NRA patrouillent, cependant, dans la région de Kakitumba, dans le but apparent d'empêcher d'autres réfugiés rwandais de franchir la frontière. Les militaires ougandais ont aussi reçu l'ordre de repousser les rebelles qui rebrousseraient chemin en cas d'échec.
Radio-Rwanda a appelé les réservistes à rejoindre leurs unités. Les trois quarts de l'armée, dont on dit que le moral n'est pas excellent, auraient été envoyés dans le nord du pays pour contenir l'avance des rebelles. Le couvre-feu est maintenu sur tout le territoire. Des diplomates en poste à Kigali font état d'une vague d'arrestations dans les milieux militaires et politiques. « A titre préventif. »