Fiche du document numéro 1070

Num
1070
Date
Jeudi 30 juin 1994
Amj
Fichier
Taille
5725
Pages
2
Titre
Première évacuation de Tutsis par la France
Mot-clé
Source
Type
Dépêche d'agence
Langue
Citation
PREMIÈRE ÉVACUATION DE TUTSIS PAR LA FRANCE.
reutfr0020011106dq6u00y0l
635 Mots
30 Juin 1994
15:54 GMT
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Français
(c) Reuters Limited 1994.

GOMA (ZAIRE), 30 juin, Reuter - Les soldats français ont évacué jeudi par
hélicoptère vers la base française de Goma 74 Tutsis blessés par des miliciens
hutus dans la région de Bisesero, dans le sud-ouest du Rwanda, a annoncé un
porte-parole militaire.

C'est la première évacuation de blessés depuis le début de l'opération
"Turquoise" destinée à protéger les civils des massacres qui ont fait plus de
500.000 morts.

"Les Interhamwe (miliciens hutus) m'ont frappé avec une machette. Ils ont tué
ma soeur il y a deux jours", confie un adolescent qui attend, assis sur une
civière à l'aéroport de Goma, d'être emmené dans un hôpital militaire.

Les blessés font partie de quelque 200 Tutsis menacés par des guerriers hutus
et que les soldats français ont pris sous leur protection dans la région de
Bisesero à 26 km au sud de Kiubuye, a expliqué un porte-parole militaire.

Le général Jean-Claude Lafourcade, commandant de l'opération "Turquoise" a
déclaré aux journalistes qu'une unité de soldats français resterait à Bisesero
pour protéger les réfugiés Tutsis. "Hutus et Tutsis viennent dans la région
dans un triste état mental et physique.

Les deux communautés ont beaucoup de peine à vivre ensemble. Les réfugiés
tutsis espère que le Front patriotique rwandais viendra les sauver", a-t-il
poursuivi.

Le général a ajouté qu'il était presque certain que des combattants tutsis sont
en train de s'infiltrer dans la région pour fournir des armes aux Tutsis.

"J'espère que le FPR ne viendra pas et ne fera pas empirer la situation",
a-t-il souhaité.

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Renforts malawites
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Le général Lafourcade a donné l'assurance jeudi au commandant des forces de
l'Onu que les troupes françaises se tiendraient à l'écart des combats afin de
ne pas provoquer de représailles contre les forces de l'Onu présentes à Kigali.

Le général canadien Romeo Dallaire commandant de la Minuar a demandé aux
Français de ne pas trop avancer vers l'est où se trouvent les lignes de front
pour éviter tout conflit avec le FPR. La force de la Minuar cantonnée dans
l'est de Kigali contrôlé par les rebelles ne compte plus que 450 hommes.

En attendant que l'Onu réunisse une force de 5.500 hommes, la France a décidé
avec l'appui de l'Onu, d'envoyer 2.500 hommes dont la mission est exclusivement
humanitaire.

Le président du Malawi, Bakili Muluzi, a annoncé jeudi l'envoi de 100 à 200
soldats pour participer à la force de maintien de la paix de l'Onu.

A Kigali, trois personnes sont mortes et sept autres ont été blessées par des
tirs de mortier tirés par les rebelles près du marché central de Kigali. "Ces
deux derniers jours a régné un calme inhabituel. Nous n'avons eu que 50 blessés
par jour", commente un chirurgien de l'hôpital de la Croix rouge. "Aujourd'hui
on pourrait bien dépasser la centaine de blessés".

Les organisations humanitaires estiment à 500.000 le nombre de personnes tuées
depuis le début des massacres.

Le rapporteur spécial de l'Onu, chargé d'enquêter sur les exactions, a remis
jeudi un rapport préliminaire dans lequel il réclame la création d'un tribunal
international pour juger les responsables des atrocités dans ce pays.

Dans son rapport, il fait état de massacres "commis dans les zones sous
contrôle des forces armées rwandaises, surtout par les milices des partis
politiques Mouvement républicain national du développement (MRND) et Coalition
pour la défense de la République (CDR)".

Il souligne que ces massacres "qui ont coûté la vie à des centaines de milliers
de personnes, aussi bien des Tutsis que des Hutus considérés comme modérés",
semblent "avoir été programmés et préparés". /CDQ

(c) Reuters Limited 1994
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